Lundi 12 Juillet 00h53 Ciel super bleu Cholitas et bus
Sucre

C’est de la terrasse ensoleillée de notre (super top fabuleux et je pèse mes mots) hôtel de Sucre que je commence ce billet, accompagnée par un café avec des biscuits (François a une bière et des cacahouètes, certaines choses ne changeront jamais). Je vous préviens, c’est moi qui rédige, et je ne vais vous épargner aucun détail. Ha ha ha. Le billet sera long. Un conseil : imprimez quelques uns de nos billets pour lire sur la plage, ça vous évitera d’acheter le dernier Marc Levy.

Notre dernier billet narrait la fin de nos longues aventures au Pérou, à Puno, avant de passer en Bolivie. Jusqu’ici, nous avons systématiquement dépassé les estimations de temps que nous avions faites, et nous sommes attardés plus que prévu dans chacun des pays traversés. Nous savions dès lors que nous ne pourrions pas nous attarder ni au Chili ni en Bolivie, la date limite du 31 juillet approchant à grand pas. Tant pis pour les détours par les petits chemins de traverse, impossible dès lors !

C’est donc avec un petit sentiment d’urgence que nous sommes entrés en Bolivie. Avec un peu d’appréhension aussi, avec tout ce qu’on raconte sur le pays et sur les chauffeurs de bus boliviens ! Les routes sont plus mauvaises qu’au Pérou, et les chauffeurs ont la réputation de boire au volant. En outre, comme la Bolivie est un des pays les plus pauvres d’Amérique du Sud, nous ne savions pas très bien à quoi nous attendre : au risque des faux taxis s’ajoute le risque des faux policiers qui peuvent vous enlever dans des faux taxis.

Donc, nous avons quitté Puno pour Copacabana, au bord du Lac Titicaca. Après avoir visité les îles d’Uros et de Taquile côté péruvien, nous voulions visiter l’île du Soleil côté bolivien, paraît-il moins touristique et plus vraie. Le passage de la frontière s’est bien passé, si ce n’est qu’il a fallu retrouver le douanier bolivien en vadrouille quelque part. Au moins, on n’a pas eu de fouille des sacs, ni de récupération de “faux” dollars (mais vrais) par des douaniers peu scrupuleux (ça se fait dans certains postes de frontières boliviens).

Copacabana est plus importante qu’on ne pensait. C’est vraiment une ville à 2 visages, avec la rue où sont parqués les touristes, contenant tous les restaurants et bars, et quelques rues plus loin le marché rempli de boliviens, avec toujours les étalages de viande sur des crochets, sans aucune réfrigération. François a refusé de manger dans un comedor popular, alors que j’aurais bien tenté l’expérience, mais tant pis.

Notre bus s’arrête d’abord devant un hôtel dont nous avions entendu parler, le Mirador, nous y descendons donc. Il s’agit plus d’un grand complexe que d’un hôtel de caractère, mais ça ira pour une nuit. J’ai dû argumenter fermement pour ne pas avoir une chambre au cinquième étage sans ascenseur, à 4000 m d’altitude : je pense que lorsque des clients meurent ils font disparaître les corps et gardent l’argent. Au moins, on a eu une chambre au second avec une douche au gaz, et pas avec le système de chauffe-eau électrique bolivien, qui suivant le cas : ne chauffe pas, chauffe un filet d’eau, chauffe mais électrocute. La vue depuis la chambre est particulièrement belle (toutes les chambres de l’hôtel ont la même).

Copacabana a ceci de particulier d’être une ville très touristique, mais sans distributeur. Comment fait-on pour avoir des bolivianos lorsqu’on vient de passer la frontière ? Et bien, soit on va à la banque lorsqu’elle est ouverte (rare) pour avoir une avance sur sa visa (avec des frais …), soit on a des dollars qu’on change sur place, soit on a prévu et on a changé des bolivianos avant. Dans tous les cas on y perd. Nous, on avait prévu, on avait quelques bolivianos et des dollars.

