Samedi 16 Octobre 20h03 Ca mouille Au revoir les amis
Jakarta

Bonjour à tous,

Pour ceux qui croient que nous sommes toujours en Indonésie, voire qui s’inquiètent à l’idée que nous soyons sur les îles touchées par le tsunami, ou pris dans une éruption du volcan Merapi : désolés de vous décevoir, mais le blog n’est pas vraiment à jour, on peut même parler de retard abyssal. Encore une fois, les catastrophes arrivent avant ou après notre passage, espérons que ça dure (ou qu’il n’y ait pas de catastrophes du tout même). Essayez de nous suivre sur Facebook, c’est un peu plus à jour.

Pour ne pas changer nos habitudes, notre dernier billet se terminait dans un aéroport, sur le point de monter dans un avion à destination de Jakarta. Premier vol avec Air Asia, nous l’avions réservé 5 jours auparavant sur leur site, et le tarif du billet par personne était très honnête : 1 353 000 roupiah pour les 2, soit un peu plus de 100 euros. Par contre, méfiez-vous du tarif promis au départ : à celui-ci il faut ajouter les bagages, et son siège ! Oui, 6 euros pour un siège normal, et plus si vous choisissez un siège confort ! Ca surprend.

Arrivés dans l’avion, on est surpris de le trouver plein de fumée. Nous sommes prêts à reprendre nos affaires, et à filer dans la seconde. Les hôtesses nous rassurent, c’est normal, c’est la clim. Ah bon ?

Le vol se passe finalement bien, et est très rapide : 1h35 seulement. A la sortie de l’aéroport, nous ignorons les taxis qui nous interpellent (“Jalan Jaksa ? 150 000”), pour aller vers le stand des taxis proprement dits : une personne note notre destination, nous attribue un taxi en nous disant quel numéro contacter en cas de problème. Ca rassure tout de suite. Au final, on s’en tire pour beaucoup moins cher qu’avec les taxis non officiels, tout compris on en a pour 100 000 roupiah. Encore une arnaque d’évitée. Bon, nous aurions aussi pu prendre la navette, puis le bus officiel, puis marcher jusqu’à Jalan Jaksa (la rue des touristes), mais avec les bagages, c’est pas plus mal d’éviter ça, même si François gambade maintenant comme un chamois : son sac à dos fait 20kg, le mien 14kg, le sac bleu à destination de Paris 7, et les petits sacs à l’avant entre 7 et 8 chacun. C’est trop, on ne comprend pas ce qui se passe.

Direction l’hôtel Istana Ratu. Notre mission est difficile : trouver un hôtel pour 2 ou 3 nuits, qui soit plutôt bien pour nos invités surprises mystérieux, et en plein décalage horaire car venus de Paris après 16 heures d’escale à Jeddah. Quand je dis “invités surprises mystérieux”, je veux dire par là que nous en connaissons bien un depuis de longues années et que sa venue n’est pas une surprise, puisqu’il s’agit de notre ami Yannick, mais que nous ne connaissons pas du tout son invitée à lui, Laurence. Alors, nous avions un peu de stress, imaginez, passer 15 jours de vacances avec une totale inconnue, en voyage, avec la fatigue et le manque de confort que cela occasionne, alors que même avec quelqu’un qu’on connaît depuis longtemps, voire quelqu’un avec qui on vit, c’est … euh … parfois difficile.

Nous arrivons donc à l’hôtel. On a le choix entre standard, qui n’a pas de fenêtre et sent très fort l’humidité, ou deluxe, plus cher, mais qui sent moins l’humidité et qui a une fenêtre. On prend deluxe. La chambre est correcte, sans plus, avec des grosses traces d’humidité, mais elle est grande et climatisée, ça ira pour se remettre d’un décalage horaire. C’est la catégorie “moyenne” du Lonely Planet, pourtant d’édition très récente, et selon eux l’hôtel est quasi neuf. ??? A croire que les matériaux utilisés et la construction sont de mauvaise qualité. Ajoutez à tout ça que la chambre sent aussi le tabac …

On profite de notre journée seuls à Jakarta pour essayer de trouver l’Office du Tourisme, ouvert, d’après le Lonely, tous les jours, toute la journée. On l’a trouvé au fond d’une galerie commerciale, mais il était fermé, sans horaires indiqués sur la porte. Tant pis, on réessaiera avec nos invités. En attendant, on va se reposer à l’hôtel. Quand on leur demande s’ils ont du wifi, ils nous répondent “oui, mais aujourd’hui il ne marche pas, il faut essayer demain”. A d’autres.

Le soir, nous essayons de dormir, mais là, nous subissons l’effet “Jalan Jaksa” : le samedi soir, c’est musique toute la nuit dans les bars, impossible de dormir avant 2h du matin. Malgré notre mauvaise nuit, nous nous levons tôt pour aller chercher nos invités, essayons le petit déjeuner ultra-décevant de l’hôtel : mais où sont nos pancakes à la banane ? Nous avions pris l’habitude, depuis 2 semaines que nous sommes en Indonésie ! Ensuite, on décide d’aller à l’aéroport en bus, moins cher que le taxi. La réceptionniste de l’hôtel nous a juste dit “à gauche”, alors que je lui montrais mon plan pour qu’elle nous indique où c’était. Décidemment, on peut ajouter les réceptionnistes antipathiques à la liste de nos griefs envers l’hôtel. Quand en plus je lui parle de la musique toute la nuit, elle me répond “ennuyeux, non ?” et c’est tout. Retenez-moi, je vais la frapper.

Evidemment, la station n’était pas “à gauche”, mais beaucoup plus loin, il nous a fallu demander, traverser une quasi autoroute (habitude à prendre à Jakarta) et passer par un petit chemin pour trouver la station, à 15 bonnes minutes de marche. Après cela, on trouve le bus, assez facilement, et on arrive à l’aéroport très en avance. Eux sortent plutôt en retard. C’est ainsi que nous faisons connaissance de Laurence. Eux ne sont pas trop fatigués malgré les heures d’avion, mais Yannick a un petit problème à l’oreille à cause de la pressurisation, de la climatisation et d’un rhume persistant.

Après une bonne douche (pour eux, nous on n’a pas passé plus de 24h dans les avions), nous cherchons un endroit où déjeuner, puis essayons d’aller à l’Office du Tourisme : fermé. On a le temps de se balader un peu dans le quartier, d’aller jusqu’au Monument National, avant de se prendre l’averse du siècle sur la tête. Yannick et Laurence, prévoyants, ont leur cape de pluie, et pas nous, alors le temps de rentrer à l’hôtel (20 minutes) on finit trempés à tordre. Nos chaussures mettront 2 jours à sécher … La chambre aussi, quand il pleut ça dégouline sur les murs (le fameux effet Chaillot).

Comme ça se calme, on peut quand même sortir le soir, et aller visiter d’autres hôtels. A savoir, les petits budgets sur Jakarta veulent dire “on a mis des lits dans les placards et on les loue à des prix exhorbitants”, avec en petits caractères “et à ce prix-là ne croyez pas qu’on fasse le ménage régulièrement”. On comprend mieux pourquoi l’Istana Ratu est conseillé. Finalement, on visite l’hôtel Margot : d’après des forums internet, pour la différence de prix il vaut mieux loger à l’Istana Ratu. On n’est pas d’accord du tout : quitte à avoir une chambre pas terrible, autant la payer moins cher. Déménagement prévu le lendemain.

Le soir, nous profitons d’un moment que j’avais oublié : l’apéro. Autour d’une bouteille de riesling amenée gentiment par nos invités (et ce n’est pas leur seul cadeau), et de cacahouètes indonésiennes, nous fêtons leur arrivée … Après tout ça, au lit tôt, tout le monde est fatigué ! Et joie, pas de musique !

On se réveille le lendemain pour le petit déjeuner toujours aussi décevant, puis on change d’hôtel. Une fois que nous nous sommes installés, nous partons à l’Office du tourisme : fermé. Nous nous décidons pour l’étape suivante : Pandangaran. Pour cela, on a le choix entre un bus qui part très tôt, une voiture privée à un prix exhorbitant, et un train jusqu’à Bandung, à nous de nous y débrouiller pour trouver le bus. On choisit le train.

L’après-midi, nous retournons au Monument National, pour le visiter. Raté, c’est fermé le lundi. On continue ensuite jusqu’au Musée National, raté, c’est fermé le lundi. Dans notre foulée, on va jusqu’à la Mosquée. Ouverte ! On fait un tour guidé (je ne crois pas qu’on aurait eu le droit de rentrer sans).

