Mardi 30 Novembre 16h19 Noël Bleu Bonne Année !!
Bangkok

Thaïlande : Ayutthaya et re-Bangkok du 21 au 30 novembre

Chers lecteurs, bonjour, j’espère que les fêtes ont été bonnes, que tout s’est à peu près bien déroulé malgré la neige, que vous n’avez pas fait d’excès à en être malades, et que vous avez été gâtés.

Vu le petit retard que nous avons sur ce blog, la partie que je m’apprête à conter aujourd’hui est encore loin de la période de Noël. Mais il sera question d’une autre fête tout aussi célèbre (du moins en Thaïlande) : le Loy Kratong.

Nous nous sommes interrogés des jours durant, sans arrêter de décision fixe : où passer le Loy Kratong ? Cette fête des lumières réputée en Thaïlande est célébrée joyeusement par tous les Thaïlandais, et donc nous cherchions un endroit sympathique mais plutôt calme, pour éviter l’effet dit du “14-juillet sous la Tour Eiffel”. A la question “où ?”, la plupart des touristes répondent par “Chiang Mai”, mais là ça n’était pas possible, trop au nord du pays, il nous aurait fallu faire une croix sur tout ce qu’il y a dans le centre !

Voici notre dilemne : Ayutthaya (une des anciennes capitales de la Thaïlande, réputée pour ses ruines), ou Bangkok ? Après mûre réflexion, il nous a semblé plus simple d’aller à Ayutthaya, qui est une ville plus petite, et à moins de 2 heures de Bangkok par train. Il paraît aussi que c’est là que le Loy Kratong est le plus authentique. C’est donc allégés de nos gros sacs (merci l’Erawan House) que nous sommes partis le samedi 21 novembre, prévoyant de passer 2 à 3 nuits à Ayutthaya. Je chemine à nouveau assez lentement, la descente des marches du Wat Arun m’a laissé des courbatures intensément douloureuses qui dureront 4 jours (et je peux vous dire que le baume du tigre, ça marche pas, c’est de la publicité mensongère).

Un long moment en bus plus tard, nous sommes arrivés à la gare de Bangkok, prenons des places pour le premier train venu, refusons la 3ème catégorie à 20 baths chacun sans place assise réservée, préférant une seconde catégorie à 240 baths (soit 6 euros au lieu de 50 centimes), et sautons dans le train. Les 2 heures jusqu’à Ayutthaya passent assez vite.

Etant donné que le Loy Kratong est une fête renommée, nous avons décidé, une fois n’est pas coutume, de réserver les 2 nuits, samedi et dimanche, au Promtong Mansion, qui avait de bons échos. D’après le plan du Lonely, ça semblait assez près, pas besoin de prendre un tuk-tuk : nous devions juste traverser le fleuve, et marcher quelques centaines de mètres.

Traversée du fleuve en ferry : ok, facile et sympathique. Quelques centaines de mètres … euh … encore un plan dont l’échelle est pourrie. On a dû parcourir 2 bons kilomètres en plein soleil de midi (soit 40° faciles … oui, je sais, après les vagues de froid et de neige, ça vous laisse songeur). En plus, merci aux villes quadrillées, c’est facile de se repérer, mais bonjour les kilomètres lorsque l’on essaie d’atteindre un point pile à la diagonale de là où l’on est.

Epuisés par cette longue marche en plein cagnard, nous trouvons notre chambre, quasiment parfaite (sauf que, allez comprendre les thaïs, il y a une pièce lavabo et une pièce douche-toilettes), pour un prix raisonnable. Bon, sans clim, dans un souci d’économie.

Après ça, on déjeune d’un des plus mauvais padthaïs du monde chez une grand-mère, suivi d’un second déjeuner au 7-eleven pour passer le goût, et on se demande par quelle partie de la ville commencer la visite. L’usage, à Ayutthaya, consiste à louer des vélos. Ai-je signaler que j’ai des courbatures intensément douloureuses ? Alors, on laisse tomber l’option vélo. En attendant, on va visiter le temple le plus proche, accessible à pied, le Wat Phra Mahathat.