Epuisés, nous nous couchons tôt, prêts à partir pour l’Isla Del Sol le lendemain. On loupe le bateau de 8h30, on prend celui de 13h30, avec seulement nos petits sacs à dos. La matinée suffit à François pour dire qu’il n’aime pas Copacabana. 2h de bateau plus tard, on accoste sur l’île, par le côté sud. Le bateau du matin accoste côté nord, ce qui laisse le temps d’arpenter l’île du nord au sud (par le chemin inca), et repartir par le bateau de 16h. Nous, on a prévu d’y dormir, et de faire le tour de l’île, avant de repartir côté sud. Vue l’échelle du Lonely Planet, il y a 4 km grand max du nord au sud, facile.

Arrivés côté sud, se dresse la première difficulté : les boliviennes faisant barrage sur le ponton décidées à nous faire payer le droit de passage, que l’on y dorme ou pas. François, énervé, pensant à une arnaque, tente de passer en force, moi je me dis qu’on va dormir sur leur île, qu’ils peuvent nous retrouver, et nous faire disparaître secrètement, que je ne veux pas d’ennuis avec la population locale, alors je paie les 5 bolivianos chacun qu’elles nous réclament. Seconde difficulté : faire comprendre aux enfants qu’on peut trouver une pension sans eux, de toute façon ne compte pas sur un pourboire, vu qu’on vient de se faire arnarquer pour avoir le droit de monter sur ton île. Raté, l’un d’eux s’acharnera quand même à nous suivre. Troisième difficulté : l’escalier de l’inca, à savoir 500 marches pour atteindre le sommet de l’île et le village où l’on compte trouver de quoi dormir. François n’aimant pas certains des gens qui étaient sur le bateau avec nous (si vous connaissez François, vous comprendrez ce que je veux dire …), nous sommes partis sur les chapeaux de roues, et je manque m’évanouir, sous les yeux narquois des habitants du village qui font ça en courant toute la journée pour arnaquer accueillir avec bienveillance les touristes. En plus, il faut se pousser pour laisser passer les troupeaux d’ânes et de lamas qui descendent. Je trouve la scène jolie et typique, François pense qu’ils sont là pour la photo et vont nous réclamer des sous, alors nous n’aurons pas de photos des descentes de troupeaux d’ânes avec leur bergère en tenue bolivienne typique.

M’étant mis en tête de dormir à l’hôtel Templo del Sol, sur les conseils avisés du Lonely, nous refusons les logements que nous trouvons en chemin, au grand désespoir du gamin qui nous suit toujours. On arrive finalement à l’hôtel en question, on négocie la chambre, on “emprunte” du papier toilette dans la chambre à côté, la gérante ayant ouvert des grands yeux étonnés lorsque nous lui en avons demandé. Décidément, plus le temps passe, plus les conseils avisés du Lonely me semble surfaits …

Rencontrant un couple de Français retraités que nous avions déjà rencontrés dans le bus pour Copacabana, nous décidons de suivre leur exemple et de partir voir le coucher du soleil sur le Lac, chaudement recommandé par le Lonely. Enfin, après avoir bu un verre, car il y a au pire 4km, d’après l’échelle du Lonely, jusqu’au nord de l’île, le point de vue pour le coucher du soleil doit s’atteindre rapidement, non ?

Partis donc voir ce fameux coucher de soleil, on arrive au bout d’un temps certain à l’entrée du chemin inca proprement dite. Là, un messieur fort sympathique nous réclame de l’argent. Mais on a déjà payé monsieur, lui dis-je en sortant mon coupon prouvant l’arnaque du ponton. Ah non, ma petite dame, vous avez payé les 5 bolivianos réclamés par la communauté Yumani, là il s’agit de 15 pour la communauté Challa. Mais monsieur, on va juste regarder le coucher du soleil ! François, ne frappe pas le monsieur s’il te plaît, je te dis qu’ils peuvent nous retrouver et qu’on va avoir un “accident”. Pour le coucher du soleil, c’est 10. Mais le ticket sera valable demain ? Non, il faut payer celui à 15. Pas le choix ? Non. Bon d’accord, on paie alors, mais c’est bien parce que je suis sûre que sous vos airs sympathiques vous êtes dangereux. C’est sûr que demain on ne paie pas et qu’on n’a plus de frais d’entrée à payer sur votre île pourrie, hein ? Oui, oui, c’est sûr, en plus je vous donne un papier avec un plan tout pourri derrière des 8km à faire avant d’arriver à la pointe nord. 8km ? mais le lonely … ? Et le coucher du soleil, il est pas à 8km au moins ? Mais non, juste derrière cette colline. Bon, juste derrière cette colline, ça va, on y va alors.