Le lendemain, après une nuit correcte au Margot (qui lui aussi sent la cigarette, sans doute la faute aux employés qui fument comme des pompiers à la réception sous le panneau “interdit de fumer”), nous partons pour la gare. 1h d’attente (nous n’avons pas perdu l’habitude d’arriver trop tôt), nous montons dans le train, et comprenons à cet instant-là “Bisnis”, qui est en fait la seconde classe, la première étant la classe “Ejecutiv” … Très correct au final, avec des ventilateurs, il ne fait pas trop chaud malgré les sièges en cuir.

Nous arrivons donc à Bandung à l’heure dite (encore une différence avec l’Inde). Comme d’habitude, on refuse le monsieur qui se jette sur nous pour nous proposer un taxi, et gardons les sacs pendant que les messieurs vont chercher de quoi se sustenter. Un homme les aborde alors qu’ils regardent le menu de la boulangerie, pour les aider à choisir, c’est sympa. De notre côté, un homme vient nous parler, et dit qu’il travaille pour l’Office du Tourisme de Bandung, et que si on veut des renseignements, on peut venir le voir. Mouais. Après recoupement, on s’apercevra qu’il s’agit du même homme. Soit il est très sympathique, soit il veut nous vendre quelque chose.

Notre déjeuner avalé, nous sortons chercher un taxi pour nous conduire à la gare routière. Un homme se propose, et nous demande de le suivre … jusqu’à l’office de tourisme, qui est en fait une agence de voyage. Nous retrouvons le si sympathique homme qui nous a abordés. Effectivement, il veut nous vendre quelque chose : il nous propose de nous faire conduire en voiture jusqu’à Pandangaran, 1 000 000 de roupiah. Ou alors, le trajet jusqu’à la gare routière, pour 70 000 roupiah. On va se débrouiller par nous-mêmes, merci.

Nous sortons nous approcher du stand de taxi, le même trajet coûte 150 000 roupiah. ??? Mais c’est du vol ! J’avise un taxi qui dépose quelqu’un, je me jette sous ses roues, lui demande combien c’est pour la gare routière, lui me fait non du doigt, en me pointant quelque chose du doigt. Je me retourne : ce qu’il me montrait du doigt, c’était les autres messieurs de la station de taxis qui lui ont manifestement interdit de nous prendre. La mafia locale, en quelque sorte. Du coup, on s’est rabattu sur notre “bon ami” de l’office du tourisme, et on a pris sa voiture à 70000. Il a essayé de nous convaincre jusqu’au dernier moment que les bus pour Pandangaran partaient en fin d’après-midi, et qu’il fallait prendre sa voiture, mais nous sommes bornés.

Après réflexion, nous nous sommes dit que le chef de la mafia locale, c’était lui. Nous aurions dû sortir de la gare et alpaguer un taxi dans la rue. Tant pis, on s’est fait avoir sur ce coup-là.

Nous arrivons à la gare, on saute dans un bus, qui, évidemment, ne part pas à 17h, mais dans le quart d’heure, juste le temps de faire quelques courses, et de se faire avoir par quasiment tous les marchands ambulants. Heureusement, notre art de la négociation commence à porter ses fruits, nous divisons tous les prix par 2, ça passe. Trop facilement d’ailleurs. Je me retrouve avec des “dodol”, des bonbons indonésiens, et des choses dont j’ai oublié le nom, mais qui se situaient gustativement parlant, entre la perle de coco et le loukoum. Bien après, je me rendrai compte que les paquets que les marchands m’avaient vendus avaient été vidés d’une bonne partie de leur contenu … Bon à savoir pour la prochaine fois.

J’avais compris que le voyage durait 3-4 heures, et m’attendais donc à arriver vers 18h, trop tard pour profiter de la plage, mais assez tôt pour profiter de la soirée. Laurence m’a dit “non, c’est 7h de bus”. Elle avait raison, nous sommes arrivés à plus de 21h sur place, sous une petite pluie fine et dans la nuit complète. Là, le Lonely Planet avait été clair : ne pas prendre de becak pour éviter de tomber dans le piège de la mafia des becaks. En gros, ils vous conduisent à un hôtel, et reviennent empocher 15 000 roupiah par tête. En conséquence, la chambre vous est vendue plus chère.

Tout ça, c’est bien gentil, mais quand on arrive fracassé à 21h, qu’il fait nuit, et qu’il va pleuvoir sous peu, vous prenez le becak. Un peu de négociations plus tard, nous voici dans un becak chacun à cause des bagages. Comme on ne veut malgré tout pas se faire avoir sur l’hôtel, on refuse de répondre à leurs questions, de s’arrêter devant un hôtel précis, et on se fait déposer au Bamboo Café. Nous nous attablons, commandons à boire, et François et moi partons en commando chercher un hôtel. En commando, car postés sur le trottoir d’en face les becaks ne nous quittent pas des yeux et l’un d’eux commence à nous suivre. Sans se cacher en plus, genre de toute façon, on vous aura. On n’a pas du tout apprécié.

Le premier hôtel, conseillé dans le forum et coup du coeur du Lonely Planet, était complet. Enfin, pas vraiment complet, il lui restait une chambre avec des lits jumeaux, il nous la proposait quand même, à 4 vous pouvez la partager, et on verra demain, non, pourquoi non ? Direction le second hôtel, le Komodo, dont j’avais lu du bien. Heureusement, il leur restait des chambres. En fait, on se rendra compte, qu’à part nous il n’y a que 2 autres clients. La chambre est immense et propre, après les taudis de Jakarta, à un prix très modeste, et l’accueil est très agréable.

Après cela, on retourne au Bamboo Café, je reste avec Laurence pendant que ces messieurs font office de porteurs de bagage, et nous sommes accostées par Deny, qui travaille à l’hôtel Bamboo, et qui après avoir essayé de nous vendre une chambre, refait tout notre planning de vacances pour nous convaincre de rester un peu plus, et nous propose diverses excursions. Il est sympathique, mais on verra demain, là on mange et on va se coucher.

Le lendemain, nous nous attablons au petit déjeuner, et commandons avec joie leur pancake à la banane, pendant que le propriétaire, tout sourire, nous propose l’excursion phare, le Green Canyon. Ses photos sont jolies, mais on a trouvé Deny sympathique, alors on ne va pas forcément signer tout de suite. On regarde juste les photos, et on lui dit qu’on verra plus tard. Manifestement, ce n’est pas clair pour lui, car il renvoie un employé avec le bon pour l’excursion rempli, plus qu’à signer et payer. Mais nous avions dit que nous verrions plus tard. L’employé, qui ne comprend pas 3 mots d’anglais (et pas que l’anglais) nous jette un regard perplexe, et nous retend le papier. Non, toujours non, et de moins en moins. Il va voir son patron, lui explique 2-3 choses en nous montrant du doigt. Sur ce, le patron revient nous voir avec son fameux bon. Nous avions dit “later”, mais il ne l’entend pas de cette oreille. On se sépare assez fâchés, nous n’aimons pas les insistants et lui pas les touristes qui n’achètent pas le maximum de choses. En plus, son pancake à la banane est la déception de l’année : une banane entière enveloppée dans une crêpe pas terrible recouverte de sauce chocolat de mauvaise qualité.

Sur ce, nous allons faire une balade au bord de la mer. La plage est superbe, malheureusement totalement interdite à la baignade : les surfeurs locaux s’en donnent à coeur joie.

Nous remontons toute la plage jusqu’au parc national, refusant l’offre de différents pêcheurs qui nous proposent leurs bateaux pour nous emmener jusqu’à Sand Beach, la plage où l’on peut se baigner mais où on ne peut pas aller à pied, le bateau est obligatoire. Les prix démarrent à 50 000 par tête, n’ayant pas envie tout de suite, nous leur disons “later”, mot qui à Pandangaran doit signifier “Sure, immediately please”, car ils n’en démordent pas. Suivant la méthode bien rôdée de Pandangaran, ils nous suivent sur plusieurs centaines de mètres, jusqu’à ce qu’une nouvelle offre se présente à nous, et qu’un suiveur remplace l’autre. On continue ainsi jusqu’à la barrière, sur laquelle nous attendait un spectacle affligeant : des hommes assis sur la barrière essayaient de protéger leurs canettes de bière des singes, qui, manifestement accros, étaient prêts à tout pour boire. Eux ça les faisait bien rire.