Suffisamment peu de monde pour que l’on puisse se croire explorateurs découvrant un temple caché … Le temple est aussi réputé car un arbre a poussé autour d’un bouddha, ce qui en fait un bouddha hautement révéré (note actuelle : après avoir visité un certain nombre de temples, et vu des centaines de bouddhas, qui sont tous hautement révérés même s’ils n’ont rien de particulier, on ne comprend toujours pas pourquoi certains sont plus hautement révérés que d’autres). Genre, il est tellement révéré que tu n’as pas le droit d’être plus haut que lui, ce qui oblige les gens à s’accroupir pour prendre une photo, un garde est là à plein temps pour s’en assurer - oui, j’ai tenu à prendre la photo, et me suis courageusement retenue de hurler à cause de mes courbatures si intensément douloureuses.

Après ça, nous nous sommes traînés au temple juste à côté, le Wat Ratchaburana.

Et puis, plus rien jusqu’au soir. Dépités de ne pas avoir Tv5Monde sur la télévision cablée dans la chambre, nous avons traîné jusqu’à l’heure du repas. Alors, nous avons profité du festival spécial Loy Kratong (qui aura lieu le dimanche), festival qui ressemble trait pour trait au marché du week-end de Krabi : mêmes stands, mêmes marchandises vendues, mêmes attractions de fêtes foraines, mêmes cantines de rue avec scènes karaoké, même musique.

Le lendemain, lever de bonne heure : étant donné que mes courbatures ne disparaissent pas, nous décidons de louer un scooter. Première fois pour tous les deux (enfin, pour moi, dans sa jeunesse François avait eu l’occasion d’en envoyer un dans le décor en moins de 3 secondes, ne le laissez jamais faire du rodéo) (évidemment, savoir ça ne me rasssurait pas) (je ne compte pas les 10 minutes à Krabi à l’arrière d’un mototaxi expérimenté). Chose intéressante à savoir : quand l’hôtelier vous donne de vagues adresses de loueurs de scooter et vous propose de les appeler pour voir s’ils en ont de disponibles et s’il leur est possible de l’amener jusqu’ici, il faut évidemment accepter, et surtout ne pas se dire “mais ça a l’air tout près !”. Car 2 heures plus tard (en plein cagnard à nouveau, dans cette ville il fait très chaud à partir de 9h du matin), fatigués et assoiffés, nous avons fini par trouver le compagnon de nos rêves, au moins pour la journée : Scotty. Oui, Scotty le scooter, cette fois-là on n’a pas été chercher très loin pour son petit nom … Celui-ci devrait nous permettre d’assister au Loy Kratong dans un lieu (potentiellement éloigné) que nous n’avons pas encore choisi, mais on a encore du temps d’ici ce soir.

Je monte derrière François, m’agrippe fermement à sa taille : lui et moi n’en menons pas large. Après quelques tours de chauffe, direction le Wat Yai Chai Mongkon : un temple situé en dehors de la ville, c’est l’occasion où jamais vu que nous sommes motorisés ! François est concentré sur sa conduite (à gauche en plus !), et moi je dois m’occuper de le guider sur le plan tout en m’aggrippant fermement à lui (ce que je ne peux pas faire d’une main), et je râle dès qu’il dépasse les 30 km/h.

Une fois arrivés au temple (10 minutes de scooter), nous nous garons sur le parking, descendons du scooter en tremblant : nous y sommes arrivés ! A la française, nous nous apprêtons à partir avec nos casques à la main (surtout que ça semble être une denrée rare dans le pays - plus rare que les scooters), et puis nous voyons que les thaïs, les rares qui en possèdent un, les laissent simplement accrochés sur le guidon, ou à la selle, quand ce n’est pas simplement posés sur la selle. Après moults hésitations, nous nous décidons à faire comme eux. Nous apprendrons plus tard que, chez les thäis (et je soupçonne que c’est pareil chez tous les asiatiques), étant donné que la tête est sacrée car c’est le siège de l’âme, le casque d’une personne contient une part de son âme : voler un casque, c’est s’attirer des ennuis, alors il y a peu de chances que quelqu’un vous vole un casque. Le scooter, oui, le casque non.

