Lundi 3 Mai 18h01 Bon anniversaire ! Heureux mais déçus
Fernando de Noronha

Bonjour,

Après une semaine de coupure internet (on a survécu grâce à l’Interville brésilien …), nous voici de retour ! Nous étions sur une petite île nommée Fernando de Noronha, dont la seule évocation amène des étoiles dans les yeux de tous les brésiliens … C’est pour eux un endroit idyllique mais difficilement accessible. Je vous fais un petit topo de l’île, dans l’idée aussi que ce billet serve pour les personnes qui recherchent des infos en vue d’un séjour (j’en ai malheureusement peu trouvé avant qu’on se décide). Je commence par les côtés négatifs, mais je vous rassure : on n’a pas regretté du tout notre séjour ici.

Cette (relative) petite île est un sanctuaire écologique, peuplé de quelques milliers d’habitants, d’une grande faune sous-marine, d’oiseaux et d’insectes piquants sanguinaires et voraces. La plupart des habitants vivent essentiellement du tourisme. Afin de protéger l’environnement, le nombre maximal de touristes autorisés sur l’île est inférieur à 500. Là, vous vous dites “un nombre réduit de touristes, dans une île qui vit du tourisme, mais comment est-ce possible ???”. La réponse est facile : en pressant le touriste au maximum. Pour cela, ils se sont accordés sur les prix (excessifs) pour une qualité de service (réduite). Ca doit être la même chose en Polynésie, pour accéder au paradis, il faut être prêt à payer. Enfin, ici, il faut ajouter la taxe de préservation environnementale, payable à l’arrivée à l’aéroport, et qui se trouve pour un séjour de 8 jours pour 2 représenter la coquette somme de 474,16 réals (soit avec l’euro actuel 204,24 euros - faites-moi plaisir, frappez un grec, ou allez passer vos vacances en Grèce). De ce que j’ai lu, cette taxe est une arnaque, car entièrement récupérée par l’état de Pernambuco dont dépend l’île, et l’île n’en voit en fait pas un sou, ce qui explique le manque d’infrastructures, les routes dans un sale état, … Les habitants, eux, se débrouillent très bien pour extirper au touriste chacun des réals dont ils ont besoin.

J’avais réservé notre “hôtel” plusieurs mois auparavant, de Paris, parce que l’idée d’arriver sur une petite île, de voir toutes les pensions prises, et d’avoir à choisir entre le 5 étoiles et dormir sur la plage, me stressait. J’avais tort, quasiment toutes les maisons font “pousada”, et on aurait facilement pu trouver une chambre. Après, à quel prix … A l’époque, je n’avais aucune idée de comment se gère le budget sur un voyage longue durée : j’avais fait des calculs à partir des budgets moyen, min et max, et vu que ça tenait, ça ne m’inquiétait donc pas. En fait, il faut connaître son budget quotidien (par exemple, 180 Réals à 2), et gérer sa journée en fonction. Alors, quand j’ai vérifié la réservation et vu qu’on avait une chambre à 150 réals la nuit, sans petit déjeuner, on a commencé à se dire qu’il va falloir repenser les repas. Après tout, qui a besoin de manger chaque jour ???

Avec un budget pareil, que peut-on faire sur cette île ? Réponse : marcher. L’île est assez grande pour que l’on ait besoin d’un transport pour aller d’un bout à l’autre : le bus (oui, il n’y en a qu’un) est cher, pas fréquent et pas forcément pratique, il ne reste que la location de buggy. Vu l’état des routes, il n’est pas vraiment question de louer une voiture, le buggy s’impose. A 150 réals la journée pour un buggy, le calcul est vite fait, et on a beaucoup marché. Un parfait exemple d’entente entre les habitants, le prix est le même partout. Les habitants motorisés proposent très facilement aux habitants non motorisés de les transporter, il n’en est évidement pas de même avec les touristes (qui n’ont qu’à se payer un buggy).