3 montagnes éprouvantes plus tard, on arrive sur un talus où on voit enfin le Lac, et le soleil se couchant sur le Lac, à peu près. On abandonne l’idée d’aller au Mirador sans doute à peine plus loin. Heureusement que les panoramas sont superbes, ça récompense un peu l’effort physique.

On rentre dans le noir, avec nos lampes, dépassés par les troupeaux d’ânes. On trouve un resto pas terrible, et on tente de regarder un bout de film avant de se coucher, épuisés, plus du tout sûr de faire le trajet du lendemain, l’île tapant franchement sur les nerfs de François.

Le lendemain, donc, après avoir tergiversé, on décide de faire malgré tout les 8km. Bon, je vous épargne (pour une fois) les détails (en fait, j’ai rien à dire, si ce n’est que ça a été dur), je vous laisse regarder les photos.

Au péage (où ils ont essayé de nous refaire payer), on a quand même appris qu’il y avait un départ l’après-midi de la pointe nord, ce que le Lonely ne disait pas, ce qui nous a rassuré dans l’idée qu’on n’aurait pas à faire le retour.

10,5 km plus tard, on arrive sur les rotules au port de la pointe nord. Il y a bien un départ à 13h30, mais il va à la pointe sud, il y a une heure d’attente à la pointe sud, et ensuite il repart à Copacabana. Bon d’accord, 20 bolivianos par personne. PARDON ? pour venir ça coûte 10, l’aller-retour acheté sur le port coûte 15, et vous voulez qu’on paye 20 le retour ????? Et oui ma p’tite dame. Mais c’est plus l’île du soleil, c’est l’île de l’arnaque ?? Ben voilà.

Incapables de faire le retour jusqu’à la pointe sud, n’ayant aucune envie de dormir un jour de plus sur cette île, on paie, et on va attendre le départ du bateau. On a découvert, arrivés sur la pointe sud, que le tarif était bien de 20 bolivianos pour le retour, et qu’on ne s’était pas fait avoir parce que c’était visible qu’on n’avait pas le choix.

De retour à Copacabana, on se précipite acheter les billets de bus pour le lendemain 13h30 pour la Paz, histoire d’être sûrs de partir. Plusieurs compagnies proposent des places, on se décide pour Tour Peru, compagnie pas mal, et un peu moins chère que la seconde qu’on a vu. En fait, on découvrira le lendemain que, quelle que soit la compagnie que vous choisissez, vous serez de toute façon dans le même bus que les autres, alors on aurait pu faire le tour des compagnies et choisir la moins chère.

Le lendemain matin, on prépare le départ, et on abandonne l’idée de faire un tour de pédalo sur le Lac (snif snif, un grand regret en ce qui me concerne), pour visiter la Cathédrale de Copacabana. Vraiment superbe et étonnante, toujours dans le style baroque mais étonnante malgré tout. Elle est réputée, et attire des pélerins de tout le pays. Il y a des bénédictions de voitures, collectivos, … fleuris pour l’occasion.

Nous partons sans regret pour La Paz. Autant le Lac Titicaca était mythique, autant les visites qu’on y a faites n’ont pas fait partie des moments les plus agréables de notre voyage, que ce soit côté bolivien ou péruvien. C’est sûr que quand j’imaginais ce lac j’avais la vision d’une barque à voile glissant sur l’eau dans un silence absolu, et des autochtones à peine touchés par la civilisation, autant pour mes illusions : il faut que j’arrête les reportages sur les voyages.

Entrés les premiers dans le bus (comptez sur notre fière expérience de parisiens s’engouffrant dans le métro pour avoir la dernière place assise au mépris des personnes agées), nous choisissons le côté droit du bus (le côté gauche lorsque vous entrez dans le bus), ayant fait de savants calculs pour déterminer quel côté était le plus adapté pour pouvoir prendre La Paz en photo. Gagné !