A ce niveau-là, prendre un bateau avec un pêcheur revient à 10 000 par tête, entrée au parc nationale incluse. Mais nous irons plus tard, il est midi, et le soleil tape trop fort. Le temps de refaire le chemin en sens inverse jusqu’au Bamboo Café (qui deviendra très vite notre fief), de manger, nous prenons quelques renseignements. En fait, nous ne sommes pas obligés du tout de prendre un bateau, nous avons bien à payer l’entrée du Parc National (6000), et c’est tout ! On peut de là atteindre la fameuse plage en traversant le parc.

Nous nous lançons donc, refaisons à pied les quelques kilomètres jusqu’à l’entrée du parc. Là, les premiers singes nous attendent. Nous payons consciencieusement notre entrée au parc, d’autant plus qu’il y a une assurance médicale incluse dans le ticket, si un singe nous mord : et oui, certains sont enragés. On part sans aucune provision, histoire d’éviter de se faire agresser.

Le chemin est bordé de singes (potentiellement enragés, je répète), qui nous regardent avec attention, prêts à l’action, au cas où l’on sorte une banane de notre poche, ou une Bintang bien fraîche. Raté, que des appareils photos, ah ah, on t’a eu. Il ne faut pas trop jouer à entrer et sortir quelque chose de sa poche, tripoter ses poches, ni son sac à dos, et ne même pas avoir de bouteille d’eau à la main : les singes (enragés, je ne sais pas si j’ai été assez claire à ce sujet) attaquent (alors qu’ils ont la rage !!!). Il ne faut pas non plus les laisser nous toucher, car la rage se transmet par morsure, mais aussi par griffure ou par contact avec la salive. On est renseigné sur le sujet depuis la forêt ds singes d’Ubud.

Après quelques minutes de marche, nous arrivons à la plage. Sable blanc, des arbres pour un peu d’ombre, des singes (enragés) dans les arbres (tant qu’ils restent dans les arbres et nous ne crachent pas dessus) : un bel endroit. Nous nous baignons, profitons des rayons du soleil sous une épaisse couche de crème solaire, bien qu’il soit trop tard pour certains grillés par la balade sans protection et sans chapeau en plein midi … Ensuite, on va revenir garder nos affaires laissées sans surveillance : un singe (enragé ?), l’air de rien, tourne en cercle autour du nous, pour voir si nous avons des choses intéressantes. La consigne dans ce cas-là, c’est de lui jeter des cailloux s’il s’approche trop. Il devait connaître la consigne, car il est resté à une distance raisonnable.

Nous verrons aussi des singes noirs, très hauts dans les arbres (eux, même s’ils sont enragés, c’est pas grave, ils restent loin), ainsi qu’un varan (enragé - ah non, pardon), immense, au moins 1 mètre. Nos cris étonnés le font vite fuir (l’habitude de crier après les animaux au zoo, sans doute).

Le lendemain, nous nous levons tôt pour faire l’excursion classique de Pandangaran (Green Canyon), avec Deny qui est si sympathique. On part tôt le matin, vers 9h30, dans une sorte de minibus assez déglingué, en petit groupe : nous + une française sympathique, Catherine. Direction l’attraction 1 : la fabrique de sucre de palme. Là, on nous a expliqué comment on fabrique du sucre à partir de la noix de coco, les différentes consistances, etc.

Au passage, Deny nous a montré le refuge anti-tsunami : un cocotier. Bon à savoir : si un tsunami arrive et que vous n’avez pas le temps de vous refugier dans les terres, il faut grimper en haut d’un cocotier, car eux ont résisté aux vagues. Encore faut-il pouvoir y grimper : des encoches étaient faites sur celui de Deny, il a pu monter grâce à elles. Nous avons tous décliné son invitation et n’avons pas voulu essayer. On verra si le cas se présente.

Ensuite, direction la fabrique de marionnettes : il s’agit de marionnettes, qui servent pour le wayang golek (spectacle de marionnettes en bois), fameux sur l’île de Java. Nous aurons plus tard l’occasion de voir un spectacle de wayang kulik, théâtre d’ombres chinoises de marionnettes en cuir. Le fabricant, paraît-il un marionnettiste célèbre, mariée à une danseuse célèbre aussi, nous explique la fabrication des marionnettes, de la sculpture du bois jusqu’à la peinture, réalisée par sa femme. Il fabrique 2 types de marionnettes désormais : les classiques, qui servent pour les spectacles, et les “nez longs”, qui servent pour les touristes ! Car les indonésiens appellent ainsi les occidentaux, eux ont un nez généralement plus court. Et donc, une marionnette au nez long cadre plus avec les représentations occidentales habituelles, le touriste est davantage attiré par celles-ci. Car on peut lui acheter des marionnettes. Malheureusement, un peu cher pour nous (1 700 000 roupiah pour le couple Rama et Sinta, les inséparables) (enfin, inséparables, c’est vite dit, dans le Ramayana elle est forcée de s’immoler pour prouver sa pureté, alors que monsieur, parti des jours chasser une “biche”, n’a rien à prouver). Deny lui demande de nous faire une démonstration, c’est bluffant : on a beau voir le marionnettiste derrière, on se laisse facilement prendre au jeu. Ca donne très envie de voir un spectacle, même en indonésien sans explication (quoique …).

On nous laisse le droit de jouer avec les poupées. C’est un crève-coeur de ne pas pouvoir les acheter. A défaut, on se contentera de photo. La jeune femme, timidement, fait une démonstration de danse, pendant que son mari (touche-à-tout) fait la musique.

Et le Green Canyon dans tout ça ? J’y viens justement, c’est l’étape qui suit. Le minibus nous dépose au port, où l’on monte dans une toute petite embarcation. Voilà qui me rappelle les ballades en bateau sur la forêt amazonienne, ce qui n’est pas rassurant. Nous montons comme nous pouvons dans la petite embarcation, direction le canyon. La petite traversée est sympathique, nous essayons d’apercevoir les varans sur la côté ou dans l’eau. Si on en voit plusieurs, c’est plus difficile de les prendre en photo, car ils sont timides et fuient dès qu’ils voient le bateau.

La petite traversée continue, je suis rassurée, personne ne fait de mouvement brusque dans le bateau au risque de nous faire chavirer. On remonte la rivière, paraît-il très haute en ce moment, et le capitaine se débrouille pas mal avec les rapides, aidé par Deny qui nous raconte qu’avant, il s’occupait des expéditions de rafting au même endroit. Ensuite, on arrive à un gros rocher, où d’autres bateaux sont arrêtés : les passagers sont debouts sur le rocher, équipés de gilets de sauvetage, et s’apprêtent à sauter. Direct, je dis non : hors de question que je grimpe sur cette pierre glissante, et que je saute dans cette eau boueuse. Catherine non plus, par contre les 3 autres sont d’accord. J’ai la mission fondamentale suivante : prendre de bonnes photos. Encore pour moi le boulot le plus difficile !

Donc, ils ont grimpé sur cette pierre, et se sont jetés tous les 3 à l’eau, l’un après l’autre. François a faille se prendre le bateau en ressortant la tête de l’eau.

Ensuite, il a fallu qu’ils regrimpent sur un autre rocher encore plus haut, et sauter d’encore plus haut. Ils l’ont tous fait. Là, sur les ordres de François, je les ai filmés.

En fait, d’après ce que François m’a dit, le plus dur c’est de grimper sur la pierre, vraiment glissante, sans chaussures. Il a même vu un cafard à ses pieds s’enfuir devant lui, et une grenouille apeurée lui a sauté dessus, voilà qui aurait été trop pour moi.

Ensuite, un repas bien mérité devant le port, et puis 2 heures de baignade et body board pour ces messieurs. Enfin, pas que ces messieurs, j’ai essayé moi aussi ! C’est beaucoup plus difficle que je ne pensais. Eux se sont bien débrouillés. On devait se méfier des courants, qui nous emportaient vers la plage d’à côté et surtout la falaise entre. Deny nous surveillait, mais pas assez malheureusement : à un moment, on a perdu Yannick, qui emporté par le courant, a hésité entre combattre le courant pour retourner sur notre plage et se laisser entraîner sur la plage d’à côté. Il a choisi de combattre le courant, ce qui n’était pas forcément le mieux, car il a été entraîné droit sur la falaise. Il a réussi à bien s’en sortir, avec quelques égratignures, mais ça aurait pu mal tourner.

Après ça on était bien fatigué, mais on a continué en direction du pont de bambou (séquence adrénaline). On se faisait doubler par les motos, ça faisait tanguer le pont.

