Dimanche 22 Mai 01h17 Chaud et humide Déconnecté
Sao Paulo

Bonjour,

Plus de 10 jours depuis le dernier billet ! Bon, on a des circonstances atténuantes …

Dans notre dernier billet, nous étions de retour à Belèm après une étape dans le Marahanao, et nous avions 5 jours avant le prochain avion, direction Manaus. Pour occuper ces 5 jours voulions aller à l’Ile de Marajo, à quelques heures en bateau de Belèm.

Ayant abandonné toute idée de tenir notre budget au Brésil (merci à la chute de l’euro qui nous a fait perdre près de 400 euros), nous avons quitté l’auberge de jeunesse dans laquelle nous étions pour l’hôtel juste en face, plus cher mais tellement plus confortable ! Bonne connexion internet (filaire) en plus, pour nous gâter, après tant de temps sans.

Nous devions y passer 2 nuits, avant de prendre le ferry du jeudi matin pour l’île de Marajo. Et puis finalement, l’idée de rebouger les sacs, de reprendre un ferry, puis un bus, pour voir des buffles (et des moustiques) et des plages (boueuses) nous a paru moins séduisante que de passer 5 jours tranquilles à Belèm, avec une bonne chambre, internet et CNN, surtout qu’on avait pleins de chose à préparer pour Manaus et Lima. Et puis, il y a pleins de choses à faire à Belèm, que nous n’avons pas pu faire lors de notre premier passage.

Résultat : on a réussi à se forcer à sortir pour visiter la Mangal das Garças, juste avant la pluie. Intéressant, mais sans plus.

On a trouvé notre routine : le buffet du midi et le resto qui paye pas de mine le soir, avec un jour un extra à l’Estaçao des Docks.

Et puis, internet, CNN, toutes les chaînes proposant des programmes en anglais, et TV Globo !

Bref, nous sommes repartis lundi 17 pour Manaus, avec des contacts pour un trek dans la jungle, et pas mal de recherches sur le sujet. Manaus est une ville au plus profond de la jungle amazonienne, sur les rives du Rio Negro, quelques km avant sa rencontre avec le Rio Solimoes, l’ensemble des 2 fleuves formant par la suite l’Amazone. La ville est accessible par voie fluviale (c’est le plus grand port d’Amazonie), et par voie aérienne (il y a bien une route, la transamazonienne, mais elle est limitée).

Beaucoup de gens arrivent à Manaus par bateau, depuis Belèm ou Iquitos au Pérou, suivant un voyage épique. Ce n’est donc pas ce que nous avons fait, nous sommes partis en avion. La vue du fleuve Amazone depuis l’avion (ou quelque soit son nom au moment où on le survole, d’ailleurs on pense qu’il s’agissait de l’Amazone) vaut la dépense. On voit aussi très bien les ravages faits sur la rive du fleuve, où il n’y a plus de forêt, mais des rectangles de champs.

Nous avions lu les avertissements partout, que ce soit dans les guides ou sur internet : le marché du trek dans la jungle est très juteux, et des gens vous abordent dès l’aéroport pour essayer de vous vendre des tours, à vos risques et périls (quoi de plus tentant qu’un tour dans la forêt avec un guide qui ne s’y connaît pas ?), et il ne faut pas héler de taxi (certains enlèvent et dépouillent les touristes). Conscients d’être une proie (je ne parle pas des araignées), sitôt arrivés à Manaus, on se précipite à l’Office du Tourisme de l’aéroport, afin de se renseigner si l’hôtel que nous avions choisi avait des chambres libres (oui - et on a eu une réduction sans rien demander, 69 au lieu de 90 réals), quels sont les taxis (ils sont noirs), et si la compagnie choisie pour le trek dans la jungle était certifiée (c’est le cas - bon elle était dans le Lonely, mais elle a peut-être perdu sa certification entre temps). Un type essaie de nous aborder à l’aéroport, mais nous étions suffisamment avertis, et nous l’avons scrupuleusement ignoré. On monte dans un taxi (noir), le type de l’aéroport a eu le temps de capter que nous étions français et notre chauffeur lui a donné le nom de notre hôtel (tous complices). On arrive finalement à l’hôtel après beaucoup de trajet, mais sans être dépouillés (ouf). Un type nous aborde en français pour nous proposer un tour, François comprend que c’est un complice de celui de l’aéroport, nous l’ignorons de même, mais ça ne le vexe pas, il s’installe dans le hall de l’hôtel pour nous attendre. On monte dans notre chambre, elle est … pas terrible, mais tout le monde est formel : les hôtels à Manaus sont trop chers pour la qualité offerte. Enfin, elle a le cable, avec TV5 Monde, ce qui nous permettra de regarder “Des racines et des ailes” et même “Escapades gourmandes” (il est fan).