Cette fois-ci, le temple que nous visitons n’est pas en ruine, mais au contraire très bien restauré et toujours en service : une foule de gens s’y presse. Un énorme Bouddha allongé est habillé de frais : les disciples peuvent acheter un long drap jaune orangé, qui sera posé sur le Bouddha, afin d’obtenir des bonnes choses. Ou alors, ils peuvent acheter une feuille d’or et tenter de la coller sur le Bouddha (la feuille d’or, ça colle mal). Je serais bien revenue de nuit pour tout gratter, moi. Les moins riches collent des pièces sur les pieds de Bouddha (la pièce, ça colle mal).

La position du Bouddha couché, c’est qu’il a atteint le Nirvana.

Après ça, nous enfourchons Scotty avec maintenant un peu moins d’appréhension : à nous le Wat Phanan Choeng, réputé pour son Bouddha de 19 mètres de haut, et lui aussi toujours en service. Pour le visiter, il faut se faufiler entre les fidèles.

Après tout ça, comme il était 15 heures, nous avons commencé à réfléchir à ce que nous pourrions faire pour le Loy Kratong : au choix, voir ce qui se passe à la fête foraine pas loin de l’hôtel, aller en dehors de la ville dans un des temples sur le bord de la rivière, ou payer 400 baths pour participer à une soirée organisée par une agence … On a hésité, puis on s’est dit que l’agence devait savoir où nous amener, alors on s’est décidé pour la soirée organisée.

Direction l’agence qui nous a loué Scotty, organisatrice de l’événement. Comme nous n’allions pas avoir besoin de Scotty le reste de la soirée, et que François ne voulait pas le laisser dormir tout seul dans la rue, nous avons négocié avec l’agence pour leur rendre maintenant et l’avoir toute la journée du lendemain, moyennant un petit surcoût. Ensuite, nous avons été pris en main : d’abord, création de notre kratong. Pour cela, on vous fournit le support (tronc de bananier je pense), la déco (feuilles de bananier, diverses fleurs), des bougies (en petite quantité), et les ustensiles (colle, ciseau, épingles, agrafes). Ensuite, on vous explique comment faire en 2 minutes maxi et en anglais. Rien compris.

Là, on s’est regardé avec François, pas plus avancés l’un que l’autre, on n’avait pas non plus d’idée, et on est resté un bon moment à regarder le matériel en attendant l’illumination, jamais venue. On s’est finalement lancé, mais d’abord on a regardé ce que faisaient nos 2 voisines (2 anglophones compétitives pas bavardes et concentrées), et on a été voir ce qu’il y avait déjà de fait sur la table … C’est joli, ça doit pas être trop difficile.

Le principe est de cacher le socle, à l’aide des feuilles de bananier, et de décorer ensuite avec les fleurs, de façon artistique, puis, à la toute fin, de mettre une bougie. Les thaïs sont avantagés, ils font ça dès l’école maternelle.

2 heures après, après avoir reçu un certain nombre de regards compatissants (et satisfaits) de la part de nos voisines, qui ont fait des kratong so wonderful, c’est so amazing pour une première fois, les doigts pleins de colle, des agrafes dans les cheveux et du bananier sous les ongles, nous contemplons le résultat de nos efforts au bord des larmes. C’est pas possible d’être aussi mauvais, on ne peut pas garder ça (déjà qu’on s’est fait humilier, et la France avec nous, à la pêche aux piranhas), on recommence, on désagrafe et on décolle les feuilles de bananier qu’on a mis des heures à découper à la bonne taille et à coller en les déchirant au minimum. Conclusion : ben on n’est pas manuels.

Nos 2 voisines ravies se congratulent mutuellement et vont déposer leur oeuvres avec toutes les autres. 2 français se sont installés à notre table, on continue notre travail en papotant. Pour ceux qui trouvent que l’on voyage trop vite, on a trouvé pire : ils comptent faire la Thaïlande, le Laos, le Cambodge et le Vietnam en 2 mois. Nous, pour 4 mois on a décidé que 4 pays c’était trop et on a éliminé le Vietnam.