C’est donc lundi 26 avril, les sacs alourdis par un certain nombre de provisions d’urgence (boîtes de conserve, pain de mie, une bonne quantité de biscuits et bonbons), que nous sommes arrivés sur l’île. Adriana, de l’agence Your Way, avec qui j’avais échangé pas mal de mails pour trouver un logement, ne pouvait pas être sur l’île à ce moment-là pour raison familiale (depuis, on se dit qu’en fait, elle n’est jamais sur l’île, elle se contente de gérer à distance), et de toute façon n’aurait pas pu venir nous chercher, car son agence ne possède “qu’un véhicule électrique pour raison écologique”. En une semaine, on n’a vu aucun véhicule électrique, les habitants ont tous des buggys ou des 4x4, suivant leur capacité à “accueillir” les touristes. Le seul véhicule écologique que l’on ait vu, c’est le cheval (et encore, 5 fois en tout). Sanctuaire écologique ?

Arrivés à l’aéroport, un peu fatigués après un lever à 4 heures du mat, 3 heures d’avion, 4 heures d’attente qui nous ont servi à essayer de réserver un avion entre Belem et Sao Luis (on vous racontera pourquoi plus tard), à nouveau 1 heure d’avion, nous nous sommes faits extorqués de la taxe, avons refusé toutes les offres de pousada, et, avec du mal, trouvé un buggy qui nous a accompagné à bon port (17 réals pour 5 minutes de buggy).

Rapidement, notre humeur, qui n’était pas au beau fixe, s’est dégradée. Sans doute à cause de la pluie - ça gâche un peu l’idée du paradis. Bon, il faut reconnaître que l’on est en pleine saison des pluies. Donc en basse saison, ce qui explique que les prix soient moins chers (on ne s’étouffe pas). Sans compter que chambre ne mérite pas ce prix-là, la télévision est toute petite (on aime bien la regarder à l’étranger), le lit nous semble très dur, et on n’a pas de cuisine à disposition (l’habitude des auberges de jeunesse). D’ailleurs, il n’y a pas vraiment d’endroit pour manger, et on ne trouvera quasiment pas de légumes sur l’île. On a tenté de faire quelques courses (45 minutes à pied en côte), mais on est revenu avec pas grand chose.

Au lit presque à jeun, après avoir terminé notre premier paquet de biscuits. La première nuit a été difficile, le lit était vraiment très dur, et on a dormi sous moustiquaire (l’île regorge de moustiques en cette saison, a dit notre hôte). Ce n’est que le matin venu que nous avons compris pourquoi le lit était si dur : il n’y avait que le sommier, pas de matelas. Si nous n’avions pas payé d’arrhes pour le reste de la semaine, je crois qu’on serait partis immédiatement. Là, on a tenté de voir nos hôtes (pas là), et on s’est décidés à aller voir la plage toute proche. Enfin, proche, soit-disant à 2 minutes, il doit s’agir de 2 minutes en buggy. On a descendu un chemin boueux manifestement plus fait pour le buggy que pour nos Havaianas. Heureusement que la plage valait vraiment le coup ! On a a dédaigné la plage de Boldro, il y avait trop de monde (genre 5 personnes) pour aller à la plage d’Americano, où on était tout seuls ! Le chemin entre les 2 se fait par la plage, sur les rochers, facilement à marée basse (on a fait le retour de justesse lorsque la marée avait bien remonté, avec beaucoup de mal, au milieu des crabes). Surtout qu’on n’avait rien avalé depuis notre paquet de biscuits la veille au soir.

En rentrant, on a découvert l’une des espèces les plus représentées sur l’île : les lézards, pas trop craintifs pour des lézards. Le soir, on a pris l’habitude d’ouvrir “le buffet”, c’est-à-dire d’allumer la lumière extérieure pour attirer pleins d’insectes, et pour que les quelques lézards qui peuplent notre entourage direct se régalent. (On aime bien les animaux, mais je déteste les insectes).

