Samedi 30 Octobre 18h26 Bof Bof
Georgetown, dit aussi Penang

Malaisie : du 22 octobre au 31 octobre

Bonjour à nos chers lecteurs,

François vous a raconté notre étape singapourienne, je reprends la suite pour la Malaisie. Après pas mal d’heures de recherche sur Internet / Guitar Hero et Burnout Revenge (mais je me vengerai bientôt), nous nous sommes décidés à quitter Singapour pour faire un premier arrêt à Melaka, ville dont le quartier historique est inscrit au Patrimoine Mondial de l’Unesco.

A la station de bus de Singapour, nous avons choisi le bus le moins cher : pour 5 heures de bus, pas la peine d’avoir le top, ni la clim, … C’est sans compter sur les singapouriens : on a eu un bus super classe, beaucoup d’espace, avec, cerise sur le gâteau, un fauteuil massant ! Oui ! Massant ! Quel dommage que la sensation ne soit pas très agréable (et le bruit horrible), mais l’idée était bonne.

Un passage de frontières plus tard, nous voici autorisés à rester 90 jours en Malaisie. Nous arrivons beaucoup plus tard à la gare de bus de Melaka sous un soleil de plomb (qui ne durera pas) : nous savions que de cette gare il y a un bus qui conduit directement dans le centre, plus qu’à le trouver. Après avoir refusé différents taxis, retiré nos premiers ringgits au distributeur, dérangé les 2 officiers du tourisme qui flirtaient, attendu le bus au mauvais endroit sous les regards curieux, suivi un type louche jusqu’à un autre quai 30 mètres plus loin, s’être rendu compte que le type finalement pas si louche avait raison, monter dans le bon bus, se faire déposer au “Dutch Square” (oui, les européens sont passés par là), cheminer lentement et difficilement jusqu’à l’hôtel que nous avons réservé (le Jalan Jalan), nous pouvons enfin respirer de soulagement : nous sommes en Malaisie !

Quelques mots sur ce que nous imaginions du pays : pays en majorité musulman, 3 communautés (malaise, chinoise, indienne), très développé, Tours Petronas de Kuala Lumpur, Grand Prix de Formule 1. Encore une fois, il va falloir adapter ce que nous voyons à ce que nous pensions.

Melaka est donc une charmante ville, dont le centre historique fait toute la fortune. S’il y a encore peu de touristes occidentaux, il y a par contre beaucoup de touristes singapouriens venus là pour manger. Dixit la gérante du Rucksack Inn quand nous lui avons dit que nous allions à Melaka : on y mange très bien pour vraiment pas cher, mais 2 jours c’est largement suffisant, car il n’y a rien à y faire, il faut aller à Kuala Lumpur on peut y faire du shopping. Ceci résume parfaitement le singapourien. Ils sont de ce fait nombreux à y passer le week-end, et c’est pourquoi nous avons pris la précaution de réserver notre dortoir pour les 2 nuits.

Après tout ça, on peut se demander ce qu’on a fait de notre après-midi, dans une ville dont le centre historique est classé à l’Unesco. Ben, pas grand-chose en réalité. Pendant que je termine un billet pour le blog, François part me chercher un cendol (sorte de glace, spécialité du coin, j’en avais entendu beaucoup de bien), et au passage trouver des boissons. Il est à ce moment-là confronté à la première conséquence du mot “musulman” dans “pays musulman”… Il me ramène une glace au lait de coco, avec une espèce de spaghettis verts vifs qui me rappelle certains desserts de chez Tang, des haricots rouges et une sauce au sirop de palme. Il profite ensuite du pc à disposition et construit des immeubles en bois pendant que je travaille d’arrache-pieds sur le billet. L’après-midi est tranquille, tant pis pour le quartier historique.

Beaucoup plus tard, nous nous décidons à sortir pour aller dîner, et nous dirigeons vers un autre point qui a fait la réputation de Melaka : le Night Market du week-end. Après avoir goûté différentes choses (une tornado potato, des dim sum), s’être attablés pour manger (comme à Singapour : laksa et soupe de nouilles, plutôt bons), nous profitons du karaoké géant (pas pour chanter, pour écouter des chanteurs pas si mauvais !) devant une Tiger (denrée rare en Malaisie, vendue à un prix extraordinairement cher). Pour l’instant, la Malaisie nous plaît beaucoup (avec un bémol pour le point précédent) !