Une fois que nos kratongs sont quasiment prêts, il faut leur faire passer l’épreuve de flottaison : le mien flotte à peu près, celui de François pas vraiment, alors il doit le repenser et le renforcer.

Au bout de 4 heures (au lieu des 2 prévues), nos kratong sont enfin prêts ! Et, de façon inattendue, ils sont beaux ! Je recevrai même un regard étonné (et jaloux) des 2 anglophones qui venaient contempler le désastre, et un compliment de la part d’une thaï. Mon secret ? Avoir mis une rondelle de citron qui provenait de mon thé, et des fils faits de feuilles de bananier pour faire un fouillis artistique (oui, j’ai copié sur ce qui se fait chez tous les fleuristes en France, ils n’ont pas besoin de le savoir). François aura même le temps de faire un second kratong (mais pour s’amuser, sans vouloir le mettre à l’eau), maintenant qu’il a la technique.

Bon, après tout ça, nos précieux kratong à la main, nous montons dans un tuk-tuk, qui nous amène au quai, où nous attendons le bateau : lorsque celui-ci arrive, nous montons à bord, nous asseyons et découvrons avec surprise qu’ils ont vendu plus de places qu’il n’y a de places assises dans le bateau. Leur organisation n’est pas vraiment au point … En tout cas, nous, on est assis. Ce n’est pas le cas d’un certain nombre de gens qui se consoleront en faisant la fête à l’avant du bateau.

Ensuite, “snack compris” : là encore, l’organisation fait défaut. On aura des trucs frits et très gras et des trucs sucrés et gras aussi, le tout est très vite écoeurant, heureusement car tout était en petite quantité, ainsi qu’une bière et du whisky coca (curieusement, celui-là en grande quantité). François redemandera une seconde bière et devra la payer.

Après ça, on part faire une croisière sur les rivières entourant le centre d’Ayutthaya, ce qui nous permet de voir les temples éclairés. On ne passera pas devant les temples que l’on a vus dans la journée.

Ensuite, on a stoppé devant un temple (le Wat Chai Wattanaram, mais ça on ne le saura que le lendemain), et on met nos kratongs à l’eau, en file indienne, et nos gestionnaires peu doués se rendent alors qu’à un moment il ne faut pas que tout le monde reste à l’avant du bateau, car ça peut poser des problèmes … A leur demande, les gens commenceront à refluer. On se met dans la queue lorsqu’il reste moins de monde, on allume la petite bougie, et alors il faut mettre son kratong dans une sorte d’épuisette, le descendre jusqu’à l’eau, et ensuite le laisser aller dans l’eau, mais pas trop près du bateau pour qu’emporté par le courant il s’éloigne sans cogner dans la coque. Un faux mouvement de ma part fait que lorsque ce sera mon tour, mon kratong se renverse et, au lieu de voguer de belle façon à la surface de l’eau, il passe sur le côté … Triste événement, dont je me suis toujours pas remise.

Ensuite, je continuerai sur ma mauvaise lancée, je n’arriverai pas à prendre une seule photo de celui de François (qui, lui, flotte correctement) (le kratong, pas François), car il m’a confié son réflex donc je n’ai pas l’habitude, et le flash s’est déclenché alors que je m’entraînais, et ensuite il a refusé de prendre une seule photo. Dommage, c’était joli. Vraiment une sale soirée, j’ai tout raté :-(.

Parce que, question organisation, c’était vraiment limite, on a dû tous se presser pour mettre nos kratongs à l’eau, avant que les moines sur le temple d’en face mettre le leur à l’eau (un truc énorme, à côté on ne fait pas le poids), juste avant le feu d’artifice. Par chance, on était du bon côté du bateau, et lorsque les gens de l’autre côté ont voulu s’approcher pour le regarder, les organisateurs limite affolés leur ont demandé de ne rester de leur côté. Pas franchement une expérience que l’on recommande, donc (mais il paraît que c’était la première fois qu’ils organisaient ça, peut-être faudrait-il leur laisser une seconde chance ?).