Décidés à aller voir le centre-ville, nous sommes repartis après la douche, et, en passant devant la cuisine de nos hôtes, que voyons-nous ??? un matelas ! un grand, celui qu’il nous faut. Sans hésiter, on rentre, on baragouine quelques mots “para el cama” “eso” (en montrant du doigt) (oui, je sais, c’est de l’espagnol, mais le portugais y ressemble suffisamment pour qu’on nous comprenne - ne pas dire ça à un portugais, ça le vexe). On a compris que c’était le matelas d’une autre chambre (elle aurait insisté là dessus, on l’aurait menacé de ne pas payer ce qu’on devait), mais elle a accepté de nous le passer. Du coup, avec la perspective d’une bonne nuit sur un bon matelas, c’est fou comme les choses semblent plus agréables, même sous la pluie. On a même réussi à acheter des boissons, et trouvé un resto correct et pas trop cher pour le soir ! (Premier vrai repas en 48h quand même). Notre décision de ne pas manger ? euh … on n’a pas tenu la semaine …

Le mercredi, nous avions réservé un tour en bateau (“um passeio de barco”), suivant les conseils d’Adriana, au doux prix de 120 réals par personne (tant pis pour le budget, on se rattrapera un jour) - enfin, à ce prix-là, le repas est inclus.. Premier vrai moment exceptionnel sur l’île, qui a vraiment beaucoup à offrir, si ce n’était le prix imposé pour beaucoup de choses. Heureusement, le soleil était enfin au rendez-vous (et ne nous a plus vraiment quitté de la semaine). On était en petit groupe (12 personnes, dont 2 australiennes), sur un bateau pas trop grand, c’est vraiment une bonne chose … On part du port, le type commence à expliquer des choses, des brésiliens sympas et quasi-bilingues nous ont fait une traduction. Quelques minutes après le départ, des dauphins commencent à suivre le bateau. Les dauphins présents autour de l’île sont des dauphins rotators, qui ont la particularité d’aimer faire des sauts en tournant sur eux-mêmes. Ils ont commencé à faire des sauts puis à accompagner le bateau.

Ca n’a duré qu’une dizaine de minutes, mais c’était vraiment impressionant !

Ensuite, on a continué le tour, et on a eu la présentation de toutes les plages côté continent africain. On n’a pas forcément retenu tous les noms, ni compris toutes les explications. On a fait un arrêt snorkeling dans les eaux de la plage de Sancho (considérée par les Brésiliens comme la plus belle plage du Brésil, donc du monde).

Petit aparté : lors de la préparation des bagages, nous avions décidé de ne pas nous charger d’un masque et d’un tuba, car on n’en aurait pas besoin avant fin avril, et on était sûrs que l’on trouverait de toute façon moins cher au Brésil. C’était une erreur, on a galéré dans Rio pour trouver un magasin de sport qui en vendent, il s’agit manifestement d’une activité pas forcément très pratiquée au Brésil, et du coup, les prix s’en ressentent : 130 réals l’ensemble masque + tuba. On apprécie du coup d’avoir des Décathlon et des Go Sport. Pour info, il faut chercher “um mascara e um snorkel”.

Donc, snorkeling dans les eaux de la plage de Sancho : on a vu pleins de poissons et même une petite raie ! Dommage, pas de photos des poissons du fond, juste de ceux qui étaient attirés par le bateau (pour mordiller les gens qui descendent dans l’eau, d’après François, légèrement paranoïaque). Pas de requins, pas de mérou, rien de très gros.

Remontés dans le bateau, on s’est arrêtés pour déjeuner (le commandant est aussi cuisinier), et un mythe s’est brisé : même à 100 mètres des côtes il y a des mouches.

Par la suite, on a pu faire de la plongée tiré par le bateau. On a hésité avant de se lancer, parce qu’on ne savait pas aller sous l’eau avec le tuba, et que la demi-heure d’explications ne nous a pas du tout rassurés ! En fait, c’est plutôt facile, même si on n’a pas vraiment vu beaucoup de poissons.