Le bus Copacabana-La Paz n’est pas un direct, quoi que puissent vous faire croire les agences. Il y a un arrêt pour faire passer le bus sur un “bac”, quoique “barque” serait plus approprié. Pendant ce temps, vous payez 1,5 bolivianos pour être transporté dans un bateau à moteur, et vous attendez sur l’autre quai en observant avec angoisse la frêle barque transportant votre bus qui contient une bonne partie de votre vie.

Cet arrêt fut l’occasion d’apercevoir Anne-So et Emile, les 2 parisiens en vadrouille dont nous avions fait la connaissance à Cusco ! En route pour La Paz eux aussi, rendez-vous est donné pour se recontacter là-bas.

Que dire de La Paz ? Capitale mythique de la Bolivie, surplombée par la cité d’El Alto à la réputation peu fameuse, la seule ville au monde où les riches vivent en contrebas et les pauvres dans les hauteurs. Ville surpeuplée et bruissante, toujours en mouvement.

L’hôtel que nous avions choisi était malheureusement plein lorsque nous sommes arrivés, c’est bien la première fois que ça arrive depuis le début du voyage. On en choisit un autre, et décidons de changer dès le lendemain car il n’a pas d’internet. Et oui, ce critère fait désormais partie des critères fondamentaux, avant le petit déjeuner. Pour une ou deux nuits, on fait un effort, mais pas pour plus (ou alors il faut que l’hôtel le mérite, comme notre hôtel à Sucre, où si l’on avait le temps, on resterait des semaines).

Ressortis dans la foulée, on visite d’autres hôtels, et on se décide pour un hôtel en plein dans la rue Sagarnaga, avec internet et petit déjeuner, où l’on découvre avec stupeur l’autocollant ADEO, l’agence avec laquelle nous étions partis en Inde. Manque de chance, la rue Sagarnaga, si belle dans la photo du Lonely, ainsi que les rues environnantes, sont en travaux.

Le lendemain, après le changement d’hôtel, sera l’occasion de notre première vraie visite dans La Paz, suivant en cela l’itinéraire de ballade du Lonely. Ville vraiment étonnante mais épuisante, car il n’y a plus une rue plate, on passe notre temps à monter et à descendre. En plus, conséquence attendue du fait que la ville soit dans une cuvette, l’air est très pollué, les fumées noires qui sortent des bus et des collectivos donnent une idée assez précise de ce que l’on respire. On continue la visite du Lonely (finalement très courte) par la descente du Prado (cette avenue qui descend jusqu’au quartiers riches de la ville porte d’autres noms suivant le tronçon, mais en bonne marseillaise je n’ai retenu que celui-là, qui va donner l’occasion à François de faire la blague : “et quand est-ce qu’on arrive au David ?” private joke pour les gens qui connaissent Marseille).

Le soir, on retrouve Anne-So et Emile pour un petit repas et une soirée à écouter de la musique dans une peña. Le repas confirme ce que nous avions remarqué sur le service bolivien : il est trèèèèèèès lent, même si vous êtes seul dans la salle. Le temps de rentrer à l’hôtel, un peu après minuit, alors que les rues sont pleines de monde, de vendeurs de rues, d’animation, et évidemment de gens éméchés, on découvre que la grille de l´hôtel est tirée, et qu’il faut appeler le gardien de nuit pour pouvoir entrer. A priori, c’est dangereux la nuit, ça ne le paraissait pas.

