Loin, loin, loin ... le blog d'un Tour du Monde

A Cuzco l’altitude est de 3400 mètres et les organismes ont du mal à suivre. Nous avons un hôtel dans le quartier San Blas qui se trouve plus haut que la Place d’Armes. Tous les soirs nous avons donc droit à 71 marches jusque notre chambre. Tous les hôtels mettent à disposition du maté de coca (thé effectué avec les feuilles de coca) qui nous est bien utile malgrè son goût de soupe aux poireaux.

Le soir de notre arrivée nous allons visiter la place d’armes et nous découvrons les rabatteurs des restaurants, les offres de massages, les ventes d’objets en tout genre et les propositions d’informations qui tombent sur les touristes comme un rapace sur sa proie. Ayant fait 3 semaines en Inde nous trouvons le harcélement léger car il suffit d’un “No Gracias” pour le stopper (ce qui n’est pas possible en Inde car ils vous poursuivent …). Nous essayons de trouver un restaurant sans rabatteur ce qui n’est pas chose aisée. Retour à l’hôtel pour une bonne nuit sous les couettes car il fait 15°C dans la chambre.

Le lendemain matin nous nous levons relativement tôt et marchons (après le petit déj quand même faut pas pousser) en direction du terminal des trains pour acheter nos billets vers la station Machu Picchu. A 10h00 il y a déjà du monde et nous attendons une petite demi-heure en regardant le film promotionnel qui vous montre comment c’est génial de voyager dans un beau train avec service de qualité, repas gastronomique, fenêtres panoramiques et gens tout souriants à l’intérieur. Ceci pour la modique somme de 200 US$ par personne … En plus c’est même pas le train pour le Machu car il est limité depuis les dernières inondations qui ont coupé la voie ferrée.

Nous, nous prenons un train en catégorie “Backpackers” à 48$ tout de même … Il existe une catégorie “Nuevo Backpackers” avec des fenêtres plus larges pour admirer le paysage mais nous ne l’aurons qu’au retour le soir lorsqu’il fait nuit et qu’on ne voit rien ! En fait à cet instant pour 79$ par personne aller/retour à Ollantaytambo nous nous faisons refourguer les pires places du train mais nous le saurons que bien plus tard. Nous repartons avec le sourire.

Nous allons également chercher des places pour le trajet Cuzco-Puno (sur le lac Titicaca) chez Cruz del Sur la meilleure compagnie du Pérou (mais plus onéreuse). La femme du guichet nous dit qu’il n’y a pas de liaison dans ce sens qu’il faut prendre un billet chez son collègue de “Terra-Bus” qui propose les même service. De même à ce moment là nous nous embarquons dans un plan pourri avec cette compagnie que nous ne recommandons pas … et nous le saurons toujours que plus tard (trop tard même). La matinée était fructueuse en déceptions futures.

Nous pouvons enfin aller visiter Cuzco en prenant un taxi depuis le terminal pour la Place d’armes à 5 soles (que nous avons payé 10 en arrivant). Nous passons dans des petites rues entourées de murs Incas (qui se distinguent assez bien des murs non incas) et débouchons sur le couvent qui a été construit sur l’emplacement du temple Inca Koricancha. La visite est intéressante car elle présente justement ce contraste entre la religion catholique amenée ici par les espagnols et la civilisation Inca avec ses croyances, ses îcones (le puma, le serpent, le lama, le condor …) et ses constructions robustes qui ont été bien démolies par les espagnols.

Dans les rues de Cuzco il y a aussi les femmes habillées en habit traditionnel qui se baladent avec un Lama, un alpaga, un bébé alpaga ou des fois un agneau (pour faire croire) et qui vous proposent de les prendre en photo pour la modique somme de 1 sole (je vous fait pas la conversion en euro ça change tout le temps mais ça devrait bientôt faire 1 euro). Par principe de ne jamais payer pour une photo qui n’est pas naturelle mais tout en voulant illustrer ce phénomène courant dans le centre touristique j’en vole une en sortant du couvent avec un résultat satisfaisant.

Après le couvent St Catalina (pas top) nous sommes bien fatigués par cette journée. Nous allons manger un steak d’alpaga moins bon que le lama gouté à Tilcara car ici ils préfèrent tuer les alapagas lorsqu'ils sont vieux (ils sont plus rentables de leur vivant que les lamas). Nous avons pour l'instant résisté à la tentation de gouter au Cuy (cochon d'inde) vu le prix proposé par les restaurants dont ce n'est de plus pas la spécialité. Retour à l'hôtel, maté de coca (on s'y fait à ce gout de poireau) et dodo toujours assez frais.