Suite à ça, on est rentrés au port, puis dans la chambre se reposer sur notre vrai matelas.

Le jeudi, on n’a pas fait chose, car nous avions décidé d’aller à la plage vers 15h. Les coups de soleil pris sur le bateau nous ont dissuadés d’y aller trop tôt (la Biafine est notre amie). Après tout, nous ne sommes qu’à 3 degrés au sud de l’Equateur, et le soleil quand il est présent tape fort. On a ouvert nos boîtes de conserves, coupé des tomates, et on a découvert ce qui attire le plus les lézards : c’est la tomate. Assez drôle de se voir entourés d’une dizaine de lézards qui attrapent les bouts de tomates que l’on leur lance. Je sais, on en est à nourrir les lézards. La veille, on a nourri une petite chatte avec des bouts de peperonis, le lendemain on nourrira un autre chat …

On a profité de cette journée à ne rien faire pour visiter les installations du projet TAMAR, projet gouvernemental chargé de la protection des tortues marines de l’île. Les tortues sont l’autre attraction de l’île avec les dauphins. Elles vivent dans les environs, et viennent pondre sur certaines plages de l’île, qui sont d’ailleurs interdites d’accès après 18H. On a cherché en vain un scientifique qui puisse nous dire s’il y avait un nid prêt à être ouvert (les gens sont autorisés à regarder les petites tortues se précipitant vers la mer - et une mort quasi certaine). Par contre, on a vu un écriteau, disant que l’on pouvait s’inscrire à l’activité “Turtles by night”, qui consiste à passer une nuit sur une plage avec un scientifique chargé de la protection des tortues pour, si on a de la chance, en voir. 50 réals par personne, mais donnés à un projet de protection environnemental, c’est de bon coeur. On s’est donc inscrits pour le vendredi soir (car le soir on avait prévu de faire un buffet de sushi - oublié le budget). Le soir, on a essayé le buffet de sushi : hyper décevant et ultra cher. On s’est laissé tenter alors qu’on n’est pas vraiment des gros mangeurs, du coup on n’est jamais gagnant sur un buffet (on préfère la formule au kilo).

Vendredi donc, nous avons décidé de louer un buggy pour 2 jours. A savoir : les buggys ici, en plus d’être loués à un prix exhorbitant, n’ont pas d’assurance : en cas d’accident tout est à vos frais. En plus, ils sont fournis presque sans essence, ce qui oblige à à aller immédiatement à la station service (la seule) de l’île pour faire le plein à un prix qui vaut de l’or : 3,78 réals le litre, soit 1,5 euros le litre (frappez un grec, je vous dis), pour un engin qui fait 6km avec 1L. Un gouffre financier, le buggy. Heureusement que 60km, c’est beaucoup sur l’île, il doit y avoir 10km de route d’un bout à l’autre. On n’a mis que 40 réals, en se disant qu’on verrait plus tard, et on a bien fait.

Une fois que François a pris à peu près le buggy en mains (note pour nous-mêmes : la prochaine fois, ne pas choisir un engin de loin seulement sur sa couleur, essayer de voir l’intérieur), on a décidé d’aller à Atalaïa, pour essayer d’accéder à la plage. Les gens de l’île disent qu’il faut prendre un guide (entre 25 et 70 réals par personne suivant qu’il est officiel ou non), on avait lu sur internet qu’en réalité c’est faux. Il faut arriver super tôt : les gens partent par groupe de 6 maximum avec un membre de l’équipe ICMBIO (gouvernemental et gratuit), pour arriver après un trajet indéterminé à une piscine naturelle formée par la marée, et contenant beaucoup de vie sous-marine. Je n’en sais pas plus, on ne l’a pas fait, à 9h30 il y avait déjà trop de monde. Et puis, on était harcelés par beaucoup de monde se proposant de nous guider (obligatoire, d’après ce qu’ils disent)

Du coup, on est parti du côté opposé (à nous les kilomètres en buggy !), pour aller à la baie de Sueste. Cette baie est connue pour être un endroit où les tortues vertes viennent se nourrir, et on peut nager avec elles. D’après nos informations, un guide n’est pas obligatoire mais souhaitable, car il a l’oeil pour repérer les tortues. Arrivés à la baie, on est accosté par un gars qui se dit guide, et qui dit qu’il est obligatoire d’en avoir un (25 réals par personne). Etre étranger est très utile dans ce cas-là, car on fait très bien ceux qui ne comprennent pas, et il a laissé tomber. On a loué des gilets de sauvetage (réellement obligatoires et très utiles), et on est partis.