Bon, c’est juste pour une nuit, car nous sommes décidés à partir dans la jungle dès demain. On hésitait entre un tour de 3 jours - 4 nuits ou 2 jours - 3 nuits, car on voulait quand même passer une petite journée à Manaus. On sort de l’hôtel pour aller chez Gero Amazon Turs (l’agence avec qui j’avais pris contact), surprise, notre ami insistant est toujours là. Bon, heureusement, il ne nous suit pas trop longtemps. On a le temps de décliner 2 autres propositions (en 30m) avant d’arriver à l’agence. Quelques négociations plus tard, nous réservons notre trek pour 2 jours avec une option pour le 3ème, on peut payer la note plus tard. Comme il s’agit de notre première expérience dans la jungle, on a choisi la formule classique touriste, et si ça nous plaît on reviendra plus tard. On rentre à l’hôtel, et là, la phrase “We’ve already booked” fonctionne mieux que tout autre subterfuge pour décourager les pseudo-guides insistants.

On a le temps dans la soirée de voir le Théâtre de Manaus, dont les alentours sont le seul endroit réputé sûr de la ville. Ca tombe bien, on est à côté. Puis on prépare nos affaires, décidés à voyager léger (on nous garde nos bagages).

Le lendemain, nous sommes prêts, et attendons le bus à 8h précises. Il sera en retard. Le minibus s’arrête pour chercher des gens, ce qui fera que notre groupe sera de 8 au total. Ca va, c’est pas trop. 2 canadiens, 2 américains, 1 brésilienne (qui ne parle que brésilien, en couple avec un des américains), et 1 chinois parfaitement bilingue, on sera les 2 seuls à ramer en anglais.

Le trajet jusqu’au lodge est assez long : un peu de bus pour nous accompagner au port, un bateau pour traverser les fleuves, un tour en voiture sur la transaméricaine et finalement un tour sur un autre bateau pour aller jusqu’au lodge, le tout dure 4 heures.

Le petit tour en voiture nous présente un peu la ville : il a un grand programme de rénovation entamé pour la Coupe du Monde, dont certains match auront lieu à Manaus.

Le premier bateau s’arrête pour ce qui doit être un grand moment, la Rencontre des fleuves. Les 2 fleuves, le Rio Negro et le Rio Solimoes, n’ont pas la même densité, température, composition, vitesse, … et lorsqu’ils se rencontrent, ne se mélangent pas immédiatement, et coulent côte à côte pendant plusieurs kilomètres. Ceci donne 2 eaux de couleur différente, dans laquelle on peut mettre sa main. Je l’ai fait, alors que je ne sais pas ce qui traîne dans ce fleuve, et que je suis persuadée de la présence d’espèces dangereuses prêtes à mordre/infecter/manger/détruire par pure méchanceté (rayer la mention inutile) ma pauvre main. Ce voyage sera l’occasion de me confronter à mes plus grandes peurs. Bon, pour en revenir à la Rencontre des Fleuves, le type de l’agence nous avait promis un grand moment, limite transcendant, et euh …. voilà quoi. C’est de l’eau (plutôt beurk) dont une partie est beigeâtre et l’autre est noirâtre.