Après ça, petite séquence de balade à travers la jungle : on a eu droit à la feuille dont la sève rouge sert de teinture/peinture (voilà qui nous a rappelé quelque chose), la plante dont la feuille est imperméable, une sorte de plante dont la feuille se referme quand on la touche et que Laurence connaissait sous le nom de mamzé Marie (il y en a en Guadeloupe), un élevage en batterie de poules pondeuses (c’est triste à voir). Enfin, Deny nous a emmenés voir un projet de sauvegarde des tortues : encore un truc glauque qu’on ne conseille pas. C’est peut-être facile à dire pour nous qui avons déà vu des tortues libres dans un environnement naturel.

Après tout ça, nous étions bien fatigués ! Le temps de refaire le trajet avec un Deny qui, infatiguable bavard, s’est mis en tête de nous apprendre quelques mots d’indonésien (je pense qu’il aurait pu travailler à la formation, mes collègues comprendront la référence), et nous sommes arrivés assez tard.

Suite à une discussion entre nous, je réalise ce que j’ai été la seule à louper : Catherine et Deny se font les yeux doux. Décidément, je loupe toujours tout.

Nous avons réservé le transport du lendemain pour l’étape suivante, à Jogjakarta (ou Yogyakarta ou Jogyakarta : les indonésiens n’ont pas d’orthographe très arrêtée), toujours avec Deny. Nous nous sommes décidés pour le minibus de 7h du matin, qui devait arriver vers 14h à Jogjakarta, plutôt que sur minibus + train, qui partait à 10h mais arrivait un peu plus tard. Les vendeurs insistent sur cette solution, car leur marge doit être supérieure. Tant pis, on sautera le petit-déjeuner (de toute façon, le pancake à la banane du komodo est trop mauvais). Comme 2 françaises étaient déjà inscrites sur le trajet, on a senti le coup fourré : à 6 ou plus dans une voiture pas très grande, avec les bagages sur les genoux car le coffre est trop petit, pendant 7h. Pas terrible dans ces conditions. Nous disons à Deny qu’on a des gros bagages, est-ce que la voiture sera assez grande ? Il prend notre demande en considération, va téléphoner, et revient nous dire qu’il a réservé un minibus. Comme ça, nous serons à l’aise, et il y a de la place pour les bagages. Rassurés, nous signons. Comme c’est plus pratique pour tout le monde, nous réservons une nuit au Wisma Ary’s, chaudement recommandé par Deny, qui nous montre un prospectus. La femme du propriétaire est japonaise et a signé la décoration des chambres. Voilà qui finit de me mettre en confiance. Nous nous quittons assez contents de notre rencontre, il est très sympathique et digne de confiance. L’avenir nous montrera que nous avons peut-être eu tort …

Le lendemain matin, 6h45. François et moi finissons nos bagages en vitesse, ayant découvert une fuite d’eau dans la salle de bains qui fait que toute la chambre est inondée. Son sac a été mouillé aussi, heureusement qu’il ne devrait pas avoir à le porter aujourd’hui. On rend les clés et on part en vitesse, n’ayant aucune envie de devoir s’expliquer sur la fuite d’eau (qui n’était pas entièrement notre faute …).

6h55, on se retrouve au point de rendez-vous, les 2 autres françaises sortent peu après. 7h30, le bus arrive. Evidemment, on n’a pas du tout un minibus, mais un shuttle déglingué classique : ça veut dire qu’il n’y a que 7 places, et un coffre minuscule. Les 2 conducteurs ont l’air assez pressés, un conducteur de becak qui se mèle de tout essaye de les aider, sans doûte pour un pourboire. On reste surpris un moment, on les regarde essayer de ranger les bagages de tout le monde (et ça en fait des bagages). Leur technique : fourrer tout, refermer la porte. Ca ne ferme pas. Enlever un sac (le seul qui ne gênait pas, notre fameux sac bleu), que je leur remets d’office dans les mains. Ca ne ferme pas. Réessayer sans rien toucher. Ca ne ferme pas. Réessayer. Ca ne ferme pas. Réessayer. Ca ne ferme pas. Réessayer et être interrompu à la 15ème fois par François, que ça commence à agacer.

Et donc, on commence à leur demander où est le minibus promis, et on refuse de monter dans leur truc pourri. Les 2 autres françaises sont d’accord avec nous, on ne va pas passer 7h là dedans, en plus ils vont mettre la clim à fond. Comme ni les conducteurs ni monsieur-je-me-mèle-de-tout ne parlent anglais, ils ne comprennent rien à ce que l’on veut. Arrive une bonne dame pour faire la traduction. On parlemente avec elle, on lui dit que Deny nous a promis un minibus, et que ce n’est pas du tout ce que l’on a. Elle essaye d’appeler Deny, qui reste injoignable. Elle appelle la société de transport, qui lui dit que le minibus promis est cassé. Cassé ? lui dis-je, quand Deny a appelé hier soir tout allait bien, il s’est cassé pendant la nuit ? Là, elle commence à voir rouge, dit qu’elle n’y est pour rien dans l’affaire. Je veux bien madame, je ne vous incrimine pas, nous on veut juste notre minibus et partir.

Finalement, elle propose que les 2 françaises partent avec le transport, et nous on prendra le train. Les 2 françaises, ravies que ça se termine bien pour elles, s’empressent de monter dans le bus et de filer, nous laissant tous les 4 sur le carreau, avec à peine un regard en arrière. Du coup, on n’avait plus de poids du tout : tant que leur voiture leur restait sur les bras, ils étaient conciliants, du moment que leur voiture était partie, il ne nous restait plus qu’à parlementer avec la dame. Elle me passe son chef au téléphone : franchement, je n’ai pas compris un mot à ce qu’il disait. La seule solution proposée, c’est de nous réserver le transport de 10h30 puis le train, ou alors ils nous rendent notre argent et l’on se débrouille. Leur solution ne nous arrangeait pas trop, dans aucun des cas, alors on a demandé une ristourne. On a eu 10 000 roupiahs par personne, ce n’est pas grand chose, mais c’est un geste (pris sur la part de Deny).

On ne sait pas ce qui c’est passé : est-ce Deny qui nous a filouté, nous promettant ce que l’on voulait entendre ? est-ce qu’il s’est fait rouler ?

Bref, on tue 2 heures comme on peut au Bamboo Café, utilisant notre ristourne pour un maigre petit déjeuner. On aurait pu retourner au Komodo, mais vu l’état dans lequel on a laissé notre chambre, on préfère faire profil bas.

Le chauffeur arrive à l’heure, heureux pour lui car nous étions de mauvais poil. On a la même voiture à 4 que l’on nous proposait à 6. On retrouve Yannick de justesse, parti de balader. Pour un peu, on partait sans lui :-) Le trajet se passe bien, malgré les mauvaises routes. Là, on se dit qu’à 6, serrés avec les bagages sur les genoux, ça aurait été bien difficile. Arrivés à la gare, nous avons même droit à la salle d’attente VIP. Le trajet en train se passe bien (encore en classe bisnis !), nous commandons même un nasi goreng au wagon-restaurant. Quand je dis wagon-restaurant, je me comprends, maman je les ai vus faire, tu n’aurais rien pu avaler.

Le propriétaire de l’hôtel nous attend à la gare, preuve que nos malheurs lui sont parvenus aux oreilles. Il nous conduit à son hôtel, qui à première vue ne paraît pas trop mal (très fleuri). Evidemment, comme il s’agit d’un hôtel de rabatteurs, les choses ne sont pas aussi roses qu’elles le paraissent : le prix convenu est hors taxes (la seule fois où l’on a vu ça en 4 semaines en Indonésie), la décoration de la salle de bains est d’un mauvais goût sans nom, et notre chambre s’avèrera être la chambre avec des cafards (mais pourquoi moi ?). Ils m’attaqueront bien entendu la seule fois où je serai seule dans la chambre, François étant parti chercher l’apéro, me laissant tremblante avec notre Baygon à la main (le vert, anti-cokoa). Oui, depuis que nous sommes arrivés en Asie, nous nous sommes équipés. Comme je serai incapable d’appuyer sur la détente, des fois que le monstre esquive et se précipite sur moi en ricanant avec ses vilaines antennes, j’attendrai son retour, en surveillant le monstre, et François sera chargé de faire le ménage dans la salle de bain. 3 monstres affreux tués.