En fait, le guide qui a l’oeil ne sert à rien : il suffit d’aller là où il y a un grand nombre de gens qui font du snorkeling, et vous avez de grandes chances de tomber sur une tortue. Après avoir dépassé les 25 premiers mètres remplis d’algues qui flottent (berk berk), nous nous sommes dirigés vers le large, et séparés d’une dizaine de mètres pour augmenter nos chances. Et là, miracle, nous avons vu 3 tortues ! Presque un mètre de long, au fond de l’eau ! On a pu flotter au-dessus d’elles, à moins de 2 mètres au-dessous de nous, et les voir manger, nager et remonter à la surface pour prendre une bouffée d’air. Je vous l’ai dit, on aime les animaux.

Pas de photos de ce moment spécial, dommage !

On a dû rester une heure dans l’eau à les regarder. On était d’ailleurs très loin et on a mis du temps à revenir sur la berge. Au moment de partir, on a vu un énorme lézard. Ca ne se voit pas sur la photo, mais il devait faire 50 cm de long !

On a profité du buggy pour retourner manger à l’autre bout de l’île, et on s’est décidé à aller ensuite au mirador des dauphins. Normalement, il faut y arriver à 6h du matin, au moment où les dauphins, repus par leur nuit de chasse, viennent se reposer dans la baie. On était décidés à y aller le lendemain matin, après notre nuit sur la plage, et on venait faire une marche de reconnaissance. Arrivés là, un panneau indique que le sentier est libre en journée, mais que de 5h30 à 8h du matin il faut un guide (obligatoire). On se renseigne à un type, il nous dit que c’est 40 réals par personne. Ben on va réfléchir, en attendant on va le faire de jour. Après 3O mn de marche harassante en plein soleil, on arrive au mirador proprement dit : en fait, on se trouve à 50 mètres au-dessus du niveau de la mer, et on a une belle vue sur la baie. Normalement, à 6h du matin, il y a des centaines de dauphins qui sautent. En discutant avec les scienfiques présentes sur place, qui observent la baie, on apprend qu’en ce moment il n’y a que quelques dauphins (genre 5), car la mer est trop agitée. Alors, la perspective de se lever à 5h pour voir une poignée de dauphins d’en haut, alors qu’on en a vu si près lorsque l’on était dans le bateau, est tout d’un coup moins attrayante. La scientifique nous précise bien que le guide obligatoire, encore une fois, ce n’est pas vrai …

On finit la boucle circulaire jusqu’à la plage de Sancho, où, pour descendre à la plage, nous attend une échelle immense, qui passe à travers les rochers… Je n’ai pas eu le courage d’aller au-delà du premier barreau …

On finit le trajet, puis nous retournons une fois encore à l’autre de l’île, pour voir ce qui nous intrigue depuis le début : Air France. On pensait qu’il s’agissait du centre de recherche des restes du vol Rio-Paris (il paraît qu’ils sont basés à Fernando), mais en fait il s’agit de l’ancien bâtiment de l’aéropostale, quand Air France a racheté la compagnie aérienne installée ici. C’est depuis devenu un centre culturel, mais le nom est resté.

La visite finie, et après quelques heures de repos, on est arrivés à 20h30 sur le parking de la plage de Leao, prêts à passer une nuit entière sur la plage.