Le 1er Juin nous arrivons tard sur la place d'armes et comme nous n'avons pas envie de rechercher un restau pendant des heures nous allons au Mc Do (il n'y a pas de Mc Cui) avant de visiter les églises de la place. Nous commencons par la cathédrale (25 soles "no photo con o sin flash") qui se composent en 3 bâtiments : l'église de la Sagrada Familia (plus simple que celle de Barcelone tout de même), la cathédrale et le temple du triomphe. Les audioguides gratuits en français nous ont bien servi pour comprendre un peu ce qui nous entoure et l'histoire de l'installation de la religion catholique dans ce fief inca qu'était Cuzco. Nous sommes mardi et tout le monde s'active pour préparer la grande fête de Jeudi : le Corpus Christi. Une Procession dans la ville avec la Vierge installée sur le char tout en argent est prévue. Ceux-ci sont même déjà prêts à partir dans un coin de la cathédrale ce qui nous posera quelques interrogations lorsque l'audio-guide nous les commentera à leur place d'origine. Nous ne pourrons pas assister à cette fête car nous serons au Machu Picchu ce jour-ci. Sur la place d'armes ils décorent les devants des églises avec des structures en bois où sont présentés tous les saints.

Nous continuons la visite avec l'église de la compagnie de Jésus (les jésuites) (10 soles par personne) qui ont essayé de faire mieux que tout le monde avec un autel tout en or. Toujours les audio-guides gratuits et pas de photo avec ou sans flash. Tant pis personne ne me voit devant l'autel ... Clic.

Nous finirons la journée par le musée Inca qui ne vaut pas franchement la peine de débourser 10 soles par personne sauf si vous voulez vraiment voir la mise en scène de momies Incas dans l'une des dernières pièces. Le musée d'art pré-colombiens vaut largement plus le coup et présente des pièces de toutes les civilisations d'Amérique du Sud (pas seulement Inca).

Ce 2 juin le grand jour est arrivé. Nous laissons les gros sacs en garde à notre hôtel "hosteria de Anita" où les gens sont très sympas, un dernier petit maté de coca avant de prendre un taxi appelé par l'hôtel (faire attention aux faux taxis à Cuzco). Nous demandons à l'hotel combien coute le trajet vers le terminal : 8 soles. Au taxi nous reconfirmons avec lui le cout du trajet : "L'hotel vous a dit le prix" ... "Heu oui 4 soles" ... "Oui c'est ça"! Toujours s'accorder sur le prix avec le taxi ! ;o)

A 7h00 nous sommes bien au terminal de la gare ferroviaire de Cuzco. A cause des dernières intempéries le trajet va commencer par 2 heures de bus. Des dizaines de mini-bus se suivent sur la route vers la station provisoire un peu après Ollantaytambo. Là tout le monde descend et monte dans le train. Nous sommes dos à la marche, au bout du train (places 1,2,5) avec une toute petite fenêtre où ne tiennent pas les beaux paysages que nous traverserons. Eva est déçue, la journée commence mal.

Nous arrivons à Aguas Calientes à 11h45. Nous avons le temps de chercher une adresse où dormir. Il y a beaucoup d'hotels et d'auberges ici car c'est le point de départ vers le Machu Picchu caché juste derrière les montagnes. Les prix et les prestations varient beaucoup. Nous négocions une chambre triple basique avec salle de bain privée pour 55 soles la nuit. Nous devons nous lever de toute façon assez tôt le lendemain, le confort n'est pas la priorité. Nous allons ensuite directement acheter nos entrées au Machu Picchu au centre d'informations (126 soles par personne) et récupérons quelques renseignements sur le site. Annie et Eva décident de prendre le bus pour y accéder (20 soles l'aller par personne), moi je tente la montée à pied.

L'après midi, par curiosité, nous nous engageons sur le chemin vers le Machu Picchu. Cela me permet de repérer le trajet que je ferai à partir de 3h30 en pleine nuit le lendemain matin. 2 km 200 jusqu'au pont (20 minutes) puis les escaliers sur 2 km avec 400 mètres de montée (1 heure). Nous n'allons pas trop loin pour éviter de gaspiller de l'énergie. Nous assistons au défilé des bus qui à cette heure remontent vides et descendent pleins.

Le soir nous nous couchons tôt après manger pour être prêts à 3h30 pour moi et 4h15 pour Annie et Eva qui veulent avoir "un peu d'avance" pour le premier bus de 5h30. Pourquoi tout ce stress et ces reveils hyper-matinaux alors que nous avons déjà tous nos billets me direz-vous ? En fait le "Machu Picchu" qui veut dire "vieille montagne" est la montagne où se trouve le site inca avec ses ruines et ses temples. Sur la célèbre photo, que vous avez tous vu au moins vingt fois, le site est au premier plan et la montagne qui est derrière se nomme "Wayna Picchu" qui veut dire "jeune montagne". Il est possible d'escalader le Wayna Picchu mais il faut arriver dans les 400 premiers et faire tamponner gratuitement son billet d'entrée pour l'ascension de 7h ou de 10h. Après ce n'est plus possible. Autant dire qu'il y a de la concurence dans la montée du matin.