On arrive enfin au second port, on fait des courses dans une petite boutique, on continue sur une route goudronnée (mais totalement inondée à la fin de la saison des pluies, soit dans un mois), et on arrive au second bateau (une barque fragile à mes yeux).

Puis au lodge, à 12h, on choisit nos lits, et on va manger. On s’est décidés pour le dortoir, pour économiser.

Première activité : tour en canoë pour découvrir la région et la faune, si possible voir des dauphins roses et nager avec eux. Là, on commence ce qui va être notre activité pendant les prochains jours, essayer de voir des animaux. Extrait de conversation typique : (G=guide, T=touristes américains ou canadiens extasiés, E=Eva, F=François qui jongle avec les objectifs, le doigt sur le déclencheur de l’appareil).
- G: “regardez là-haut, un singe !”
- T: “où cà ?”
- G: “derrière l’arbre, en haut !”
- T: “Mais quel arbre ?”
- G: “cet arbre-là !”
- E: “??? tu vois quelque chose toi ?”
- F: “non et toi ?”
- E: “rien”
- F: “ah si ça bouge là ! ah non.”
- E: “mais de quel arbre il parle ? il y a pleins, on est entouré d’arbres.”
- F: “aucune idée”
- E: “j’ai mal à la nuque”
- F: “bon on va dire qu’on a vu le singe”
- E: “non, je veux voir un singe”
- F: “clic clic” (prend des photos au hasard pour jouer à “Où est le singe” plus tard)
- T: “oh my god A MONKEY, it’s awsome !!!!!!!!!!!!!!!”
- E: “AAHHH arrêtez de bouger le bateau tangue on va tous tomber dans cette eau noire répugnante et mourir !!!” (juste un petit cri en vrai)
- F: “LA !”
- E: “où ? mais quel arbre ? j’vois rien”
- F: “ù$^ù d’autofocus qui fait le point sur autre chose”
- E: “mais quel arbre ? j’vois rien”
- F: “LA ! cet arbre.”
- E: “… … … en même temps, c’est pas grave, des singes, il y en a pleins au zoo.”
- T: “snif, a monkey, the best day in my life for ever OH MY GOD A SECOND MONKEY”.
- E: “quoi ? la minuscule tâche noire qui bouge derrière des feuilles tout en haut de l’arbre à 50m de hauteur ? MAIS ARRETEZ DE BOUGER JE VOUS DIS QU’ON VA TOUS MOURIR”
- F: “clic clic. Relativise, on ne va pas tomber à l’eau, ils connaissent leur boulot. clic clic clic. £%µ*ù$ d’autofocus.”.

En vrai, on a vu des singes (de loin), quelques oiseaux, des dauphins (de très loin, ceux-là ne sont pas joueurs), et surtout un paresseux. Pour la découverte du paresseux, voir le dialogue plus haut en remplaçant singe par paresseux. Mais là, il y a eu du changement. Comme notre guide voulait absolument nous montrer où était le paresseux, il est monté à l’arbre, et a taquiné le paresseux (en fait une maman paresseux avec un bébé paresseux accroché paresseusement). Je ne voyais rien, il était pile poil derrière des feuilles. Du coup, le paresseux, en essayant de fuir, est tombé de 30m directement dans l’eau. Tout le monde était inquiet, heureusement elle s’est mise à nager. Là, notre second guide s’est précipité pour l’attraper (ça avait l’air facile, encore fallait-il vouloir mettre une phalange dans cette eau), et on a pu profiter de près d’un paresseux mouillé (animal au regard très sympathique).

Après, le guide nous a expliqué que leur seul prédateur étant les aigles, leur technique de défense consiste à se laisser tomber puis à nager, en fait le paresseux et son bébé ne courrait aucun risque. En attendant, je me suis méfiée trop tard de la tombée du soir et ai récolté mes premières piqûres des moustiques (rappel : nous sommes dans une zone infestée de paludisme de type 2 et 3, le 3ème étant mortel, profitez de cette chronique qui sera peut-être mon testament).