C’est une des plages préférés des tortues pour la ponte. Ca tombe bien, la pleine lune est là, ça éclairera la plage. Notre scientifique, Fernando, est arrivé peu après, et nous a expliqué comment ça se passait : toutes les heures, il fait une ronde, ce qui lui prend environ 8 minutes, et puis plus rien (il dort). Bon, c’est parti. Coup de chance, sur notre premier aller sur la plage, des traces d’une tortue en train de monter.

Tout excité, il nous fait patienter là (on n’ose pas bouger), puis nous explique à coup d’anglais-portugais qu’elle est encore là, et qu’elle creuse. Quel stress ! Ca peut lui prendre 2 heures à la tortue pour finir. On attend quelques minutes en discutant, puis il retourne la voir, et redescend nous expliquer que c’est une fausse alerte : de ce qu’on a compris, les tortues viennent régulièrement faire des faux nids avant de réellement pondre, peut-être pour s’entraîner ou tester la plage, histoire d’être prêtes lorsque le moment sera venu. Il nous appelle, on peut monter la voir, et là on voit une énorme tortue (les tortues vertes font jusqu’à 1,20 m de long, et plus d’une centaine de kg), en train de creuser à l’aide de sa nageoire. Dans ces cas-là, on n’ose plus bouger, pour ne pas la perturber. Finalement, elle commence à redescendre vers la mer, en peinant : 5-6 pas à ramper, elle s’arrête et reprend son souffle quelques minutes, puis repart. C’est une exercice très éprouvant pour elle, et beaucoup de femelles en meurent (épuisement, déshydration).

Elle croyait redescendre tranquille, mais non : Fernando lui saute dessus, lui bloque la tête, ce qui oblige la tortue à faire un demi-tour. Là, tétanisée, elle le laisse lui attraper la nageoire et noter son numéro de bague. Finalement, il la laisse, et elle repart en sans inverse. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’on a eu le droit de faire des photos, mais en limitant le flash (seulement derrière elle, pas devant).

21h30, notre soirée a déjà été bien remplie, certains soirs les gens attendent toute la nuit sans rien voir. On se dit que la nuit ne va rien nous apporter de plus. C’est sans compter sur Fernando (je crois qu’il nous a trouvé sympas), qui nous amène à l’autre bout de la plage, pour voir un nid. En chemin, on apprend qu’ils ouvrent les nids quand il fait nuit, car les oiseaux dorment, et les petites tortues peuvent atteindre la mer sans ce risque-là (il en reste suffisamment pour elles). Il nous explique aussi qu’elles sont tout en bas de la chaîne alimentaire, avec le plancton, et qu’elles nourrissent tout le monde, ce qui explique que, sur un nid contenant 120-130 oeufs, 1 ou 2 seulement deviendront adultes.

Arrivés au nid, il commence à l’ouvrir et en sort, non pas un oeuf, mais une petite tortue toute frétillante ! Les tortues ne sortent que lorsque tous les oeufs ont éclos, alors elle devait attendre sagement les autres. On va se laver les mains dans la mer pour enlever l’anti moustique (l’occasion de se tremper jusqu’aux chevilles, j’ai des doutes sur le fait que nos chaussures de marche tiennent l’année). Lorsque l’on revient, il nous confie une petite tortue chacun ! C’est impressionnant la force qu’elles ont dans les nageoires, comment elles se débattaient pour aller vers la mer ! Petites (genre 5cm), quelques grammes, mais beaucoup d’énergie.

Sur les photos du projet TAMAR ça donne ça :

Avec les photos de François en pleine nuit et sans flash ça donne ça :

Finalement, on les pose sur le sol : celle de François commence à partir dans le mauvais sens, alors que la mienne est fermement décidée à gagner la course, et part à toute vitesse, celle de Fernando se décide à rester seconde. On les regarde un moment avancer (la tortue de François a parcouru 30 cm, celle de Fernando 40cm, et la mienne au moins 2,50 m), et Fernando nous dit que l’on peut les aider. On les récupère donc pour les déposer à un mètre des vagues, leur faisant gagner quelques précieux mètres. D’après François, on les a certainement aidées à mourir plus vite, mais je pense que la mienne est une battante.