A 3h45 je suis sur la place du village en train d’attendre que ma montre GPS Garmin se décide à capter au moins trois satellites pour me réperer et enregistrer la trace du trajet vers le Machu Picchu. 3h50 je commence à marcher et remarque des gens attendent déjà le bus ! Je double rapidement un groupe et arrive au premier check-point juste devant le pont : vérifications des billets et des passeports. Cela évite à ceux qui n’ont pas compris qu’il fallait l’acheter à Aguas Calientes de monter tôt pour rien. Je commence à grimper les marches sur un rythme trop important pour ma pauvre condition physique négligée depuis bien longtemps … Je rattrape un autre groupe d’américains mais étant sur le même rythme je les laisse prendre de l’avance en essayant juste de ne pas cracher mes poumons.

Après environs une heure j’arrive enfin au sommet : le groupe d’américains est là et un couple est arrivé en premier : ils sont français cool ça fait de la conversation en attendant l’ouverture du site à 6h00 du matin. Au moment des tampons pour le Wayna Picchu ils ont les numéros 1 et 2, j’aurai le numéro 3 car je discutais avec eux bien devant le groupe d’américains. Je sais c’est triché mais bon je suis content ;o)

A 5h30 un bus arrive, des gens descendent et vont directement devant les portes d’entrée en doublant les quelques 70 personnes présentes. Tout le monde commence à protester : en fait ce sont les employés du site … Les touristes arrivent eux à 6h00 avant l’ouverture des portes : Annie et Eva arrivent avec le 4ème bus car à 4h20 il y avait déjà beaucoup de monde. Elles auront tout de même leur entrée pour le Wayna Picchu qu’elles choisissent à 10h00 en pensant que j’avais fait de même … Hé bah non.

Le site ouvre je n’attends pas Annie et Eva et me précipite au point de vue le plus célèbre du monde juste à l’escalier à gauche en entrant vers “la maison du gardien”. Le chemin grimpe affreusement et mes jambes commencent à protester. Il n’y a personne, je prends les premières photos de la journée. A cette heure-ci le soleil est encore derrière les montagnes et vous pouvez avoir le site et le Wayna Picchu dans la même luminosité.

Je retrouve ensuite Annie et Eva. On remonte ensemble prendre des photos et admirer le lever de soleil sur le site vers 7h00. Annie ne se sent pas de grimper le Wayna Picchu, elle me donnera son billet pour l’accès à 10h et on se dirige vers le “Pont Inca”. Le chemin grimpe toujours et serpente à flanc de montagne. Nous arrivons au pont Inca qui était avant accessible avant qu’un touriste ne se tue bêtement en l’empruntant. Depuis il y a une planche à la place des pierres manquantes et nous ne pouvons plus y accéder.

Nous redescendons dans la cité prendre une pause et commencer la visite des ruines. Les escaliers sont rudes et c’est assez fatiguant de faire tout le site. Il est déjà 9h30 je me dirige vers le Wayna Picchu. Annie et Eva continuent leur visite avec le temple du condor, l’observatoire astronomique et les lamas qui se balladent sur le site. Le site est tellement étendu qu’on se croirait à Disneyland Paris. Le guichet d’enregistrement pour la montée au Wayna Picchu me fait penser à “Indiana Jones et le temple maudit” que je fais généralement tout seul.

L’ascension ne fait que 960m mais avec 200m de dénivelé en empruntant des escaliers plus ou moins hauts mais toujours assez longs. La montée jusqu’au sommet même fait 1km250. Il faut passer par une grotte étroite et une échelle pour accéder aux pierres du sommet qui sont assez délicates à emprunter. Le profil est celui de mon GPS.

Je retrouve Annie et Eva en bas vers 12h00. Nous décidons d’aller voir au dehors du site ce que l’on peut manger (c’est interdit de manger dans le site même). Tous les établissements aux alentours du Machu (hotel, restaurants) appartiennent à l’Orient Express. Les prix qui y sont pratiqués sont horriblement excessifs. Une boisson 600 ml comme au Mc Do : 13 soles (la même quantité en bouteille vaut généralement 3 soles), la bière bouteille est à 16 soles (au lieu de 4) l’eau est à 8 soles (au lieu de 2) bref le quadruple du prix. Eva voit un buffet à 36 soles par personne, c’est cher mais on va essayer. En arrivant à la caisse on remarque que c’est en fait 36 dollars (108 soles) par personne … ok on mange nos crackers et notre fromage achetés à Aguas Calientes.