Le lendemain, nous décidons de visiter enfin cette ville, son quartier chinois bien conservé, son Stadthuys, l’église Saint-Paul…

Et puis finalement, comme nous en avons assez de visiter, nous passons l’après-midi dans un mall, où nous avons failli sauver 2 adorables chatons d’un avenir sinistre : hélas, après avoir envisagé sous tous les angles possibles comment passer les frontières et les réceptions des hôtels sans se faire prendre, avec en outre la perspective de transporter en plus dans nos sacs des croquettes et de la litière, nous avons dû, la mort dans l’âme, nous résoudre à les abandonner à leur triste sort. Adieu Blake et Mortimer …

Le lendemain, dimanche, nous nous levons pas trop tôt, avec comme objectifs pour la journée : déjeuner, sauter dans un bus à destination de Kuala Lumpur, y arriver pas trop tard et bien avant la nuit, et trouver un hôtel.

Objectif 1 : totalement réussi, petit restau qui n’a l’air de rien, avec un laksa délicieux et un cendol à tomber.

Objectif 2 : on a voulu demander au responsable de l’hôtel où reprendre le bus en direction de la gare, il n’a pas répondu à notre coup de sonnette, alors on est allé au petit bonheur la chance. Finalement, on a pris un taxi. Là, on va faire la queue devant les stands de bus pour KL : tous complets. Sueurs froides. Finalement, il reste des places pour un bus pourri, à 15h00. Plus que 2 heures à attendre …

Objectif 3 : nous arrivons vers 17h00, c’est raté pour ne surtout pas arriver tard. Surprise, la gare de bus n’est pas la bonne, nous devions arriver près de Chinatown, et ce n’est pas du tout le cas. Comme tous les passagers du bus descendent, on se dit que ce n’est pas une arnaque à touristes. Bien évidemment, les taxis nous sautent dessus, comme on déteste toujours autant, on fait mine de marcher, surtout qu’on a vu une station de métro juste avant la gare. On se demande quand même s’il n’y a pas un bus direct pour faire les changements de gares : on pose la question à un officier de police, qui nous indique le métro. Bon, c’est parti pour le métro …

Nouvel objectif 3.2 : se rendre dans le quartier qu’on a choisi (Chinatown donc). Nous traînons avec nos sacs jusqu’au métro, regardons le plan… Il n’y a qu’un changement, ça devrait aller. Nous achetons les billets au guichet, la guichetière nous donne 2 tickets en nous expliquant qu’il y aura un changement, ça on sait. Arrivés au fameux changement, nous découvrons ce que ça veut dire à KL : en fait, les 2 lignes sont totalement indépendantes, il faut tout remonter, repasser les portillons, trouver la seconde ligne qui n’est évidemment pas indiquée, repayer un billet, et monter (car ligne aérienne). Avec nos sacs, ça ne nous facilite pas la vie. Ceci nous donne quand même l’occasion d’apercevoir les Tours Petronas au loin, et de voir vraiment les différences entre malaisiens : alors que les femmes de la communauté musulmane sont toutes voilées, les femmes de la communauté chinoise sont habillées très librement et très court. Bref, je reviens à mon récit. On finit par arriver, vannés, à notre terminus. Plus qu’à trouver un hôtel … Si vous suivez bien, c’est d’ailleurs l’objectif 4.