Après tout ça, on a préféré rentrer au bar que passer la soirée dans un fête foraire à attendre un feu d’artifice. Les consignes étaient : “si vous voulez faire la fête, descendez maintenant, sinon restez dans le bateau on va vous conduire à un autre quai” suivies de 3 minutes plus tard de “en fait tout le monde descend là”. Après, on a bu un verre avec les 2 français, et puis on est rentré se coucher (très tard !).

Nous nous levons le lendemain, très tôt, fatigués, et François part chercher Scotty. Ensuite, on se met en route : direction le Wat Chai Wattanaram. Superbe, de style khmer. A voir au coucher du soleil par contre (comme conseillé dans le Routard), parce que là on n’avait pas la bonne lumière.

On visite encore les autres temples conseillés, mais là ça commence à faire beaucoup, et on sature un peu. Mention au Wat Phra Si Sanphet, conseillé à juste titre, qui diffère des autres, par la présence de 3 chedis (= cloches) imposants.

Ensuite, parce qu’on aime faire du scooter (François commence à dépasser les 40 km/h malgré ma réticence, et s’incline sur le côté dans les virages), on va jusqu’à un parc d’éléphants : l’Elephant Kraal, qu’on trouve après avoir demandé à 10 personnes au moins, dont un marchand à bicyclette plein de bonne volonté mais qui nous emmène dans la direction opposée. On est déçu finalement : les gens viennent là en groupe, et nous 2 à scooter on sort du cadre, alors les gardiens ne nous proposent rien, et ne nous adressent pas la parole. Une seule fois une gardienne interviendra car un gros éléphant est un peu trop curieux avec François.

Le lendemain, après un réveil tardif, direction Bangkok, où l’on retrouve avec joie notre bus 53 (et son heure de trajet), et l’Erawan House. Après un bon jour de repos (parce que depuis 8 jours, on n’a pas arrêté), on retourne au MBK pour s’occuper, et finalement on retourne au cinéma voir “Harry Potter”, toujours dans la salle VIP. Comme cette fois-ci on maîtrise les choses, on choisit le bon moment pour passer aux toilettes avant le film, et on loupe ainsi tout l’hommage au roi. On a trouvé le film bien, mais heureusement que j’avais lu le livre, parce qu’en anglais je n’aurais rien compris. François a eu droit à l’explication avant et après.

Samedi 27 novembre, Bangkok. Ce jour-ci, nous allons nous livrer à une activité touristique, mais d’une façon peu touristique : la balade sur les khlongs de Bangkok. Les khlongs, ce sont des canaux qui occupent une grande partie de l’ouest de Bangkok, et sont synonymes d’une autre façon de vivre : pas de voiture, les gens se déplacent en bateau, plus ou moins gros, motorisé ou non suivant leurs moyens.

La balade est devenue très touristique, et des gros bateaux pleins de touristes arpentent ces canaux, toujours le même circuit, dans le même sens. Pour notre part nous avons préféré faire appel au réputé Thuan, un franco-vietnamien qui vit en Thaïlande depuis des années et qui connaît les khlongs par coeur, car il y a vécu. C’est par l’intermédiaire de voyageforum.com que nous avons eu vent de cette possibilité. En contrepartie de la visite, on fait un don (d’un montant fixé) à son association de protection des khlongs. Car les khlongs sont fragiles, et la ville ne fait rien pour les préserver : les larges canaux où passent les bateaux de touristes oui, les canaux où vivent les gens non. L’association de Thuan permet de venir en aide aux habitants (par exemple, en payant un bateau à une vieille dame démunie, lui permettant de faire un peu de commerce pour subsister).

Rendez-vous tôt le matin (9h30) à l’association : suivant ses conseils, et avec le plan envoyé par mail, nous avons pris un taxi pour arriver chez lui, mais sommes partis le chercher de l’autre côté de la Chao Praya car près de Khao San Road (pour rappel, le quartier touristique), “les taxis sont de sacrés voleurs”, dixit Thuan. Bien nous en a pris, car notre chauffeur, honnête, s’est en cours de route rendu compte qu’il s’était trompé de direction et à remis son compteur à zéro avant de nous amener à bon port.