Sur le moment, ne sachant rien de tout ça, nous posons nos affaires, retrouvons les 2 françaises qui nous ont abandonnés plus tôt (et qui nous disent que le trajet a été horrible, très mouvementé, et qu’elles sont arrivées pas longtemps avant nous - bien fait) et partons visiter la ville. Direction le kraton, le palais du sultan. Il y avait auparavant plusieurs sultans en Indonésie, mais il n’en reste désormais qu’un seul, qui vit toujours dans ce palais.

Comme il est 17h, le kraton est fermé, nous avons le temps de faire un petit marché non touristique, malheureusement de nombreux commerces sont fermés. Yannick trouvera malgré tout le chapeau de ses rêves, celui destiné à protéger sa peau fragile du soleil. François et moi ayant l’esprit moqueur (surtout lui, hein), nous l’avons surnommé pendant le reste du voyage l’Indonésien ou Tintin, suivant le jour. Oui, nous sommes drôles.

Nous faisons également le tour de la petite place, et découvrons ce qui est très à la mode à Jogjakarta : la location de véhicules décorés avec plein de guirlanges lumineuses, comme un sapin de Noël. Des rosalies, mais aussi des bicyclettes, et des tandems, et des tridems (cela se dit-il ?), et même des quadridems. Me rappelant notre mauvaise expérience du canoë à 2 à Moorea, je préviens François : je refuse de monter là-dessus avec lui, pour m’entendre dire “Pédale, mais PEDALE !!!!” pendant tous le trajet.

Bref, nous tentons de revenir par un chemin de traverse, tombons devant la piscine du sultan (fermée), avec des jeunes gens sympathiques qui veulent nous apprendre toute l’histoire de la piscine, et nous encouragent à aller faire du shopping de batik et autres dans les boutiques juste à côté. Méfiants, nous pensons à des rabatteurs, remercions poliment (terimakasi) et partons. Bien nous en a pris, car le Lonely mettait en garde à leur sujet, disant surtout de ne rien acheter dans leurs boutiques. Finalement, nous abandonnons le chemin de traverse et rentrons par le même chemin qu’à l’aller. J’aurais appris une bonne leçon sur Jogjakarta : la ville est immense, les distances sont beaucoup plus grandes que la carte ne le laisse croire, et seuls les grands axes sont indiqués.

Nous rentrons donc à l’hôtel, faisons quelques courses pour l’apéro, et je trouve même la cape de pluie de mes rêves. Jolie, légère, et surtout élégante ! Orages tropicaux, vous pouvez venir, je suis prête !

Tôt le lendemain matin, après un petit-déjeuner correct mais sans plus, nous partons visiter le kraton. En chemin, nous visitons un petit temple, puis nous arrivons devant le kraton. Enfin, plutôt derrière. Les gens nous indiquent le chemin à prendre, mais nous restons sceptiques : le guide prévient que, suite à un différend dans la famille royale, il y a 2 entrées au kraton, l’officielle, et la non-officielle, qui, en plus d’être plus chère, ne permet de voir qu’une petite cour sans intérêt. Suivant leurs indications malgré tout, qui s’accordent avec le Lonely, et après un long trajet (cette ville est décidemment épuisante), nous arrivons à une grande entrée qui semble officielle, encadré par 2 gardes en sarong et machette. Gloups. L’âge avancé des gardes rassure à peine.

Nous achetons nos tickets à une femme antipathique, nous retrouvons nanti d’un guide qui parle français, gratuit sauf pourboire, et c’est parti pour la visite. Le bâtiment est très beau, la syntaxe … euh … spéciale de notre guide nous fera sourire assez souvent (sourire, car on ne peut pas vraiment lui rire au nez). Nous apprendrons ainsi que le sultan y vit vraiment, qu’il travaille tous les matins et retourne chez lui vers 15h, c’est pour ça que le palais est fermé aux visites l’après-midi. Une partie a été détruite lors des tremblements de terre, mais a bien été restaurée depuis. Ah, il a 1 femme, alors qu’il a droit à plus, 5 filles, pas de garçon (“problème ! Que des filles ! Succession ! Pas de garçon ! une seule femme ! Veut pas plus ! une suffit ! Seconde fille, mariée roturier ! scandale ! Pipole !”)

Le kraton est réputé aussi pour les spectacles du matin : chaque matin, il y a une répétition d’un spectacle différent. Ce jour-là, coup de chance, spectacle de wayang kulik, j’en ai parlé plus haut, un spectacle de marionnettes en ombre chinoise. En fait, le marionnettiste est derrière un rideau blanc, avec l’orchestre (le gamelan, je vous laisse suivre le lien vers la page wikipedia, on comprend mieux pourquoi ça paraît dissonant), et les choeurs (féminins). Il agite (ou pas) des marionnettes en cuir (plutôt plates) derrière le rideau.

Quand je dis “ou pas”, c’est que, comme il n’y a qu’un marionnettiste à la fois, et qu’il ne peut pas s’occuper de toutes les marionnettes en même temps, elles sont fixées dans des encoches derrière le rideau, et donc ne bougent pas : un comble pour une marionnette. Et, pendant ce qui nous a semblé des heures, il agite le bras du personnage qui parle. C’est à peu près tout ce qui se passe. Nous sommes restés devant le spectacle 2 fois 10 minutes : au-delà de 10 minutes, on s’endort. La première fois il ne s’est rien passé d’autre qu’un mouvement de bras, la seconde fois on a assisté à un changement de tableau : les marionnettes partent les unes après les autres pendant que l’orchestre fait “kling klang”. Là, on a craqué et on est parti.

Ensuite, on a continué jusqu’au Pasar Beringharjo, marché fameux pour ses batiks, et on a mangé dans une galerie commerciale qui ne payait pas de mine. Le temps a passé depuis le début du voyage, je suis moins curieuse, alors quand j’ai un doûte je reste sur le fameux Nasi Goreng. Et un jus d’avocat (sucré, avec du chocolat, c’est bizarre et très nourrissant). François, a mon grand étonnement, tente le bakso (alors que je l’avais prévenu avant que ce n’était pas très bon) : verdict, ce n’est pas très bon, ça n’a pas de goût.

Après tout ça, un peu de shopping.

Puis nous avons acheté les billets pour le surlendemain, direction Cemaro Lavang, le village au pied du fameux Mont Bromo. Encore une journée de voyage en perspective.

Le soir, sortie culturelle : nous avons été voir le spectacle du Ramayana au Puriwasata. Il y a un spectacle de danse tous les soirs, et il n’y a que des touristes. Néanmoins, le spectacle est joli, surtout la danse d’Hanuman (le Roi des Singes), et à l’entrée ils distribuent un texte racontant le Ramayana pour que l’on puisse comprendre. On a tenté encore de faire le chemin à pied, résultat on est arrivé quelques minutes après le début, faut vraiment oublier la marche dans cette ville.

Le lendemain matin, direction le marché aux oiseaux. Le propriétaire de l’hôtel avait dit que le marché avait été déplacé, et nous avait indiqué le nouveau local sur la carte. A l’office du tourisme, ils nous l’avaient confirmé également (ne jamais croire un seul avis), donc on est parti pour le nouvel endroit. Encore 1 heure de marche au soleil (d’après le plan, c’était tout près !), et nous sommes enfin arrivés.

Le marché aux oiseaux est réputé pour ses oiseaux donc (logique), mais aussi parce que l’on y trouve pleins d’autres espèces animales. Les indonésiens (de ce que l’on a vu) adorent les oiseaux.

Dans les trucs bizarres qu’on a vus : des oiseaux de toutes les espèces, un mainate sans queue, des moineaux dans des sacs en papier, des poussins de toutes les couleurs (que le marchand nous a mis dans les mains pour la photo, et ce n’est qu’après les avoir reposés que je me suis dit : arg ! grippe aviaire !!!), des bernards-l’hermite assez colorés, des pigeons (plus beaux que les parisiens), un enfant qui jouait avec un python, des chats et des chiens dans des cages trop petites pour eux, des chauve-souris, des chouettes toutes petites.

Après ça, comme nous l’avions prévu, direction le temple bouddhiste de Borobudur, une merveille architecturale qui est inscrite au patrimoine de l’Unesco. Il est d’usage de visiter le temple au lever du soleil, mais pour cela il aurait fallu qu’on prévoit un transport très tôt, en voiture privée, car les bus publics démarrent trop tard. Alors, on a laissé tomber le lever du jour, surtout qu’il paraît que c’est plein de monde, et en plus l’entrée du temple est 2 fois plus chère !