Objectif 4 : j’avais noté plusieurs adresses sur Internet. Premier choix, le YWCA (Youth Women C? Association, équivalent féminin du YMCA, mais que peut bien vouloir dire le C ?). YMCA, YWCA, YHA : dans ma tête, ça se ressemble, c’est une auberge de jeunesse quoi ! Sur leur site internet, ils avaient indiqué qu’ils hébergeaient les filles et les couples mariés : ça casse un peu l’image olé-olé, mais c’est pas une mauvaise idée, ça veut dire qu’il ne devrait pas y avoir la bécasse de dortoir et son fidèle compagnon le hurleur bourré, faune mythique des auberges de jeunesse, ce qui promet des nuits calmes. Le problème est : on n’est pas vraiment mariés, on n’a ni le même nom ni alliance ni papier officiel, et je me vois mal expliquer à une malaisienne la subtilité et la modernité du PACS, mais on va tenter le coup quand même. On arrive donc au terminus, on observe le plan, il faut sortir, prendre à droite puis suivre le stade, ça n’a pas l’air d’être trop loin ni d’être trop difficile. On espère en tout cas, car la nuit tombe, et le temps est très menaçant. On sort, on prend à droite, on se retrouve à un carrefour de rues qui ne ressemblent pas vraiment à ce qu’il y a sur le plan, surtout parce que la petite rue qu’on doit prendre est en réalité une large rue qui monte beaucoup et qui paraît longue, mais longue … et là on hésite. Avant de grimper avec nos sacs (et une petite pensée pour nos 2 mignons petits chats qui ne nous accompagnent pas), nous voulons être sûrs qu’il s’agisse bien de la bonne rue, histoire d’éviter de faire le trajet pour rien. Les 2 touristes que nous arrêtons dans la rue ne nous aident pas, on décide donc de suivre ce que nous dit la logique et on monte. Difficilement, durement, et surtout sans être sûrs d’être sur la bonne voie. Sans compter que, même si nous trouvons l’hôtel, nous ne sommes pas sûrs qu’il va rester des chambres libres ni qu’ils vont nous accepter … Au bout de 100 mètres, une pluie fine commence à tomber alors que la nuit tombe de plus en plus rapidement. Là, on touche le fond… Bref, après un long moment de désespoir, nous nous acharnons et finalement nous sommes récompensés de nos efforts : nous trouvons le YWCA. On y rentre à peu près 2 secondes après que la grosse averse a commencé, la dame de la réception à une chambre libre, à un prix raisonnable (je crois qu’on aurait accepté même un prix déraisonnable), accepte même si “nous sommes mariés mais que nous ne pouvons pas le prouver” (petit mensonge …), nous fait visiter la chambre, un peu vieillotte, mais correcte, et on signe pour 2 nuits. Pas question de refaire ça le lendemain. Là, on allume le ventilateur, et on se jette d’épuisement sur le lit. On a voté : c’est la pire arrivée que l’on ait faite dans une ville.

Ce n’est qu’après nous être installés que nous avons compris où nous étions vraiment. Le C de YWCA ne veut pas dire “Cool” mais “Christian”. Ca n’est pas là que vous allez trouver une motarde, une policière ou une indienne en train de danser avec leurs copines. Non, vous aurez plutôt des tableaux élégants et édificateurs au mur…

Une pension de jeunes filles quoi … Comme à notre habitude, la tenancière aura vite son petit surnom : Marie-Thérèse.

Après tout ça, nous nous sommes décidés à aller dîner à Chinatown, pas très loin de la pension. On craque pour un petit resto de rue : diverses brochettes que l’on trempe dans un bouillon brûlant placé au centre de la table (une fondue quoi) ou d’autres cuites au barbecue (mais pas par nous). On a un peu de mal avec les instructions et on ne sait pas combien de temps il faut laisser cuire : c’est un peu compliqué, pas extra, par contre les brochettes au barbecue sont délicieuses. La découverte du soir : l’aubergine cuite au barbecue c’est terrible. Puis nous rentrons sagement nous coucher au pensionnat, assez tôt au cas où il y ait un couvre-feu …

Le lendemain, à l’attaque (mais pas trop tôt), Kuala Lumpur nous attend. Nous réfrénons notre envie de monter tout de suite aux Tours Petronas, suivons les conseils de Dorothée et Arnaud (oui, les fameux et désormais célèbres sur ce blog), et allons à la galerie commerciale “Mid Valley”, pour déjeuner de sushis au “Sushi Zenmaï”. Nous trouvons au passage la gare de bus où nous aurions dû arriver hier, Puduraya : on se demande comment tous les bus longue distance pouvaient arriver à ce qui ressemble à un gros arrêt de bus, pas étonnant qu’ils aient changé. Surprise, on trouve aussi la navette rapide permettant de faire le lien entre les 2 gares, évidemment qu’il y en avait une !!! A la station de métro toute proche, quand on demande comment aller au Mid Valley, le guichetier nous conseille de prendre un bus dehors, avec un geste de la main signifiant “il y en a pleins, je ne peux pas vous indiquer un numéro”. On ressort, demandons à un type, qui nous indique une direction et un numéro de bus, puis un peu plus loin à un autre, qui nous confirme la direction et nous donne 2 ou 3 autres numéros de bus. On finit par poser la même question à un chauffeur au volant de son bus, il nous répond que ça tombe bien, il y va. Bon, c’est parti.