Le lendemain, après une petite matinée tranquille, on part avec Anne-So et Emile pour les hauteurs d’El Alto. Vous vous souvenez d’Eva et François qui ne voulaient pas mettre un pied à la Boca à Buenos Aires ? qui ont préféré éviter Copacabana et Ipanema le soir et les bars de Lapa à Rio ? Ben voilà, maintenant on monte allègrement à El Alto, en collectivo, ayant décliné l’offre de prendre le bus touristique plus cher, pour l’animation phare du dimanche après-midi à El Alto : la Lucha Libre. Oui, vous avez bien lu, on a passé l’après-midi dans un gymnase à regarder de la Lucha Libre, une sorte de catch (je ne connais pas suffisamment le catch pour expliquer la différence). Dans la queue, en attendant l’entrée pour le spectacle, on a rencontré Valery, un français qui parcourt l’Amérique du Sud depuis 8 mois, qui lui était arrivé beaucoup plus tôt et avait mangé sur le marché d’El Alto, tout seul, alors que nous on était monté à 4, plein d’adrénaline (en tout cas pour moi), on s’est senti petit joueur …

Et bien, pour en revenir à la Lucha Libre, il ne sert à rien d’arriver trop tôt, et de faire la queue : ils font passer les touristes en premier pour leur vendre les places à 50 bolivianos, au lieu de 15 pour les autochtones. Etant donné qu’il est marqué explicitement qu’ils peuvent refuser de vendre les billets normaux aux touristes, on n’a pas eu trop le choix. En contrepartie, on a eu des places VIP, juste à côté du ring, un snack et 2 coupons pour aller aux toilettes. Super, ça a fait rire les boliviens à qui on a parlé dans la queue devant nous. Un petit conseil si vous êtes intéressé et que vous avez l’occasion d’y aller : les places VIP sont sur des chaises (les boliviens sont dans les estrades), lorsque vous choisissez votre rangée prenez-en une où il n’y a pas d’autres rangées devant. Le bolivien en charge de nous indiquer où aller nous a dit que la rangée devant était interdite (pour les invités des combattants, me suis-je dit, comme le carré VIP dans les concerts), on a respecté ça, et ben c’est faux, au bout d’un moment vous avez d’autres touristes qui viennent devant, et je me suis encore retrouvée avec un grand devant. Franchement, j’aurais préféré les estrades. Le bon côté des choses, c’est qu’en étant au second rang, vous n’êtes pas victimes des plaisanteries des combattants …

La lucha donc : c’est parfois violent, et souvent très drôle. Il y a des hommes et des femmes qui se battent. Alors que les hommes ont des tenues bariolées et très différentes, les femmes ont la tenue classique bolivienne : la jupe avec les multiples jupons, le châle, les tresses et le chapeau melon. Les boliviens les appelent les cholitas, de “chola”, qui est l’appellation d’une bolivienne habillée de façon typique. Les lutteurs montent sur le ring sur la musique de Rocky, Eyes of the Tiger, (François me précise Rocky 3) sous les acclamations et les applaudissements du public. Lorsqu’il y a un combat entre un homme et une cholita, les choses se passent de la façon suivante : elle perd au début et en prend plein la tête (mais vraiment, on a mal pour elle, on a du mal à croire que c’est pour de faux), sous les sifflets du public, et finalement reprend les choses en mains, et met une raclée à l’homme, sous les encouragements du public ravi. L’arbitre est souvent de mèche avec un des combattants en présence, et profite que l’autre soit à terre pour lui filer des coups.

On a eu une fois des combattants qui étaient clairement d’un niveau au-dessus, mais sinon c’est plus du spectacle que du vrai combat. Le seul regret, c’est qu’on n’a pas compris ce que les gens disaient, car avant chaque combat il y a une présentation et les combattants et l’arbitre s’apostrophent.

Sortis à 19h30, dans la nuit, maintenant au nombre de 6 avec Valery et Agnès (une autre française), on réussit à trouver un collectivo, qui fait la descente vers le centre rien que pour nous, alors qu’il était parti pour remonter. Sympa, on n’en menait pas large, à attendre sur le bord de l’autoroute.

J’ai oublié de préciser : voici l’acquisition de François.

Désolée pour tous ceux qui auraient aimé en avoir un, en plus du prix exhorbitant de cette petite chose (pour la Bolivie), on ne va pas trimbaler ça des mois.

Après une petite soirée bien française à parler cinéma, théâtre, Paris, etc, ça fait bizarre de se retrouver dans les rues de La Paz.