Direction donc le terminal de bus : pour cela, même si le chemin paraissait court, on voit d’office qu’on en aura pour 1 heure, alors on monte dans 2 becaks. Problème : ils ne parlent pas un mot d’anglais, ne comprennent pas “bus terminal”, et se rattrapent au nom du boulevard qui est juste à côté. On espère.

1h plus tard, après avoir fait un énorme détour, ces messieurs arrêtent 2 adolescentes pour discuter avec nous. Finalement, il est presque midi quand on arrive à la gare. Là, on demande “Borobudur ?”, on nous indique le bus, une dame nous précise “15 000”. Le bus est là, on s’installe chacun sur 2 sièges vu qu’on est seuls, et on attend patiemment le départ. Dès que le bus part, le machiniste (celui qui vend les billets), essaye de nous vendre la place 20 000. Sur un bon réflexe de Laurence, qui s’étonne, il bégaie et nous fait payer le bon prix. Une erreur d’inattention sans doute …

1h plus tard, on arrive à Borobudur, le terminus. Entre temps, le bus s’est rempli. Dès que nous descendons, les becaks sentent le bon plan et se précipitent vers nous. Ca on n’aime toujours pas. On décline tout, essayant de trouver un endroit où déjeuner. Là, les bouis-bouis sentent le bon plan, et nous hèlent de tout côté en nous tendant des menus. Pour finir, lassés, on sort de la gare, et, suivant le plan du Lonely, on part à gauche : le guide explique qu’on n’en a que pour 10 minutes de marche, et qu’il est inutile de prendre un taxi. On s’arrête pour déjeuner dans un “penang”, une sorte de restaurant où tous les plats sont dans la vitrine : la serveuse pousse le rideau, nous donne des assiettes avec une portion de riz et nous demande de choisir ce que l’on veut. C’est hyper chaud à choisir, on n’a pas la moindre idée de ce qui se trouve dans les assiettes ! Pour finir, je prends un bout de boeuf (rendang je crois), un peu de légumes, je retente un bout de boeuf quand je découvre les mouches, installées dans les plats. Bon, alors le boeuf non, un peu de poulet qui a l’air correct, un oeuf, il n’y a pas l’air d’avoir de mouches dans ces plats-là, une sauce au hasard. François, vert, au bord du malaise, se contente de prendre un peu de sauce sur son riz blanc. Laurence et Yannick se servent courageusement. Je choisis aussi une petite feuille de bananier contenant, je pensais, du riz, ou un plat cuisiné. Pas du tout, c’était une boisson à mélanger avec de l’eau, le résultat est vert pâle et pas terrible en fait. Le tout pour 47 000 roupiah à 4, un record.

Bon, on repart le ventre plein, en espérant ne pas être malade les jours qui suivent. Bonne nouvelle, on ne l’a pas été. Direction le temple. Nous nous laissons tenter par une calèche tirée par un cheval et conduite par un vieux monsieur, montons dedans : ce n’est manifestement pas fait pour 4 occidentaux, 4 indonésiens à la limite.

Nous arrivons enfin au fameux temple. On refuse d’acheter quoique ce soit aux marchands qui s’accrochent à nous (il faut dire, vu l’heure, le touriste était surtout indonésien, les occidentaux sont là plutôt à l’aube). Le temps d’arriver à la caisse, nous avons refusé d’acheter des éventails, des chapeaux indonésiens comme celui de Yannick (vu qu’il l’avait sur la tête, les vendeurs devaient penser qu’on n’avait qu’une envie : trouver tous le même), des sculptures (pas terribles) en bois, des sarong, et j’en oublie.

On passe l’entrée, petit cadeau une bouteille d’eau fraîche, bienvenue après le repas, et refusons un guide en français.

Le temple, construit au 9ème siècle, a une forme pyramidale (dont le sommet aurait été aplati), et est constitué de 4 étages carrés, surmontés de 3 étages circulaires. Chacun des 6 premiers niveaux est orné de fresques, il y aurait 1500 fresques en tout. Les 3 derniers étages contiennent des stupas (des cloches quoi), contenant des bouddhas (pas toutes). Du bas jusqu’au sommet, si on parcoure tout, il y aurait 5 km, ce qui donne une idée des dimensions du temple. Malgré les immenses travaux de restauration, beaucoup de fresques sont abîmées, on a du mal à comprendre de quoi il est question. Elles sont sensées représenter les enseignements bouddhiques, et l’éveil de Siddartha, alors on a cherché à comprendre en vain. Sans compter qu’au bout d’un moment trop de fresques tue la fresque …

Après cela, comme on avait encore du courage (et surtout entraînés par Laurence, qui elle n’était pas fatiguée), nous avons visité les 2 musées sur le temple. Le plus intéressant, ce sont les photos avant/après restauration, car le temple avait subi des éruptions volcaniques et des tremblements de terre, et si l’ensemble avait bien tenu, il était dans un état déplorable. A l’époque, marcher sur les allées, comme nous l’avons fait, était périlleux, car elles ne devaient pas tenir beaucoup …

Après cela, il a bien fallu sortir, affronter les marchands du temple. Un jeune homme a tenté de nous vendre des éventails : 1 pour 50 000. A la fin, il était prêt à nous en vendre 8 à ce prix-là (il devait avoir besoin de 50 000), alors qu’on n’était pas du tout intéressés. Ses yeux tristes ont failli avoir raison de moi (mais qu’aurais-je fait de 8 éventails ?), mais Yannick veillait et m’a empêchée de dépenser pour rien.

On a avalé avec grand plaisir le jus d’une noix de coco (presque comme au Brésil, sauf qu’elle n’était pas fraîche, la déception). Comme il était 17h, on a repris tranquillement le chemin de la gare, pensant qu’il y avait des bus jusqu’à 18h. Un policier nous voit passer, nous demande où va-t-on : à la gare, monsieur, prendre le bus pour Jogjakarta. Mais le dernier bus est à 17h. QUOI ? il est 17h05, vous pensez qu’on a le temps. Peut-être dépêchez-vous. Sur ce, nous sommes partis en courant, pour remonter les 100m jusqu’à la gare. Enfin, moi, j’ai vite abandonné la course, me disant que s’il y avait un bus, les garçons, sportifs et prêts à tout, le stopperaient pour moi. Laurence s’est arrêtée plus loin et m’a attendue, et on a fini la course tranquillement. Arrivées à la gare, des taxis nous demandent “Jogjakarta ?” avec espoir, mais on fait signe qu’on va trouver le bus (avec espoir). On tombe sur François, qui nous dit de ne pas nous presser, le bus est là et part à 17h15.

On attend quelques minutes, puis, dès qu’il arrive, on monte dedans. Ouf, soulagés. Et là, on attend. A peu près une demi-heure en fait. Heureusement que j’ai pas fini la course, je l’aurais eu mauvaise.

Finalement, il démarre, une fois encore il y a peu de monde, mais il va très vite se remplir, avec des gens debouts dans l’allée. Nous laissons passer le temps, 1 heure, 1 heure et demi, on devrait bientôt arriver, non ? Là, le bus s’arrête, et le machiniste nous dit qu’il faut qu’on descende, le bus s’arrête là. On commence à bouger, et puis on réalise que personne d’autre dans le bus ne bouge, et qu’on n’est pas du tout à un terminal, mais sur le bord d’une route. Du coup, je redemande au chauffeur “Jogjakarta ?”, il me répond que le bus s’arrête là, tout en regardant fixement devant lui, alors que je suis sur le siège tout à côté de lui. Il ne veut pas me regarder, c’est ça ? Je demande aux gens derrière nous dans le bus, ils me répètent pareil, que le bus s’arrête là. Pourquoi personne ne descend alors ? Lorsque je demande s’il y a un autre bus qui va venir (après tout, un bus peut être détourné de sa voie, c’est pas incohérent), le chauffeur me dit non, qu’il faut prendre un taxi. Là, je sens la moutarde me montait au nez, on a payé le trajet jusqu’à Jogjakarta, il est 19h, il fait nuit noire, et il veut nous déposer sur le bord de la route à la merci des taxis. Je me retourne vers le chauffeur, et je lui dis “it’s not Jogjakarta, we have bought tickets to Jogjakarta”, il ne répond plus. Je sens tout le bus qui attend, et qui nous regarde, ça devient très louche, et en plus le chauffeur qui ne veut pas croiser mon regard a une attitude encore plus louche. J’insiste “Jogjakarta, bus terminal”. Là, à croire que je lui ai trouvé une porte de sortie, car il me dit “ahhh … bus terminal, yes yes”, et nous dit de rester.