Sitôt arrivés, sitôt installés dans le bateau (un petit car nous n’étions que 2). Prévenant, Thuan nous met à disposition des chapeaux car il peut faire chaud. Ensuite, il démarre le moteur et commence ses explications au fil de l’eau. Dans son quartier, tout le monde le connaît comme étant un bienfaiseur des khlongs : les gens que nous croisons le saluent largement et nous adressent un regard curieux et un salut un peu plus timide, toujours accompagné d’un sourire.

L’univers des khlongs est un univers curieux : les gens se connaissent, les maisons sont largement ouvertes (certainement moins de voleurs quand tout n’est accessible que par bateau). Tout se fait par bateau : les courses, qui se font au marché dont une partie est flottante, le ramassage des poubelles (bateaux de couleur jaune), la poste (bateaux rouges), le marchand de soupes, de glaces et autres stands de restauration, les récupérateurs de ferraille et de bric à brac (on verra même passer un frigo !), les ouvriers en bâtiment et leur matériel.

Heureusement que Thuan connaît son univers, entre les différents canaux nous nous sentons vite perdus, c’est un vrai labyrinthe. Il aura à nettoyer son hélice plusieurs fois, car les nettoyeurs de khlongs n’avaient pas correctement fait leur boulot (ils préfèrent faire sembler de travailler, et revendre l’essence qui leur est allouée). Nous, ça nous permet de profiter quelques minutes du silence impressionnant régnant dans les khlongs.

Il est d’usage au bateau possédant la motorisation la plus importante de ralentir lorsqu’il croise un bateau ayant une motorisation moindre (a fortiori lorsque les passagers rament), afin de ne pas le gêner. Si Thuan respecte scrupuleusement la règle, il n’en est pas toujours de même pour les bateaux plus gros qui nous croisent, ce qui nous secouera plusieurs fois (je n’ai même pas crié, ce dont je suis très fière).

Les maisons sont presque au niveau de l’eau : Thuan nous expliquera que, le niveau étant régi par des écluses, les gens sont à l’abri des inondations, comme celles qui se sont produites à Bangkok quelques semaines auparavant, et dont nous voyons parfois les traces (digues de sacs de sable). Par contre, une montée des eaux soudaine à l’intérieur des khlongs poserait plus de problème. Certaines maisons possèdent un jardin aquatique : des plantes comestibles, qu’ils peuvent cueillir quand bon leur semble. On voit ça et là des nénuphars roses : c’est un indicateur de qualité de l’eau, car la plante est très sensible à la pollution. C’est important, surtout que des gens se baignent dans les khlongs (perso, moi jamais). On aura la chance de voir un varan (qui plongera immédiatement), et un serpent (qui serpentera loin de nous).

On passe aussi devant des temples. Thuan nous prévient : étant donné qu’il est interdit de pêcher devant les temples, les poissons connaissent le coin et ça grouille. Alors, quand on passe en bateau à cet endroit, certains poissons apeurés sautent, ce qui peut nous arroser. Les moines recueillent aussi les chiens et chats dont les gens ne veulent plus, et les nourrissent. C’est une meilleure solution que le bord de l’autoroute.

Vers 10h30, nous arrivons au marché, présent tous les samedis. Certaines étals sont flottants, d’autres sont en dur. Une visite intéressante. Thuan nous fournira de la nourriture à jeter aux poissons (qui, pas bêtes, connaissent le coin, ça grouille), en faisant un voeu, comme les thaï. D’ailleurs, un marchand de tickets de loterie est installé l’air de rien juste à côté.

Après être remontés dans le bateau, Thuan nous emmène voir une ferme d’orchidée : c’est joli, ça sent bon, ça pousse tout seul ou presque. Dans le cas de cette ferme, elles sont par la suite réunies en bouquets donnés en offrande aux moines.

Un grand merci à Thuan pour le temps qu’il a pris pour nous avoir montré les khlongs et nous expliqué la vie ici, pour nous avoir faits pénétrer dans un univers très fermé, en tout cas pour nous. Lors d’un passage (rapide) sur un canal beaucoup plus large, on a croisé les bateaux de tourisme : quelle différence par rapport à ce que nous avons vu ! Ils filent à toute vitesse, les passagers doivent apercevoir les maisons, et de temps en temps des habitants, et rien de plus. Nous avons plus appris beaucoup plus qu’eux sur la vie dans les khlongs (et sur la Thaïlande en général, Thuan aime partager son affection pour son pays d’adoption).