Sur ce moment plein d’émotion, on a pu rentrer au lodge, se préparer pour le repas et notre première nuit dans la jungle. A 18h, il fait nuit noir, et on a pu voir le coucher de soleil sur l’eau. Vraiment superbe. A 19h, on mange. A 20h, on sort pour le moment palpitant : la découverte des caïmans, tout proche du lodge. Anti moustique de rigueur, pour la première fois le guide vérifie l’équilibre du bateau et nous place (quand je vous disais qu’il y a un risque). Il faut dire qu’un groupe de touristes qui tombent dans une eau infestée de caïmans de 3m, ça peut leur poser quelques problèmes.

Là, on est sensé regarder attentivement pendant qu’il éclaire les flots à la lampe torche pour voir les yeux des crocodiles. Pour ne pas changer, on n’a rien vu. Rapidement, il voit la queue d’un petit caïman crocodile à la surface de l’eau, plonge la main et attrape la bête avec dextérité, et nous montre fièrement sa proie : environ 1m, l’air blasé, et les machoires solidement bloquées.

Il nous fait l’étude du caïmain, et nous montre ses dents. A cet âge-là, il n’est pas mortel pour l’homme, sauf le risque d’infections, car il mange toutes sortes de choses venimeuses (mygales, grenouilles) et ses dents sont bien imprégnées. Il nous montre aussi sa cicatrice causée par un caïman de 3m, alors qu’il cherchait des crocodiles avec les gens du National Geographic. J’ai refusé la photo avec le caïman, pas par peur, mais il était hors de question que je bouge dans la barque, trop dangereux.

Il devait être pressé de se coucher, car on rentre dans la foulée. A 21h on se couche (après avoir essayé de suivre une conversation américano-américaine) sous la moustiquaire (trouée). Du coup, il est tôt, et on a un peu de mal à s’endormir, car la nature c’est très bruyant, un peu comme si on tentait de dormir dans un buisson rempli de grillons et de batraciens.

Bon, on dort quand même bien, jusqu’au matin 6h45, car il fait bien jour. Effarée, je me rends compte que j’ai dormi sous la moustiquaire avec un moustique, qui avait bien piqué quelqu’un (sans doute moi).

Après le petit déj, on commence l’activité du second jour : la balade dans la jungle, en suivant un sentier de randonnée qui démarre derrière le lodge. Suivant les conseils donnés à l’hôpital où nous avons fait nos vaccins, j’ai mis un tee-shirt avec des manches longues (surtout parce que je déteste être touchée par des feuilles, on ne sait jamais ce qu’elles cachent), et de l’anti-moustique sur le peu de peau nue, et François va plus loin puisqu’il décide de garder sa parka.

Au bout de quelques minutes de marche, on voit une peau de serpent : d’après le guide, une vipère mortelle. Bon à savoir : si vous êtes mordu par un serpent, il faut tuer le serpent et l’emporter avec vous afin qu’il puisse être identifié. Si le médecin ne sait pas ce qui vous a piqué, il ne peut pas vous donner l’antidote correspondant, et il n’y a plus rien à faire pour vous (à mon avis, il fait quand même des essais, ça m’étonnerait qu’il vous tape sur l’épaule en disant “ça c”est ballot”, sauf à tomber sur le docteur Johnson). Notre guide s’est déjà fait mordre, il a sué du sang, ils ont mis 8h à le rapatrier à l’hôpital de Manaus, où il est resté une semaine.

On continue notre progression, on commence à avoir chaud, les moustiques nous tournent autour. Ah ah, avec mes manches longues, je vous ai bien eus ! Hein François ! Comment ça tu perds des litres d’eau par seconde ? ah c’est sûr qu’avec ta parka tu as chaud …

Pendant ce temps, nos 2 guides nous expliquent des choses pas du tout en simultané et de façon totalement désorganisée, il va falloir se décider à en suivre un.