On a bien mis une demi-heure à arriver au terminal de bus, le même que nous avions quitté ce matin. Après réflexion, on s’est dit qu’il avait une combine avec les chauffeurs de taxi : déposer les touristes n’importe où dans la nature, ils n’ont pas d’autres solutions que de payer un taxi plein pot pour rentrer à Jogja, et prendre un petit billet au passage. Voilà qui nous a bien énervés.

Le lendemain matin, lever très tôt pour attendre le shuttle de 8h. Bonne surprise, on n’a pas une petite voiture, mais un minibus, dans lequel nous serons au final 6, à l’aise. A l’exception d’une petite pause dans un resto de bord de route, et de 2 mini-pauses dans l’après-midi, le chauffeur ne s’arrêtera qu’arrivé à Probolingo, devant une agence de voyage. Il est 18 heures, ça vous donne une idée du temps passé dans le minibus ! Là, le chauffeur nous expose les différentes solutions : louer une jeep pour monter au point de vue sur le Bromo avant le lever du soleil et ensuite monter sur le cratère-même, faire un combiné avec le Kawa Ijen (en 2 jours) pour finir à Bali, ou à Probolingo si l’on le souhaite, ou se débrouiller par nos propres moyens.

Après concertation, nous réservons la jeep pour le Bromo, départ prévu 4h (gloups). Commençant à être pris par le temps, il nous aurait été difficile de continuer jusqu’au Kawa Ijen, puis de remonter tout Java jusqu’à Jakarta, ce qui nécessite pas moins de 24h, pour nos avions du samedi 16 (il ne nous reste que 5 jours). Et puis, le Kawa Ijen a la réputation d’être plus difficile : beaucoup de vapeurs de soufre, on peut descendre d’ailleurs dans une mine de soufre à ciel ouvert avec les mineurs, et l’air y est difficilement respirable pour les gens qui n’ont pas l’habitude, ça peut même être dangereux.

Directions les hôtels : j’avais noté un hôtel, le Café Lava, à Cemaro Lavang. Le type de l’agence de voyage nous parle du Cemara Indah, non merci, et refuse de téléphoner pour savoir s’il y a des places au Café Lava, “bien sûr qu’il reste des places !”. Note pour nous-mêmes : ne jamais croire un type d’une agence de voyage, qui n’a rien à gagner à nous réserver un hôtel sur lequel il n’a aucune commission, et insister.

Donc, c’est parti. La voiture cette fois-ci est pleine à craquer, remplie avec d’autres touristes, un québécois avec qui François discute, et 2 français (de Marseille), malheureusement insupportables. Les belges sont arrêtées les premières, dans un village plus bas que Cemaro Lavang (qui, lui, est au pied du cratère). Il restait une chambre de 4 dans leur hôtel, mais on décline. A ce moment-là, il est près de 20h. Je pensais qu’on allait peut-être rester 2 jours sur place pour refaire le Bromo tranquillement sans guide, ce qui demande 1-3 heures de marche à partir de Cemaro Lavang. On continue donc vers Cemaro Lavang, toujours avec le québécois et les marseillais, qui eux non plus n’avaient rien réservé. En route, je leur confie que nous allons au Café Lava, qui a de bonnes critiques, mais que nous n’avons pas réservé.

Nous arrivons donc au Café Lava, tant attendu. Le temps de traverser un hall très enfumé, nous arrivons à la réception, suivi par le québécois et les marseillais. Et là, surprise sur les prix : la chambre sans eau chaude est à 140 000 roupiah, les catégories supérieures frisent les 300 000 ! Oui, mais on est en pleine montagne, pas d’eau chaude c’est limite, et 300 000, c’est trop cher. En plus, il ne reste que 2 chambres en catégorie économique. Le réceptionniste n’a pas eu le temps de finir sa phrase que le québécois (traître) crie “J’en prends une”, suivi par les 2 marseillais (doubles traîtres). Voilà comment on s’est retrouvé dans un village de montagne, en pleine nuit, dans le brouillard, avec la pluie, et sans hôtel.

Le réceptionniste n’a pas été sensible à mes arguments “C’est pour 2 nuits, on peut avoir un prix ?”, “Et si on rajoutait un lit supplémentaire dans la chambre triple ?”. On ressort assez énervés de la réception, ayant découvert le vrai visage des hôtels du Mont Bromo. Plein de chambres, mon oeil.

Finalement, les chauffeurs insistant pour nous amener au Cemara Indah, nous les suivons. Il est à peine moins cher que le Café Lava, 120 000 pour l’économique. On insiste pour les voir, il faut suivre un couloir glauque pour arriver à des chambres glauques, qui nous ont fortement rappelé la Bolivie, avec des toilettes et des douches au bout du couloir (rien qu’à voir l’entrée on frémit). Bon, ben va pour 2 économiques, là on n’a plus trop le choix. On n’a plus envie d’y rester 2 nuits. Laurence et Yannick me consolent : tant pis pour le café Lava, on a été roulé (traîtres : rien qu’à écrire ces lignes je leur en veux encore), de toute façon ce n’est que pour dormir, il est 21h, et on doit se lever à 3h30.

La mort dans l’âme, nous nous installons, partons visiter les “installations sanitaires” (BEURK), hésitons à pousser la porte pour voir les douches, et, au vu de la porte et du carrelage sale, décidons à cet instant précis de ne pas se doucher. C’est qu’on a fait la Bolivie, nous, on peut louper des douches allègrement. Laurence, qui n’a pas fait la Bolivie, essaiera de pousser une porte, mais la vue de plusieurs centimètres d’eau croupie et noirâtre sur le seul la fera renoncer. Voilà la vérité sur le Cemara Indah : un hôtel miteux, les lits sont pourris, et les sanitaires jamais nettoyés. Un français qui est dans le même couloir que nous, nous demandera le lendemain matin si on a vu les cafards dans la douche. !!!! Mais heureusement que je n’ai pas poussé la porte !

Assez curieusement, le type de l’agence de voyage revient nous voir pour nous réclamer de payer l’entrée au Parc National du Bromo. C’est curieux, parce qu’il y a qu’à nous qu’il a réclamé ça. Aucun de ceux qu’il a arrêtés sur le chemin n’y a eu droit. Du coup, nous on ne veut pas payer, surtout qu’il n’a pas de ticket à nous donner, il veut se contenter de griffonner sur notre réservation. On finit par lui répondre que nous devons repasser au distributeur parce que nous n’avons plus d’argent … ce qui n’était pas un gros mensonge, on aurait été très juste après ça. Il accepte de mauvaise grâce de se payer demain, et dit que la jeep nous arrêtera à un distributeur.

Le repas du soir vite avalé au restaurant excessivement cher de l’hôtel, nous nous couchons assez tôt, en prévision du réveil à 3h30.

3h30 : le réveil sonne. On réussit à grapiller un quart d’heure de plus, avant de se préparer. La voiture arrive à peu près à l’heure, il y a 2 autres personnes avec nous (allemands ?) et c’est parti pour le trajet sur une mauvaise route. Nous qui espérions finir un peu la nuit, c’est raté. D’emblée, ce qui choque, ce sont les phares des jeeps devant : une long file sur la route, et bien on ne va pas être seuls !

5h30 : le chauffeur, qui ne brille pas par ses capacités à conduire, nous dépose au plus près possible : comme il n’est pas très rapide, et qu’il s’est fait doubler, ça veut dire en bas d’une longue file de voiture (mais plus haut que beaucoup d’autres, comme quoi …). On remonte rapidement, pour essayer d’avoir une bonne place au point de vue.

5h40 : on arrive au point de vue. Là, il faut essayer de se trouver des places correctes (ça veut dire devant pour les petits comme moi). François arrive à bloquer des places pile devant le Bromo, on s’installe tous les 2, on fait une petite place pour Laurence qui nous y rejoint. Yannick vadrouille. Coup de chance, le temps paraît clair (sur le Bromo et sur ces voisins en tout cas). A ce moment-là, on n’a plus qu’à observer le soleil se lever, les couleurs changer. Je vous laisse regarder les photos.

Pour ceux qui ne connaissent pas, le Bromo n’est pas le grand mont au second plan, c’est le petit à gauche, celui qui fume.