Une petite demi-heure plus tard, nous arrivons à un grand complexe un peu vieillot, Mid Valley. On comprend mieux pourquoi les singapouriens viennent faire des emplettes ici. Nous essayons d’abord de trouver le restaurant, ce n’est qu’après de longues recherches et après avoir arpenté le 3ème étage dans tous les sens que nous nous rendons compte que nous ne sommes pas dans le bon bâtiment. On ne peut pas être bons à tous les coups …

Petit message personnel à l’attention de nos amis globe-trotteurs : je dois reconnaître qu’après 3 semaines au Japon en 2008, et ayant gardé un souvenir émerveillé d’un restaurant de sushi à plateau tournant de Tokyo (snif), nous sommes devenus difficiles, alors nous avons été un peu déçus … Si vous allez au Japon un jour, il faudra qu’on vous donne l’adresse, mais attention, après, ça gâche tous les sushis qu’on mange à Paris.

Après le repas, et avoir tourné plusieurs fois dans la galerie, nous nous sommes fait plaisir et avons été au cinéma, voir “Mange, Prie, Aime”, en anglais sous-titré malaisien. N’y allez pas, c’est tout pourri : le premier quart du film elle pleure sur sa pauvre vie de new-yorkaise riche mais trop malheureuse, ensuite elle va à Rome soit-disant pour manger et apprendre l’italien mais en fait elle ne fait qu’aligner les clichés sur les italiens et parler anglais la bouche pleine (c’est répugnant), ensuite elle va en Inde pour faire de la méditation mais c’est trop dur, enfin elle va à Bali chez un pseudo-gourou pour faire des photocopies et tomber sur Javier Bardem, et puis elle rentre chez elle. Oh pardon j’ai raconté la fin. On est sortis déçus et en colère de s’être faits avoir par la bande-annonce.

Suite à ça, nous avons quand même décidé de faire quelque chose de touristique, et nous sommes montés à la Sky Tower de KL, nommée Menara Kuala Lumpur, et d’y attendre la tombée de la nuit. Le temps ne s’y prête pas vraiment, très nuageux : nous avons à peine entreaperçu le soleil depuis plusieurs semaines (depuis Singapour en fait).

Belle vue sur les fameuses Tours Petronas. Bien sûr, tout le monde a eu la même idée que nous.

Ils vendent un ticket combiné avec 2 autres attractions au pied de la tour : un zoo tout pourri et une simulation de Formule 1 très ennuyeuse (en plus, j’ai perdu la course après avoir fini plusieurs fois dans le décor, grrr, alors que François a trouvé ça trop facile).

Suite à ça, nous nous sommes dit “nous ne sommes pas loin des Tours, et si nous allions les voir de plus près ?”. Un long chemin plus tard, la nuit étant tombée totalement, nous avons pu prendre le fameux cliché au pied des tours. Enfin, presque, je n’ai pas réussi à prendre une bonne photo de François (c’est que monsieur est exigeant !). En tout cas, les tours sont vraiment superbes (qui a dit qu’il n’y a que ça de bien à KL ?).

Nous avons même poussé la curiosité à entrer à l’intérieur (un centre de shopping chic).

Nous avons laissé tomber l’idée d’y manger ou d’aller manger dans le Triangle Doré, car nous étions fatigués, nous avons alors attrapé le métro et nous sommes rentrés chez Marie-Thérèse. Au sujet du métro, inutile de demander un plan du métro au guichet, ils n’en font pas. La ville a l’ambition de la modernité mais ne met pas forcément tous les moyens en oeuvre, et la différence est flagrante après quelques jours passés à Singapour.

Le lendemain, nous allons visiter le quartier de Little India (…), puis, après avoir mangé un biryani qui arrache dans un resto indien qui nous a rappellé l’Inde (surtout quand on a essayé d’entrer par l’entrée de service où sont stockées les poubelles et failli traverser les cuisines - surtout ne pas y penser en mangeant), nous continuons dans la veine indienne et nous rendons aux “Batu Caves”, temples hindous réputés. Pour cela, il n’y a qu’un bus à prendre, mais le trajet est long … comme d’habitude, le numéro du bus dans lequel on monte n’est pas celui que l’on nous a indiqué, mais il s’y arrête. Le chauffeur nous dépose sur le bord de la nationale, et nous devons ensuite traverser le parc et grimper 250 marches au milieu des singes pour accéder aux caves elles-mêmes. Alors que nous montions les marches, un hurlement soudain nous fit nous retourner : un singe venait de voler la sucette d’un gamin qui l’a trop mal pris et s’est mis à hurler, alors que ses parents étaient morts de rire (ce qui n’arrangeait rien à l’affaire) (ça nous a faire rire aussi, surtout l’air indigné du gamin).