L’un deux fait sortir une araignée. La méthode : trouver un trou dans le sol, en taquiner le fond avec une petite branche (50 cm environ), et voir si une araignée répond. Si oui, continuer jusqu’à ce qu’elle sorte se défendre, lui bloquer l’entrée de son trou à l’aide de sa machette. Je présume qu’il faut se tenir prêt au cas où, pour fuir, elle file vers le pauvre groupe de touristes, surtout vers la petite apeurée qui est prête à hurler. Une fois qu’ils ont pris la photo (“A SPIDER ! AMAZING !”), la laisser retourner dans son trou, et expliquer en quoi elle aurait pu vous tuer. Bon, en réalité, celle-ci n’était pas mortelle, elle fait juste très mal.

Plus tard, il a fait sortir une vraie mygale (tarentule), et là, il l’a laissée mordre dans la brindille avant de l’attraper sur les côtés. Il a la technique.

Durant la ballade, on aura aussi droit à la grenouille, qu’il attrape aisément, une non-venimeuse, à l’arbre creux, qui servait aux autochtones à communiquer avant les portables, à l’arbre qu’il faut couper pour avoir de l’eau (je l’ai goutée, fraîche avec un petit goût d’eau de coco, pas mauvais, suis incapable de me rappeler de l’arbre), de l’arbre dont les glands sont facilement habités par une larve mangeable (un américain et le canadien ont gouté, aucune chance que je teste ça), l’arbre dont les feuilles contiennent de la quinine (c’est très très amer), à celui dont l’écorce sent bon, etc. On n’a pas vu beaucoup d’animaux, et la toute première partie du dialogue (“En haut de cet arbre !” “Mais quel arbre ? on est dans une forêt !!!!!!”) commence à nous porter sur les nerfs.

A un moment de la ballade, je me suis rendue compte que certains des moustiques qui se posaient sur mon tee-shirt arrivaient à piquer au travers !!!!! Toutes mes précautions pour rien !!! Et François, alias l’Homme-Eau ? Il était capable de faire couler des gouttes d’eau par sa manche, était bien protégé et s’est fait piquer sur la joue.

Après ça, retour (il paraît que j’ai failli marcher sur une petite mygale), long et difficile (c’est à ce moment-là que François s’est retourné vers moi et me dit : “on ne reste pas 4 jours, j’en ai marre” Moi : “vivement qu’on retrouve du macadam”), puis douche aux moustiques, repos, repas, attente (sieste dans la chaleur de la chambre, car rien d’autre à faire), et départ vers l’activité de l’après-midi : la pêche aux piranhas. L’inconvénient des tours organisés, c’est ce genre d’activité …

Donc, on repart en canoé vers les zones de pêches, en essayant au passage de voir des animaux. Moi, je n’essaie quasiment plus, je préfère surveiller attentivement les plantes ou les arbres pour voir quelle bestiole abominable va me sauter dessus (une blatte YYEEEEUURKKK une araignée AAAAAAAAAAAAHHHHHHHH), ou le niveau d’eau au fond du canoé, faut bien que quelqu’un s’en préoccupe. On réussit quand même à voir 2 sortes de singes tout en haut dans les arbres.

Bon, je vous le fais court : pour pêcher un piranha, il faut mettre un bout de viande qui pue au bout d’un hameçon artisanal (mais non rouillé), jeter la ligne dans l’eau en essayant d’avoir quelque chose, et en tentant d’oublier que chaque fois que quelqu’un jette sa ligne dans l’eau le bateau tangue dangereusement.

Le guide se lance, rien, l’après-midi va être longue. Au bout de plusieurs minutes, enfin, un piranha mord. Là, il nous fait la démonstration du piranaha, enfin, surtout de ses dents (menaçantes). Il approche une feuille, et le poisson a immédiatement le réflexe de mordre, ce qui coupe la feuille instantanément : mieux vaut ne pas mettre le doigt. Ensuite, il nous donne la phrase du jour : un piranha, il faut le mordre avant qu’il ne vous morde. Sur ce, il mord le poisson au-dessus des yeux, très fort, ce qui doit écraser son cerveau, ou quelque chose dans le genre, et le poisson meurt sur le coup, les yeux écarquillés. BEURK.