Après ça, il a bien fallu repartir. Nous redescendons tranquillement vers la jeep, achetons au passage des épis de maïs (les filles seulement) (après tout, nous avions loupé le petit déjeuner), essayons de négocier un tee-shirt, partons quand la vendeuse offre généreusement 1% de réduction ou une bouteille d’eau, puis arrivons tranquillement à la jeep, foudroyés du regard par les 2 peut-être allemands (ils n’ont pas apprécié qu’on prenne notre temps, genre parce que je suis arrivée avec un demi-épi à la main). Notre chauffeur pas très doué repart, manque de se prendre une autre jeep, et on continue vers le second point de vue : direction le cratère du Bromo lui-même (oui, celui qui fume, et curieusement ça ne nous a pas mis la puce à l’oreille).

Un petit peu de route plus tard, nous traversons la plaine du volcan, le chemin que l’on doit traverser à pied quand on vient de Cemaro Lavang, puis arrivons au parking. Ensuite, on a 30 minutes pour faire la montée et revenir. Nous partons, montons doucement en refusant les propositions de chevaux (le tarif baisse au fur et à mesure que nous montons, mais jusqu’à la fin ils gardent espoir de vendre), tout en évitant les chevaux et leurs traces. Nous commençons à sentir fortement les vapeurs de soufre.

Ensuite, la volée de marches, à la queue leu-leu, et enfin, l’arrivée en haut du cratère.

Si nous n’avions pas choisi de faire un tour en jeep, et que nous étions venus à pied, nous aurions pu faire le tour du cratère. Mais comme François et moi avons déjà fait un tour de cratère à la Réunion, et que ce n’est pas vraiment un bon souvenir, on n’était pas très intéressé. La différence avec le cratère du volcan de la Réunion, c’est que celui du Bromo fume. Beaucoup. Des vapeurs de soufre pas forcément respirables. Et qu’ayant du mal à respirer, nous sommes descendus hyper rapidement. A la suite de ça, chaque fois que j’ai mentionné le Kawa Ijen, en disant “Quel dommage qu’on n’ait pas pu faire le Kawa Ijen !”, je me suis reçue des regards meurtriers (surtout les messieurs, Laurence non, elle est gentille, elle). Pour ces messieurs, l’expérience du Bromo, très éprouvante, reste celle où ils ont failli mourir d’asphyxie sous nos regards au mieux agacés.

Après ça, nous sommes redescendus retrouver la jeep, puis nous sommes rentrés à l’hôtel prendre enfin le petit déjeuner (un épi de maïs, ça ne compte pas), étonnament très correct pour cet endroit miteux. En plus, la vue est superbe. Du coup, s’il n’y avait pas un tel laisser-aller dans l’entretien, ça pourrait être un bon plan …

Tout en déjeunant, nous devions décider que faire : rester un jour de plus pour faire la marche, il n’en était plus question. Nous avons observé tout le trajet entre Probolingo et Jakarta, il n’a pas grand chose, pas de plage. Nous nous décidés à repartir dans un premier temps à Probolingo, nous arrêter au terminal de bus, et puis voir sur place. Nous réservons donc le bus pour Probolingo, ce qui nous laisse juste le temps de faire les bagages. En attendant le bus, nous discutons avec des Français, qui nous disent qu’ils vont à Bali, qu’en partant maintenant, ils arriveront vers 20h. Et puis, on se dit : “pourquoi pas ?”. Mais où aller à Bali ? Kuta ? Pourquoi ne pas retourner à Kuta, il y a la plage (à défaut de la piscine), et puis, pour le trajet jusqu’à Jakarta, nous réserverons un vol Denpasar-Jakarta, ça on connaît. Allez, va pour Kuta.

Voilà comment, sur un coup de tête, nous retournons à l’agence de voyage de l’hôtel pour acheter de nouveaux billets, Probolingo-Denpasar. C’est reparti pour 10h de transport. D’après mes calculs, nous devons arriver vers 20H, juste le temps de sauter dans la piscine.

Arrivés à Probolingo, mauvaise surprise : le bus a 1 heure de retard, et doit arriver vers midi - midi et demi - treize heures. Un tour au 7-eleven, quelques courses pour un petit repas (des chips), et on est retourné à l’agence de voyage pour le bus. Bon, vu le retard, nous arriverons vers 21h-22h, c’est mort pour la piscine, mais on pourra boire un verre et aller au resto.

En fait, on pensait avoir un minibus de touristes. Pas du tout, il s’agissait d’un bus classique. Peu de touristes, beaucoup d’indonésiens. La ronde des vendeurs ambulants. Encore une fois, être pris par le temps et laisser gérer une agence de voyage revient à se faire avoir. Pour ça, on aurait pu s’arrêter au terminal de bus de Probolingo, et réserver nous-mêmes un bus vers Denpasar. On aurait peut-être même pas eu à attendre.

Bref, une fois que c’est fait, c’est pas le moment de regretter. Jusqu’au moment où … le bus s’arrête au bord d’une route, à un endroit où il y avait une usine avec des barbelés à gauche, et une station de police de l’autre, et rien d’autre. Le chauffeur et les 5 personnes qui l’accompagnent regardent le moteur : conclusion, problème de durite. D’après ce que j’ai compris, c’est indispensable pour rouler, ils ne peuvent pas faire sans. Ils ont essayé de réparer, ont abandonné au bout de 10 minutes. Mais ???? Et après ? Et après, on attend qu’un autre bus de la même compagnie vienne nous chercher. 2 heures, en plein soleil. Impossible de rester dans le bus, sous peine de mourir. Heureusement que la station de police en face a des toilettes et de l’eau pour s’asperger. Pendant ce temps, nous avons vu passer plusieurs bus en direction de Denpasar. Grrr ….

C’est donc avec 3 heures dans la vue que nous repartons. Heure d’arrivée estimée : minuit. A cette heure-là, c’est mort pour trouver un resto ! On espère aussi qu’il va rester des chambres à l’Adus Beach Inn car sinon trouver un hôtel à cette heure-là ça va être galère …

Une petite pause dans un resto (où on a failli appeler la SPA locale à cause d’un singe enchaîné), un passage de ferry, et beaucoup d’autres heures de bus après : nous voici à Kuta, il est 0h30. Le temps de négocier un taxi, d’arriver à l’Adus, il est 1h. La réception était fermée, on a dû sonner et ils sont arrivés, et oui, ils avaient 2 chambres de libres. Ouf, au lit. On était bien contents de retrouver l’Adus, on s’y sent maintenant comme chez nous.

Les 2 jours d’après, je n’ai pas besoin de trop les détailler : vrais pancakes à la banane (enfin !), matelas sur la plage, baignage, body-board (même moi j’ai fait des progrès, et après j’ai eu 3 jours de courbatures), baignades dans la piscine pour conjurer le sort (tout s’est bien passé) et shopping. On a pu découvrir que les prix dans les boutiques de Kuta sont 5 fois les prix à Java, la preuve sur le chapeau de Yannick. Et comme du coup on était maintenant en hors-saison, et que les australiens sont partis, les vendeurs ne font pas trop les difficiles. On a bien marchandé, ça donne de l’espoir ! J’ai maintenant un chapeau énorme, une plaie à transporter. Oui, mais 30 000 au lieu de 150 000 :D. François en a profité également pour s’offrir deux maillots de foot de l’Allemagne (un blanc et un noir) à 50 000 au lieu de 250 000

J’oubliais : nous avons également terminé les 2 derniers cadeaux de nos invités. Après le Riesling, le champagne. Sur la plage de Kuta, ça en jette.

2 jours trop vite passés, un avion plus tard, un taxi, une nouvelle chambre à l’hôtel Margot, un autre taxi, et nous nous sommes dits au-revoir à l’aéroport de Jakarta, avant nos vols pour Singapour.

Laurence et Yannick sont repartis vers la France (avec Saoudi Airlines, la compagnie qui exige que les jambes des messieurs soient couvertes sinon ils ne te rendent pas ton passeport - alors que leurs hôtesses se baladent en minijupes à l’aéroport). On a passé de très bons moments avec vous, snif, vous nous laissez beaucoup de vide, snif, François réclame son copain et moi ma copine, snif.

Bon, voilà qui clôt notre périple indonésien. Autant on a aimé la quiétude de Bali (même si, encore une fois, on n’en a pas vu assez), autant l’impression de devoir se battre tout le temps à Java a rendu les choses moins agréables. Et puis, on a passé beaucoup de temps dans les transports, ça gâche un peu.

Pour finir sur une note positive : l’Indonésie est un pays dans lequel nous retournerons un jour, c’est sûr. Il nous reste tant de choses à y voir ! Et puis, je n’ai toujours pas vu le Kawa Ijen :-)

Merci d’avoir tenu jusque là.

A bientôt

Bises à tous

Eva et François