Une fois difficilement arrivée en haut, j’ai laissé François pénétrer à l’intérieur de la cave, et me suis contentée de regarder les vendeurs de photos de serpent. 2 pauvres (et énormes) serpents étaient posés sur une table et essayaient de fuir à la première occasion mais se faisaient rattraper sans cesse, ça m’a fait de la peine. Du coup, on a refusé de prendre la photo (et puis, j’ai déjà une photo avec un serpent, gratuite celle-ci).

Après tout ça, nous en avions soupé de Kuala Lumpur, alors on a zappé la visite du centre historique, de la place Merdeka, etc. On peut dire qu’on a tout vu d’en haut et en bus. Comme nous en avions aussi marre de la Malaisie, pays dans lequel nous ne nous sentions pas tellement à l’aise, nous avons décidé de passer le plus rapidement possible en Thaïlande. Voilà pourquoi nous avons acheté des billets de bus direction Georgetown (alias Penang), au nord du pays et proche de la frontière thaïlandaise.

Le lendemain matin, mercredi 27 octobre, nous avons pris la navette direction la gare routière (qui dépose pile à l’entrée de la gare, à se demander comment ils ont pu ne pas nous l’indiquer la dernière fois …). Dès la sortie de la navette, les rabatteurs vous tombent dessus pour essayer de vous vendre des billets de bus. Les autres passagers s’éclipsent, tout heureux que les rabatteurs aient 2 touristes sous la main. Oh, messieurs les rabatteurs, nous sommes vraiment vraiment désolés, mais nous avons déjà nos billets ! Par contre, comme on a 2 heures d’avance, on voudrait échanger pour un bus plus tôt, mais ça on peut le faire sans vous. Les rabatteurs méfiants nous suivent jusqu’au comptoir de la compagnie de bus, au cas où nous leur aurions menti et voudrions acheter un billet sans passer par leur service. C’est peine perdue, le guichetier refuse de faire l’échange, tout en jetant un regard de connivence au rabatteur derrière nous. Sa réponse ne nous satisfait pas vraiment, mais a-t-on vraiment le choix ?

2 heures après, nous sommes devant la bonne passerelle, attendant que l’on nous indique le bus. Les bus paraissent propres et neufs, à l’exception de quelques uns qui ont fait leur temps et d’un qui est vraiment tout pourri. Devinez lequel on a eu ?

5 heures de route plus tard, nous voici arrêtés dans une gare routière inconnue. La ville de Georgetown étant sur une île (Pulau Penang), nous pensions qu’il nous faudrait prendre le ferry, qui par chance s’arrête dans le port près du centre historique. Pas du tout, maintenant les bus passent sur un pont (mes infos ne sont pas toujours très récentes), et dans une gare routière à 30 km de Georgetown. Là, guidés par les chauffeurs (de taxi) nous nous dirigeons vers un centre d’informations qui est en fait un centre de taxis. Ils nous tendent une liste de prix, a priori fixes, vers le centre de Georgetown. N’ayant pas envie de nous battre pour 40 Rm, nous demandons “Love Lane” à un chauffeur, forcément il connaît (c’est la rue des guesthouses), c’est à Chinatown (pour changer) et nous nous faisons déposer dans un cybercafé à l’entrée de la rue.

J’interromps ma narration passionnante pour un peu de culture. Pourquoi avoir choisi Georgetown ? Encore à cause de l’Unesco ! Cette ville est inscrite au patrimoine, comme Melaka visitée précédemment. En outre, c’est une étape pratique pour entrer en Thaïlande. Nous serons par la suite surpris par le nombre d’étrangers présents : un centre historique inscrit à l’Unesco n’attire pas forcément une clientèle jeune d’auberges de jeunesse, pensions-nous, il va donc être facile de trouver une chambre dans une guesthouse, en particulier une que l’on nous a chaudement recommandée ! Et bien, raté, car la proximité avec la Thaïlande et la présence d’un consulat thaïlandais dans la ville a pour conséquence que de nombreux voyageurs viennent ici obtenir la prolongation de leur visa. Quand on sait que le visa obtenu par voie terrestre est valable 15 jours, et 30 par avion, on comprend mieux la présence d’autant de monde. Et donc, suivant la loi de l’offre et de la demande, tout un réseau d’agences de voyage a fleuri pour proposer des services de visa, un transport vers les îles Langawi toutes proches, ainsi que vers les destinations phares de la Thaïlande. Nous, nous sommes venus là prioritairement pour le centre inscrit à l’Unesco. Mais bon, tant qu’à faire, on va faire le visa, si on peut avoir un mois plutôt que 15 jours ce serait cool.