Le soleil tape fort, les organismes sont fatigués, nous retournons dans le site juste pour s’asseoir un moment et profiter une dernière fois de la vue. A 14h30 on commence à repartir. Annie et Eva reprennent un bus, moi tant que j’y suis cette journée sera sportive : je redescends à pied. Les genoux trinquent. Comme il n’y a rien à faire à Aguas Calientes nous avons pris un train à 21h45 pour le retour jusqu’au village d’Ollantaytambo. Le problème est que sans hotel : pas de douche possible, obligés de trainer dans le cyber-café ou le restaurant, ou le terminal de la gare. Une fois dans le train (avec de bonnes places mais ça ne sert à rien il fait nuit) nous tentons de nous reposer. Erreur : 5 jeunes américains ne sont pas fatigués eux et boivent des bières avec la musique de leur iphone bien fort et bien sûr en braillant dans tout le train. 1 heure 30 comme ça !

Nous arrivons à Ollantaytambo à 23h30. Nous n’avons pas d’hôtel réservé à cause du site www.hostelworld.com qui buguait comme pas possible à ce moment. Nous allons dans le premier hotel que nous rencontrons : 30 soles par personne. On descends à 20 … ok. Comme il n’a pas de chambre triple il nous donne 2 chambres doubles. Nous nous endormons presque instantanément.

Le lendemain nous payons l’hotel (ah bon c’est 25 et pas 20 qu’on avait négocié ? … bon tant pis.) et allons voir pour visiter Ollantaytambo. Le village est étendu et la marche est rude après la journée d’hier. Arrivés devant les ruines incas, on ne remarque qu’une chose : les marches à monter. C’est trop pour nous, on préfère retourner à Cuzco rapidement.

Sur la place principale (place d’armes) il n’y a pas l’ombre d’un collectivo (bus collectif). Les taxis nous font de l’oeil. Nous leur demandons un tarif pour la visite des sites alentours : Moray et les salineras. De 100 soles pour les sites nous arrivons à négocier à 70 pour la visite des sites et le retour à Cuzco ensuite. Le chauffeur est super sympa, il nous attendra à chaque visite et nous donnera plein d’infos sur le trajet.

Moray est un site créé par les Incas qui ont développés les cultures en terrasses. La forme cylindrique des terrasses qui s’enfoncent pronfondéments forment le premier laboratoire agricole de l’histoire : ils étudiaient les cultures avec les différentes températures présentes aux différents niveaux (le plus froid tout au fond). Il faut de l’énergie pour descendre tout en bas et remonter. A 30 soles la visite on se force. Ensuite les salineras qui est une réserve naturelle de sel exploitée également par les incas. Ceci sera la dernière visite avant le retour à Cuzco.

Comme nous sommes bien lancés sur les visites ce vendredi nous continuons avec le site de Saqsaywaman sur les hauteurs de Cuzco. Nous négocions le taxi à 3 soles pour nous y rendre mais celui ci nous fait le sketch “vous m’avez mal compris c’était 6” tout en testant notre niveau d’espagnol tout le long du trajet. Eva ne se fait pas avoir et nous le laissons en plan avec ses 3 pièces de 1 sole.

La forteresse de Saqsaywaman a été le théatre de la bataille entre les espagnols et les Incas qui a failli donner la victoire à ces derniers. Mais une fois que les espagnols sont tout de même arrivés à venir à bout des incas ils ont pris toutes les pierres du site pour construire leur maison. Donc il n’en reste pas grand chose à part les plus grosses pierres intransportables qui forment la défense en zig-zag immaginée par les incas.

Ici se déroule également tous les 24 Juin le spectacle de la grande fête inca l’Inti Raymi (Inti étant le dieu soleil tant vénéré). Nous assistons donc aux répétitions et pouvons voir que le spectacle n’est pas si intéressant que ça (sans les costumes ça donne rien mais bon). Nous devons revenir à Cuzco justement pour cette fête.

Nous revenons en fin d’après midi à l’hôtel et retrouvons avec plaisir le maté de coca (quoi dépendance ?). Notre chambre (après en avoir demandé le changement) est sous les combles avec une superbe vue sur toute la ville. Nous profitons une dernière fois de Cuzco qui est très agréable quand on s’est acclimaté à l’altitude et au trafic des voitures. Nous avons un bus pour Puno sur les bords du lac Titicaca à 22h00. Encore plein de choses à raconter (arnaque sur la prestation de bus, tentative d’ouverture de sac, trajet mouvementé et réveil difficile, accueil chaleureux et visite touristique) mais ce sera pour plus tard. Nous avons un peu de retard dans la narration, que nous souhaitons assez complète, nous essaierons de le combler assez rapidement.

Bonne soirée à tous

Annie, Eva et François

PS : Annie a pris l’avion ce soir (11/06) à destination de Paris, nous sommes donc de nouveau tout seuls.