Après tout ça, après être arrivés à bon port en taxi, nous avons suivi ses conseils pour aller manger le soir dans une moukata (mot thaïlandais pour dire buffet ou barbecue à volonté), située sur la Chao Praya juste en face de notre arrêt (Phra Arthit - c’est pas compliqué à retenir, c’est comme arthrite). 99 baths par personne (soit un peu plus de 2 euros) !!! Hors boissons bien sûr, on a eu la surprise au moment de l’addition de voir le prix des boissons (évidemment, il faut bien qu’il y ait un poste qu’ils rentabilisent). Bon, on s’est est mis plein le ventre, mais avec le recul on sait maintenant qu’on a tout mal fait : un barbecue, ça ne s’invente pas si on ne sait pas comment faire.

Il s’agit d’un feu, sur lequel est posé la plaque du barbecue. Juste là, ça paraît simple. Sauf que cette plaque a une forme de couronne avec un dôme au centre, le dôme sert de grill, et on verse du bouillon dans la partie basse. Jusque là ça paraît encore simple. Sauf que ! Le bouillon est la base d’une soupe que l’on doit préparer nous-mêmes avec plein d’assaisonnements, et que l’on mange avec ce que l’on met à griller sur le dôme. Nous, on a vu les gens faire la queue devant le stand de légumes, on a fait pareil, pour découvrir en fait un stand de salades et d’herbes, alors en désespoir de cause (pour faire comme tout le monde), on a rempli notre panier de 3 feuilles de salades (les gens remplissaient le leur à ras bord), qu’on a grignoté crues. Nous avons appris depuis que c’était pour la soupe. Moi, je ne me suis pas trop approchée de la viande (sorte de magma peu engageant - enfin, pas aux yeux des thaïs), que François a trouvé bonne.

En tout cas, on s’est régalé, et puis on était les seuls touristes (les autres étaient accompagnés d’une thaï). On a même eu droit à un concert.

Le lendemain, dimanche. Nous sommes sortis de notre léthargie pour aller sur l’île de Ko Kret (inutile de faire des blagues à ce sujet, François les a toutes faites), une île de Bangkok. Il paraît que c’est très couru le dimanche. Les indications données par l’office du tourisme paraissaient assez complexes, on est donc parti au petit bonheur la chance. D’abord, on a pris le ferry jusqu’au terminus, Nonthaburi. Là, on s’est renseigné sur las bateaux privés : 800 baths. Pardon ???? On va se débrouiller autrement. Nous référant à nos indications, nous avons vu qu’il était possible de prendre le bus 32 (qui passe aussi près de notre hôtel, mais ça fait gagner du temps de faire une partie en ferry). Problème : où trouver l’arrêt ? Après avoir demandé à deux 7-elevens (parler anglais n’y est pas une condition nécessaire à l’embauche …), nous avons attendu avec tout un tas de gens sur le trottoir, pour finalement voir arriver le bus. On dit “Ko Kret ?” plein d’espoir à la vendeuse de billet, elle nous fait signe qu’elle a compris.

1 heure plus tard (oui, c’est immense Bangkok), elle nous fait signe de descendre. En même temps, tout le monde descend, on est au terminus. D’après ce qu’on en savait, pas loin du terminus du 32 on peut prendre un bus qui nous amène dans un temple, ou faire le trajet à pied, durée 5 minutes. Problème, on n’a aucune idée du chemin à prendre. Paumés, on s’approche du quai (déjà, c’est rassurant) pour demander “Ko Kret ?”, un type essaie de nous vendre un bateau privé pour 100 baths. On refuse. Vu que le prix baisse bien, c’est qu’on s’approche. Par contre, c’est pas le bon quai du tout.