Je referme ma parenthèse : j’attends au cybercafé pendant que François va nous chercher une chambre d’hôtel. La première guesthouse que l’on nous a chaudement recommandée est complète : mauvaise surprise. Sur leurs conseils, il va dans celle qui est juste la porte à côté, et qui a une chambre libre, un peu plus chère que celle de Marie-Thérèse mais encore dans nos prix. On prend.

Celui qui s’imagine retrouver un Melaka 2 va être surpris : Georgetown est beaucoup plus grande que Melaka. On va passer des heures à marcher dans la ville, arpentant les différentes rues.

Pour nous débarrasser de l’administratif, nous prenons directement les renseignements pour le visa : on peut soit donner nos passeports à la réception de notre hôtel avant 10h, et ils s’en chargent pour 20 Rm par personne, soit y aller nous-mêmes avant 11h30, mais là il faut prendre le bus et marcher 15 minutes ou prendre le taxi (15 Rm). Bon, on décide d’y aller nous-mêmes, mais pas trop tôt, car on veut dormir (au moins jusqu’à l’extrême limite pour ne pas rater le petit dej).

Le lendemain de notre arrivée, jeudi donc, nous nous levons paresseusement, savourons notre petit déjeuner, et puis à 10h05, on se dit “finalement, on ne va pas faire l’économie de 3 sous, advienne que pourra”. La réception nous confirme qu’on a encore le temps de faire notre demande, mais qu’il faut absolument se presser et le faire aujourd’hui : ainsi on pourra le récupérer le soir-même ou au pire demain vendredi, alors que si on le donne vendredi on ne pourra pas récupérer notre passeport avant lundi. Lundi ???!!! mais on veut partir dès que possible nous !!!

Bref, on se presse, le réceptionnaire nous emmène à l’hôtel d’à côté qui se charge de faire les visas. Tiens, ça on ne nous l’avait pas dit. Là, il nous fait remplir les papiers, et nous annonce le prix : 30 Rm. Ah mais non, on nous avait dit 20. Mécontents tous les 3, nous décidons de partir sur le champ à l’ambassade faire notre visa nous-mêmes. On saute dans un taxi, qui très obligeamment nous demande si nous avons les photocopies de nos passeports et les photos d’identité. Les photos oui, les photocopies non. Il nous arrête alors pour nous permettre de faire la photocopie, et on file jusqu’au consulat (en vrai, très loin du centre, pas du tout accessible à pied).

Là, on dépose les dossiers après plusieurs minutes d’attente, et bonne surprise, on n’a rien à payer. Rendez-vous est donné pour venir chercher nos passeports l’après-midi même à 15h30, seconde bonne surprise. Par contre, il est 11h30, ça nous laisse 4h d’attente, et on ne va pas rentrer jusqu’à Chinatown. Alors, on se balade dans le quartier très résidentiel (avec des propriétés superbes, des barrières et des gardes), on trouve la rue commerçante et même un centre commercial, on repère l’emplacement de l’arrêt de bus permettant de revenir à Chinatown, et on tue le temps. 15h45, nous récupérons nos visas, qui sont, troisième bonne surprise, valables 60 jours ! Nous apprendrons par la suite que, suite à la baisse du tourisme en Thaïlande (les événements de l’an dernier + la crise sans doute), les autorités ont changé la politique des visas : ils donnent maintenant des visas de 2 mois gratuitement, alors qu’avant c’était 1 mois payant. Et bien, c’est une bonne nouvelle pour nous.

Après ça, on reprend le bus, le reste de la journée s’écoulant tranquillement. Le soir, nous suivons les indications de l’hôtel pour aller dîner au Night Market, où il n’y a que l’embarras du choix question cuisine. Nous regoûtons à la cuisine thaïlandaise. Je profite pour ma part d’être dans un pays estampillé “moderne” pour prendre des jus de citron (pas juste le jus du citron, comme un jus de fruit mais avec du citron), ce qui veut dire eau et glaçons dont la provenance est inconnue. Tout va bien. François reste fidèle à la Tiger. Le tout avec une bonne ambiance et même un orchestre.

Le lendemain, vendredi, on fait un peu de tourisme (parce que sinon, ça sert à rien d’être dans une ville classée, si vous avez bien suivi). On visite différents temples bouddhistes de Chinatown, qui au final se ressemblent beaucoup : des dragons partout, des piliers sculptés, des toits richement décorés, une cour intérieure carrée, des offrandes diverses, l’odeur et la fumée de l’encens étant omniprésentes.