Le lendemain, journée tranquille, on se ballade dans les quartiers riches (ça change vraiment), et François réserve son activité pour le lendemain : il est décidé à faire la Route de la Mort en VTT, moi j’ai décidé de ne pas l’accompagner. Mais il ne veut pas faire le tour classique, il choisit ce que seule une agence propose : le Downhill Delirium (roulements de tambour). Là, je lui laisse la parole, il va vous raconter ça mieux que moi qui n’y étais pas.

François : La journée a commencé tôt ce qui m’a changé des derniers jours où on se réveillait uniquement pour aller prendre le petit-déjeuner de l’hôtel (inclus dans le prix). A 6h45 me voilà à la porte de l’établissement qui accueille les riders matinaux : le petit-déj est généralement inclus dans le prix de l’excursion. A la table à côté il y a un groupe de 3 personnes, je commence à sympathiser. Arrive un cinquième candidat (Paul le canadien). Deux tasses de café plus tard le guide arrive. Je commence à me lever et prendre mes affaires quand le gérant de l’établissement me dit : non vous c’est B-side ce n’est pas votre guide. Ok, donc on ne sera que 2 aujourd’hui. Notre guide arrive avec 4 vélos : un pour moi, un pour Paul, un pour le guide et un dernier au cas où. Nous faisons une petite heure de bus et rejoignons le lac point de départ à 4700 m.

On nous donne les vélos, les genouillières, les casques, les pantalons, les gilets avec notre nom et les capes de pluie. Pour s’habituer au vélo, Paul me dit “Let’s go on the top over there, near from the christ” ce qui veut dire environ : “Pas cap d’arriver avant moi au sommet là où il y a la statue du christ”. Ok Paulo on y va. Deux coups de pédale plus tard, nous sommes en train de cracher nos poumons à cause de l’altitude : impossible de reprendre notre souffle. Le chauffeur nous appelle dans le genre : “Mais qu’est ce que vous foutez redescendez votre guide est prêt à partir” ce qui en bolivien se dit approximativement : “Vamos”.

Dans le mini-bus Paul m’a confié être débutant en VTT et n’avoir pas payé pour le circuit technique que j’avais choisi avec les single tracks. N’ayant qu’un guide on se demande ce qu’il va se passer. En fait on emprunte bien le circuit technique et Paul devra s’y faire. Il ne fera cependant pas les descentes à 400% que je dois emprunter avec le guide. Première descente, le guide m’explique de faire comme lui : facile. J’observe bien son pilotage et me lance. A ce moment là je m’aperçois que je n’ai pas lancé mon GPS pour prendre la trace et freine mon vélo qui lui est déjà lancé dans la pente. La main gauche lachée pour appuyer sur le bouton de ma montre, je perds l’équilibre et passe par dessus mon vélo. Je me retrouve par-terre coincé entre le cadre et la roue avant : la classe ! Heureusement le guide n’a rien vu, je ne perds pas la face.

Après avoir retrouvé Paul qui a pris la route sinueuse (alors que nous on passe tout schuss à flanc de colline) re-belote. Cette fois-ci, je freine un peu trop de l’avant et passe encore par dessus mon vélo. Un petit signe de la main au guide pour dire que tout va bien, je n’arrive pas à remonter sur mon vélo (la pente est trop raide) je le descends à la main en glissant dans la pente.

Paul lui s’amuse comme un petit fou et nous rejoint tout content. Je suis déjà plein de bleus. Nouveau passage technique je le maîtrise plutôt bien. Le guide me filme lors de ma descente et Dix de Der.

Oui car là j’ai arrêté les frais et j’ai refusé le quatrième single que me proposait le guide. J’ai continué à descendre avec Paul le laissant un peu derrière pour montrer que même si je me suis gauffré trois fois je peux tout de même rouler plus vite que lui. En plus lui a chuté une fois sur le chemin classique : la honte !!!! ;o). Bref sinon le paysage traversé est magnifique, de longues périodes de descentes (10 à 15 minutes) et à l’arrivée le bus qui est là pour vous remonter vers le début de la “route de la mort” (Tin, tin, tinnnnnnnn).