Après cette soirée bien remplie, on a finalement refusé l’offre de dormir sur des hamacs dans la cabane au bord de la plage, et nous sommes rentrés, bien contents de notre soirée. On a vu des choses exceptionnelles, et on est bien conscients de la chance que l’on a eu.

Le lendemain, samedi, on a rendu le buggy : un jour nous a suffi pour voir l’essentiel, on n’aurait pas su quoi faire un second jour. En plus, le buggy, c’est très désagréable, ils ont manifestement fait l’économie d’amortisseurs, et on est secoués dans tous les sens.

On a décidé d’aller à la plage, pour changer, pour la plage de Bode, qui devait se prêter au snorkeling. En fait, la mer est vraiment mauvaise en ce moment, avec des vagues énormes et beaucoup de courant. Les surfeurs sont contents, mais nous pas des masse, on juge la baignade trop dangereuse. On passe sur la plage d’à côté, Cacimba Do Padre, pareil.

Dimanche, jour de l’anniversaire de François. On veut essayer la plage de Conceiçao, rebelote. Vagues immenses, courant, … Du coup, on décide d’aller boire une caipirihna au bord de la piscine d’une pousada un peu plus haut que la nôtre. Comme il fallait consommer 20 réals par personne pour profiter de la piscine, on a décidé de déjeuner là, et du coup on a pu squatter la pisicine tout l’après-midi. On a vu le prix des chambres : 630 réals en basse saison, 820 en haute saison … tant pis pour le luxe, on va se contenter de la piscine. Pour son anniversaire, François voulait une caipirihna et une Leffe (ils en vendent à une pizzeria plus haut), et s’est finalement contenté de 3 caipirinha au bord de la piscine. En plus, ils avaient du Wifi !

Aujourd’hui, lundi 3 mai, je finis ces lignes de l’aéroport de Fernando, en attendant l’embarquement. On va profiter de notre escale à Récife pour poster les photos et le billet. Nous arrivons ce soir à Bélem, assez tard, prêts à repartir en mode routard, car notre avion pour Sao Luis est mercredi.

En résumé, je dirai que Fernando de Noronha est une destination très chère, la qualité des prestations ne vaut pas leur coût. Par contre, la vie marine est exceptionnelle, et nous a permis de voir des choses incroyables. L’île n’est à choisir que pour ça. Au risque de vexer les brésiliens, on a vu et pu profiter d’autres plages largement plus belles ailleurs. En plus il fait trop chaud :o). Sans compter qu’on est chacun à plus d’une soixantaine de piqures d’insectes par mollet (et non, je n’exagère pas, j’ai dû remettre les pantalons longs pour ne pas qu’on croit que j’ai une maladie), franchement c’est très désagréable. On ne sait pas si c’est des moustiques, des aoutats (on a marché dans l’herbe), des moucherons féroces, le matelas infesté de bestioles, … On espère juste que ça va passer. Voici le genre de piqûre sur François :

Sur ces dernières paroles, je vous laisse. On va embarquer dans 10 minutes !!

Tchao !

PS : au fait, pourquoi a-t-on réservé un billet d’avion en urgence entre Belem et Sao Luis ? euh … En fait, je voulais visiter le parc du Lençois, qui sur la carte ne semblait pas très loin de Belem. En fait, il y a plus de 12 heures de bus pour arriver à Sao Luis, et là, on n’est plus très loin du parc. On s’est renseigné : 95 réals l’aller pour une personne, ce qui aurait fait 380 l’aller-retour et 24h de bus. Alors, pourquoi choisir un avion à 880 réals l’aller-retour et 2h de trajet ? On a appris ensuite que les bus de nuit au départ de Belem se font régulièrement attaqués … Les gens restent 1h sous la menace d’une arme et se font dépouiller. On a estimé la valeur de nos biens, de nos vies et d’un traumatisme, et finalement on a décidé de payer un peu plus cher …