A notre tour de pêcher : je ne compte pas une seconde toucher la viande et l’enfoncer sur l’hameçon, dois-je ? ah non, le guide le fait pour nous, ouf. On lance la ligne, on attend, rien. On relève, il n’y a bien rien. Sauf la brésilienne (très douée), qui pêche 2 poissons de suite, mieux que le guide. J’essaie de relever la ligne, elle ne veut pas. Aurais-je réussi ??? ah non, raté, je l’ai bloquée dans les racines. François aussi le fera un peu plus tard (mais je crois bien qu’on sera les seuls).

Comme rien ne mord, on change d’endroit. Les autres commencent à prendre des poissons. Je sens quelque chose, je remonte ma ligne : pas de poisson, et plus de morceau de viande. Les autres me passent le gobelet de viande, le guide n’a pas l’air de me venir en aide, je regarde François qui n’est pas tenté non. Ah je dois le faire moi-même ? Bon, ne pas vomir, attraper la viande qui pue, je ne sais pas de quand elle date, mais elle pue, l’enfiler sur l’hameçon, jeter sa ligne à l’eau, regarder ses mains pleines de viande (qui pue), et hésiter : les laver dans l’eau noire, répugnante, pleine de choses mortelles ou garder ses mains sales ? Bon, on va les laver alors.

Au final, je me ferai voler 6 morceaux de viande sans pêcher un seul poisson, François a peu près autant, alors on abandonne. Les autres auront tous leur piranha (OH MY GOD I’VE GOT ONE IT SO AWSOME), on peut dire que la France a été éliminée.

On rentre (se laver les mains avant toute autre chose), on dîne, on se couche (20h30, que faire d’autre ???), on essaie de dormir avant le réveil de 4h45 pour le lever du soleil sur le lac. Raté, 5h15, juste à temps pour le rendez-vous de 5h30. Heureusement qu’on était là, on a réveillé les 2 autres du dortoir.

Après le petit déjeuner, dernière activité (en tout cas pour nous) : aller voir comment vivent les habitants ici (car oui, des gens y vivent). Et bien, ça doit pas être facile tous les jours, mais ils ont l’air contents, c’est le principal, ils ne veulent pas aller vivre en ville. Ils arrêtent l’école à 12 ans, se marient et fondent des familles très tôt (moins de 18 ans), et vivent de la pêche, de la nature, et d’un peu d’argent versé par le gouvernement, ne vont à l’hôpital que quand ça va très mal et préfèrent les remèdes naturels.

Après ça, dernier déjeuner, et on prépare pour le retour (genre, on était les premiers sur le ponton), et retour à Manaus. Après moult hésitations, on se décide à retourner à notre hôtel, seulement pour 2 nuits, on va faire un effort.

Derniers jours au Brésil : on profite un peu d’internet, on fait les boutiques, on visite un peu Manaus, la cathédrale et le port d’où partent et arrivent les bateaux de Belèm et vers le Pérou, on se fait suivre par un type (il croyait qu’on n’allait pas le voir et certainement nous agresser plus loin, mais c’est sans compter sur François, alias Le Guetteur, qui a utilisé le subterfuge “Rentrons rapidement dans une boutique”, ce qui a marché), on visite le théâtre et on boit nos derniers jus de fruits brésiliens (et Skol et Caïpirinha).

Samedi, on part, arrivée à Sao Paulo à 20h30, et notre avion pour Lima décolle à 8h30. On comptait attendre au salon VIP (gros fauteuils, internet toute la nuit, boissons à volonté), sauf que ceux de Sao Paulo ferment à 23h. Du coup, on a passé une nuit blanche devant les écrans, à patienter … heureusement qu’on est patient.

Ceci clôt notre boucle du Brésil, c’est parti pour changer totalement d’univers et d’ambiance au Pérou. Adieu le portuguais, on retrouve l’espagnol avec plaisir (parce que le portugagnol, ça va un moment).

Pour nos prochaines aventures au Pérou, nous aurons le plaisir d’accueillir une invitée surprise !

Faut qu’on arrête les billets trop longs, nous.

A bientôt !