Là, les consignes sont un peu plus sérieuses : François on ne chute pas ! On fait gaffe aux camions qui montent, aux autres groupes qui descendent et on revient en vie (ah non ça c’est la consigne d’Eva). Le chemin est très chaotique et cela fait mal dans les mains et les doigts (qui servent à freiner d’où le coup de stress). Au fur et à mesure on prend confiance et je suivrai le guide de pas loin (sauf quand il veut vraiment nous semer pour prendre des photos et là je ne l’ai plus suivi). Paul lui est suivi par la voiture-balai. Il me confiera s’être arrêté pour prendre plus de photos : le groupe cool quoi. Le virage en à pic, la chute d’eau, la grosse flaque : les scènes sont jouées sur demande du guide. On arrive ensuite à un point de contrôle : 25 bolivianos pour emprunter la route. Le chauffeur nous propose un snack : gateau, coca et crackers. Je bois le coca, donne le gateau à une petite fille et le reste de mes crackers à un chien. On en profite pour se mettre en tee-shirt car il fait chaud : nous sommes à 1500 m d’altitude maintenant.

Le reste de le route est moins impressionant : on peut aller plus vite. Nous arrivons à Yolosa où, après une bière bien méritée, nous reprenons le mini-bus pour aller à l’hôtel à Coroico. Douche, billard et déjeuner. Le guide nous propose de retourner à La Paz soit par la route asphaltée (3h30 et fatiguante), soit par la route que nous avons descendu (3h, dangereuse mais avec plein de photos à faire). Nous prenons la deuxième option. La place en VTT étant déjà un peu juste à certains endroits, celle en mini-bus est encore plus juste. Surtout quand les gros bus empruntent cette même route dans l’après midi. Pour les photos on repassera, la lumière n’était pas top et le mini-bus bougeait beaucoup. Nous aurons tout de même croisé un gamin bolivien qui descendait la route en trotinette (respect) et un cycliste qui, lui, remontait la route (double respect). Revenus à l’agence on a le droit au tee-shirt offert et au cd de photos / vidéos disponible dans 45 minutes. Je retrouve Eva à l’hôtel et lui montre tout fier les photos et le profil de la descente.

Eva : pendant ce temps-là, à La Paz, je n’ai pas fait grand chose, j’ai trouvé une librairie où l’on peut emprunter des livres, et j’ai fait la lessive. J’ai stressé aussi, un peu, mais bon, il est revenu (fatigué), je lui ai même dit qu’il avait le droit à une bière (alors que d’habitude il n’a pas le droit mais il le prend quand même).

Le lendemain (on est mercredi-là), on n’a pas fait grand chose, car il était fatigué. On a visité le musée de la coca, très didactique. Je vous fais le résumé : la coca c’est bien, la cocaïne c’est mal, alors réglez vos problèmes de drogue et laissez-nous consommer notre coca. Et puis, il a regardé le match de foot (je ne sais plus lequel).

Jeudi, on est parti au terminal acheter nos billets pour le lendemain, et visiter de jour la calle Jaen, fort jolie.

Ensuite, on se lance dans la mission impossible : faire remplacer la batterie de mon lecteur mp3 qui fait des siennes. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, alors que les magasins de réparation de téléphones et de lecteurs mp3 sont légion, ce n’est pas chose facile. Sur internet, ils préconisaient une batterie de Nokia, trouver ici la même batterie est quasi chose impossible. D’abord, ils n’ont que des sous-marques, les batteries de marque proviennent certainement de vieux téléphones. Ensuite, la batterie est pour un modèle de Nokia qu’ils ne vendent pas couramment. Enfin, pour une raison inexpliquée, certains ne veulent pas faire la vente, ils ne cherchent pas dans leur stock, disent qu’ils ne l’ont pas alors que la batterie en question est bien visible en vitrine. Rajoutez à tout cela qu’ils ne parlent qu’espagnol, je vous jure, vous permet d’imaginer la difficulté de l’opération.

Les réparateurs sont souvent d’accord pour ouvrir la machine, une fois qu’ils ont compris que la batterie est morte (“la bateria esta muerta”, je suis désormais quasi bilingue en réparation électronique), et après tripotage veulent mettre n’importe quelle batterie, mais là je m’obstine et veut la batterie du Nokia. J’ai un lecteur qui peut tenir 50h facile en écoute, je ne vois pas l’intérêt de changer pour n’importe quoi.