Ensuite, on va visiter la maison de Cheong Fatt Tze (alias “Cheong Fatt Tze Mansion”, ou encore la Maison Bleue ou Blue Mansion) : la maison qu’un riche chinois, dit le Rockfeller chinois, s’est fait construire en 1890, très bien restaurée depuis, et qui a servi de décor entre autre au film “Indochine”. Vraiment très impressionnante (malheureusement les photos sont interdites, alors vous n’en verrez rien d’autre que l’extérieur, ou alors en consultant la page Wikipedia), c’est paraît-il un chef d’oeuvre de Feng Shui. Nous sommes arrivés juste à temps pour la visite guidée, on a appris plein de choses sur la façon de construire les maisons chinoises. Par exemple, si les invités entraient par la porte principale (ouverte pour les grandes occasions), ils devaient franchir un perron haut d’une dizaine de centimètres, et ainsi par réflexe baisser la tête, ce qui est un hommage au maître de maison, lequel les attendait installé de l’autre côté de la cour intérieure, son côté étant surélevé de quelques centimètres pour qu’il reste ainsi au-dessus d’eux. Et bien, on a retrouve exactement la même chose dans les temples chinois, les bouddhas sont sur le côté surélevé de la cour carrée. Les chinois étant très portés sur la numérologie, les nombres utilisés signifient tous quelque chose, que ce soit le nombre de marches des escaliers, le nombre de fenêtres, etc. Même le fait que la maison soit située au numéro 14 (un des chiffres porte-malheur pour les chinois) a été tourné en avantage pour attirer la fortune. On ne se souvient plus vraiment des détails, mais rien n’a été laissé au hasard : les maître Feng Shui, inspectant le bâtiment, n’ont rien trouvé à redire quant à sa construction. Ce qui nous a le plus marqué, avec François, c’est qu’une cour intérieure dans une maison, c’est trop classe, et qu’on en aura une quand on aura une maison. Les chinois seront d’accord avec nous, plus la cour intérieure est grande, plus la richesse du propriétaire l’est : les chinois les plus pauvres rêvent d’une cour intérieure, même très réduite.

Après tout çà, comme il était midi, nous nous sommes dits “tiens, il est midi, si nous allions manger au Night Market !”, rien ne vous choque dans cette phrase ? Bref, on a dû se rendre à l’évidence, et trouver un boui-boui pas terrible où on a mangé un laksa (très différent de celui du sud du pays, pas de lait de coco, mais beaucoup de menthe, et on croit que c’était au boeuf).

Après tout ça, on s’est baladé jusqu’au fleuve, sous une chaleur terrible (mais sans soleil), et revenant sur nos pas pour rentrer à l’hôtel, nous avons visité le Kuan Yin Teng, un des plus vieux temples chinois. A la différence des temples que nous avions visités jusqu’à présent, celui-ci bruisse de monde. A l’entrée du temple, un marchand d’oiseaux vendait des sortes de moineaux (ma connaissance s’arrête là) que les gens achetaient pour, après une petite prière et après les avoir secoués de haut en bas, les relâcher ! Ca change ! Le vendeur nous a expliqué que ça portait chance.

Rentrant le soir, nous avons décidé de nous renseigner sur les transports à destination de la Thaïlande : objectif, se faire quelques jours de farniente au soleil dans les célèbres îles d’Andaman, en commençant par l’île de Koh Lanta. Ca tombe bien, tous les voyagistes le proposent, et au même prix, alors on s’adresse à la grande agence de voyage sur notre chemin. Et bien, là, quelle n’est pas notre surprise d’apprendre qu’ils ne le font plus, car la frontière avec la Thaïlande est fermée. QUOI !!!! MAIS ON NE VEUT PAS RESTER EN MALAISIE !!!! ET POURQUOI ??? POUR COMBIEN DE TEMPS ??? Ils ne savent pas exactement, mais ils pensent que c’est parce que les chauffeurs roulent sans permis (!!!!!), que le gouvernement les avaient avertis, et qu’ils n’en ont pas tenu compte, alors le gouvernement a fermé les frontières. Quel gouvernement, quels chauffeurs, on ne sait pas, en tout cas c’est tout frais. En fait, il y a quand même un poste frontière ouvert, celui avec HatYai, ils ne savent pas combien de temps il va rester ouvert. Et on ne sait même pas où c’est HatYai !