On s’approche d’un camion qui a l’air d’être un bus, la dame nous regarde, interloquée, et nous indique une direction. On suit, et on entre dans ce qui paraît être un temple : là, des mototaxis nous proposent de nous emmener au quai pour 10 baths chacun. On sait pertinemment que c’est trop, mais notre choix se restreint, et puis 10 baths … et puis on aime bien faire un tour en mototaxi. Résultat, ils traversent le temple, prennent une rue sur 500 mètres, rentrent dans un autre temple, et nous voilà arrivés à un quai. 3 minutes. Bon, on les paye quand même, 10 baths, ce n’est pas si exagéré :-)

Le ferry : 3 baths, nous amène enfin directement sur cette île ! Mais que ce fut compliqué !

Avec tout ça, on se balade, on mange un truc vraiment pas terrible dans une gargote avec vue sur le fleuve (quand je dis “vue”, c’est qu’on avait presque les pieds dans l’eau), on fait la promenade dans les rues étroites en jetant un coup d’oeil aux étals des boutiques de souvenirs, et puis on décide de faire le tour de l’île. Un mototaxi s’arrête, en nous voyant marcher, et nous propose de nous prendre. Non merci, on veut marcher. Il nous explique qu’on a encore 6 km à faire. On ne le croit pas, mais on lui fait des grands sourires, et on y va. En fait, le tour de l’île fait 8 km ! On est arrivé au bout, fatigués, mais contents (mais fatigués quand même). Ai-je préciser qu’il devait faire 40° et qu’on est partis sans eau ? Heureusement qu’on a trouvé un petit resto en chemin !

Pour partir, à 16h, on a fait simple : ferry, 5 minutes à pied (on connaît le chemin :-)), course après le 32 qui pour une fois a décidé de s’arrêter à un endroit précis et pas dès qu’on le hèle, et puis finalement on est resté dans le 32 jusqu’au bout au lieu de changer pour le ferry. Durée : 2 heures … Comme à l’aller quoi.

Le lendemain, lundi, journée studieuse : après moult tergiversations, nous nous décidons à prendre les visas pour le Cambodge, ayant lu les diverses tentatives d’arnaque à la frontière. Même si tu as un visa, ils peuvent te demander des frais admnistratifs, c’est pour dire ! On suit le plan de l’office du tourisme, on prend le métro, puis un autre, on s’arrête, et là on se dit qu’il faut marcher 1 km. Ca tombe bien, il est 11h20, il fait encore 40°. Nous refusons l’offre des mototaxis, en nous disant que c’est tout près. Mais quelle erreur ! A 11h40, après avoir parcouru au moins 2 km en plein soleil, ne voyant toujours pas l’ombre d’une ambassade cambodgienne à l’horizon, on attrape un taxi, qui nous amène à 11h50 à l’ambassade (qui n’était vraiment pas près). De justesse avant la fermeture à midi. Je pensais qu’il fallait qu’on revienne au mieux l’après-midi, sinon le lendemain, au pire 3 jours plus tard : ils nous les ont fait en 2 minutes, contre 1000 baths chacun. Super !

Alors, on décide de continuer sur notre foulée et de faire le visa pour le Laos. Là, malheureusement, l’heure c’est l’heure, et l’heure du déjeuner c’est sacré (règle dite de “l’administration à la française”). Impossible d’avoir nos visas, il faut revenir à 14h. On est à 13h30 dans la cour, au milieu d’une foule de laotiens ou de thaïlandais, on ne sait pas. Heureusement, ils n’étaient pas là pour les mêmes raisons que nous. Ils ont rouvert les guichets à 14h15 (je répète, le déjeuner c’est sacré), et on a pu donner nos visas à un guichetier qui parlait un très bon français (!!!) et, au bout d’une petite heure, récupérer nos jolis passeports.

Un visa par page, heureusement que tous les pays ne réclament pas de visa, un passeport n’aurait pas suffi pour faire le tour du monde …

Voilà qui termine cette étape à Bangkok. Pour l’instant, la Thaïlande nous plaît toujours autant, avec un bémol pour Khao San Road. Bientôt, la suite de notre périple, dans un autre lieu historique de Thaïlande … mais ceci est une autre histoire, qui, on l’espère, suivra très vite.

En attendant, nous vous souhaitons à tous une très bonne année 2011 !

Bises à tous

Eva et François