Sur les bons conseils d’un réparateur, on finit au quartier de l’électronique, rue Eloy Salmon pour ceux que ça intéresse. Et là, c’est à voir : des boutiques de téléphones/téléviseurs/appareils photos partout, les réparateurs adéquats forcément aussi, ainsi que ceux qui proposent de craquer les consoles et vendent des jeux vrais ou faux. De quoi vous donnez une autre idée du piratage, le piratage avec pignon sur rue. D’après moi, si ça a pignon sur rue, c’est légal. Mais comme on est parti sans console, et sans lecteur de DVD, on ne peut malheureusement pas en profiter.

Donc, on finit par laisser tomber l’idée de trouver la batterie et faire réparer le lecteur dans la même boutique. On finit par trouver la batterie, après avoir convaincu le vendeur en train de jouer que, contrairement à ce qu’il disait, oui il a la batterie dans sa vitrine. Donc, batterie ok. Ensuite, on trouve un réparateur, qui fait ça bien, tout se charge. Après le temps que ça nous a pris, on aurait pu sabrer le champagne.

Malheureusement, mon lecteur a fonctionné la soirée, et a refusé de s’allumer le lendemain dans le bus, il semble donc qu’il y ait un problème électronique plus grave. A cause de ça, j’ai été obligée de subir la musique (nulle) des chauffeurs toute la nuit. Si ça les empêche de s’endormir au volant…

Les bus camas boliviens sont bien en dessous des bus péruviens. Il semble que ce sont des vieux bus brésiliens. Au moins, ils ont fourni une couverture, ce qui ne nous a pas empêché d’avoir froid, car le bus n’était pas chauffé du tout. Donc on a passé une mauvaise nuit, et le lendemain matin le bébé qui était derrière nous a vomi sur mon siège (et sur la polaire de François qui me servait de coussin). On n’a même pas un mot d’excuse des parents.

Heureusement, arriver à notre super hôtel de Sucre nous a remonté le moral, on a eu une bonne impression dès le début alors qu’on ne pouvait même pas encore accéder à la chambre … Quand on a vu la chambre, on est définitivement tombé sous le charme : rendez-vous compte, elle est aussi grande que notre ancien appart à Paris !!! Avec de l’eau chaude à volonté et au gaz !

En 2 jours à Sucre, on a pu se balader un peu, visiter l’église de la Merced (j’ai failli rester coincée sur le toit, je n’osais plus redescendre, la honte), et se plonger dans l’histoire de la Bolivie en visitant la Casa de La Libertad.

On est aussi monté au Mirador de la Recoleta, admirer la vue sur la ville.

Et puis, on a … euh … passé plusieurs heures dans les cybercafés. C’est qu’entre les prochaines étapes à préparer, ainsi que la Polynésie, et pleins d’autres choses, on a beaucoup de choses à faire !

Départ prévu mercredi pour Tupiza, on devrait arriver vers minuit. A notre grand désespoir, notre fabuleux hôtel est plein la dernière nuit, on doit changer. Snif. Le bon côté des choses, c’est que l’on va dormir dans la maison du consul !!!

On commence à être pris par le temps … Dommage que nous n’ayons pas plus de temps à consacrer à la Bolivie, on aurait vraiment voulu voir plus de choses. En plus, on n’aura pas le temps de faire grand chose au Chili (alors qu’on avait pensé pouvoir faire l’île de Chiloé - mais si, souvenez-vous, Tahiti-en-Bretagne !).

Bonne nouvelle, comme quoi tout arrive, avec ce billet on rattrape le retard et on se retrouve en temps réel.

Le prochain billet devrait raconter la fin de nos aventures en Bolivie, et sera sans doute posté du Chili, vu qu’on va passer dans une zone sans internet. Quand par contre, c’est une autre histoire… Alors si vous n’avez pas de nouvelles dans les prochaines semaines, ne vous inquiétez pas. Par contre, commentez beaucoup, qu’on ait une agréable surprise en revenant …

Bises à tous

Eva et François

PS : La dernière photo a été prise et mise sur ce blog contre ma volonté.