Ne paniquant pas (après tout nous pouvons toujours prendre un avion), nous partons prendre des renseignements à notre hôtel. Celui-ci nous dit qu’effectivement, ils ne peuvent pas nous emmener à Koh Lanta, mais que la frontière avec HatYai est la seule ouverte. Je vois bien que c’est vraiment récent, car sur la page des tarifs que j’avais consultée le matin-même, une feuille blanche masque désormais toutes les propositions, à l’exception d’HatYai (qui a dû prendre 10 RM depuis ce matin …). D’après notre hôtel, c’est parce que les chauffeurs malaisiens gagnaient trop d’argent au détriment des thaïlandais (à faire tout le trajet jusqu’aux îles), alors la Thaïlande s’est énervée et a fermé la frontière. Je suis sûre que si on avait essayé une troisième agence on aurait encore eu une explication différente.

Bon, on se décide, on réserve 2 places pour le minibus du lundi matin, en espérant que d’ici lundi ils ne ferment pas notre unique porte de sortie (et qu’on situera la ville sur une carte). Dans le même temps, on réserve une troisième nuit dans notre hôtel vraiment bien (plus le choix), et malheureusement nous devons changer de chambre et nous déplacer en dortoir (de 2, ça va encore).

Après ça, on occupe le dimanche comme on peut : on se balade au Komtar (le mall dont ils sont super fiers, il n’y a pas de quoi), on écoute les conseils de notre hôtel pour goûter un laksa et surtout un curry mee à tomber (des nouilles dans une sauce au lait de coco et au curry), et puis on rattrape encore du retard sur le blog. Le soir, on profite du fait que des AAA (australiennes / américaine / anglaises, j’ai trouvé ça sur un blog, c’est bien dit et ça illustre bien ce dont il est question) décident de se faire une soirée filles dans la salle commune en mettant un DVD avec George Clooney (In the Air). Heureusement, après les premiers soupirs et autres remarques déterminantes pour l’intrigue (“he’s so cute …”), elles se sont tues et nous ont laissés apprécier le film. Par contre, c’est drôle, hein, mettre un dvd dans le lecteur et appuyer sur lecture, elles savent faire, mais après sortir le dvd du lecteur et le remettre dans sa boîte, ça non. Ou alors, elles pensaient qu’on n’avait rien compris et qu’on voulait le revoir ?

J’arrête ma narration là pour cette fois. Comme vous pouvez le constater, nous n’avons fait qu’un passage éclair en Malaisie. Il y a quelque chose d’indéfinissable qui fait que l’on n’a pas accroché. Kuala Lumpur, en particulier, reste un mauvais souvenir, peut-être parce que l’on attendait trop de cette ville : une sorte de modernité qui va de pair avec l’image des Tours Petronas. En outre, les malais peuvent être souriants (c’est rare, et c’est quand ils ont quelque chose à vendre), mais généralement nous n’avons eu aucune interaction avec eux : la caissière qui ne dit pas bonjour, qui ne nous regarde pas, qui scanne nos achats toujours sans un regard, qui ne nous donne même pas le montant puisqu’on n’a qu’à le lire nous-mêmes, qui ne nous dira ni merci ni au revoir, et ne nous jettera pas un regard jusqu’à ce qu’on sorte, est peut-être un cas extrême, mais est symptômatique de ce que l’on a ressenti dans le pays. Et qu’on ne vienne pas nous dire que c’est parce qu’elle ne parle pas anglais : d’abord parce qu’elle pouvait nous parler dans sa langue, et aussi et surtout parce que les malaisiens ont clairement un bon niveau d’anglais, sans compter qu’un regard et un sourire aurait suffi. En plus, et là on cherche encore des explications, il y a manifestement un problème d’acné dans le pays : l’ensemble de la population a des cicatrices énormes sur tout le visage, quand ce n’est pas des boutons affreux, seule la femme plâtrée de fond de teint paraît ne pas être touchée. La faute à l’alimentation peut-être ? On voulait fuir avant d’être touchés sérieusement (les premiers boutons commençaient à apparaître) (et le chocolat n’est pas en cause, j’ai arrêté). Oui, je sais, c’est pas un argument pour condamner un pays aussi abruptement :-).

Rendez-vous (très) (ha ha ha) prochainement pour la suite de nos aventures.

Eva et François vont-ils pouvoir fuir la Malaisie avant que la porte de sortie ne se referme ? Leurs lecteurs, en proie à une angoisse insoutenable, arriveront-ils à passer la barre des 10 commentaires ? La Marmotte sortira-t-elle de son hibernation avant le retour du printemps ? Nos héros échapperont-ils à l’acné menaçante qui risque de ruiner leur vie à tout jamais ? Mais c’est où HatYai ?

A très bientôt

Eva et François