Samedi 1er janvier 2011 19h42 Brumeux le matin Paisible
Vientiane

Laos : Luang Prabang et Vientiane, du 23 décembre au 2 janvier 2011

Sabaiidi tout le monde,

Ce vendredi 23 décembre, veille de Noël, nous avons quitté notre bungalow et le village si paisible de Nong Khiaw, pour prendre le bateau à destination de Luang Prabang, ville mythique et très touristique du Laos, classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Le départ du bateau étant annoncé à 11h, pour une durée prévisionnelle de 6h, François et moi étions sur place dès 10h avec comme objectif de régler les places, et de grimper les premiers dans le bateau pour choisir 4 sièges, Marc et Juliane nous faisant confiance. Nous comptions sur notre solide expérience des transports parisiens pour ça.

A notre grand regret, le bateau n’est arrivé qu’à 10h45 : comme nous nous y attendions, il s’agit d’une pirogue en bois, propulsée par un moteur, et disposant d’un toit pour nous abriter. Nous avons dévalé l’escalier (autant que possible avec 20 kg sur le dos et le ventre), longé la jetée constituée d’une planche en bois qui s’enfonce dans l’eau dès qu’il y a 2 personnes dessus, et sommes montés dans le bateau, juste après un anglais prénommé Terence qui semblait être le fils caché du Prince Charles et du président de Groland. Nous réservons 4 places, loin du moteur : enfin, par “place”, il faut comprendre siège en bois recouvert d’un mini-coussin, séparé de 60 cm du siège précédent, voilà qui risque de vite devenir inconfortable. Les 16 places sont vite prises avec tous les gens qui attendaient. Marc et Juliane, décidément confiants, arrivent nonchalamment à 11h pile. Le bateau étant désormais plein, nous attendons le départ, nous estimant chanceux : les autres bateaux que nous voyons passer sont plein à ras bord, ce qui n’est pas particulièrement rassurant. C’est alors qu’arrive le bateau de Mong Noï (un autre village en amont de la rivière) : les passagers descendent, et certains commencent à monter avec nous. Euh … je sais bien que sur 16 sièges on case 32 laotiens, mais 32 touristes ça va pas être possible. Ah, bien sûr, c’est possible assis par terre au fond. Ou debouts devant.

Le bateau démarre alors, et commence son lent chemin vers Luang Prabang. Il fait beau, les paysages sont superbes. Nous faisons des coucous enthousiastes aux autres bateaux remplis de locaux, ainsi qu’aux gens qui vivent et travaillent sur le fleuve ; les laotiens nous dévisagent avec curiosité.

Au bout de 2 heures, on commence à avoir mal aux fesses. Au bout de 3 heures, les paysages deviennent monotones, François a cessé de répondre “Oui” lorsque je dis “Tu as vu ? C’est beau, hein ?”, et on est prêts à tout pour une pause, pourquoi pas pour une pause déjeuner car nous n’avons prévu que quelques mandarines (pour moi, François est en mode transport, c’est-à-dire qu’il ne boit pas et ne mange rien).

Au bout de 4 heures le bateau s’arrête enfin ! Hélas, pas pour un repas, mais parce qu’il n’y a plus assez de profondeur d’eau pour qu’il passe avec les passagers, alors il nous débarque sur un front de sable, et nous devons faire 300 mètres de randonnée imprévue dans du sable. Au moins, on peut se dégourdir les jambes et passer aux toilettes (pour cela, trouver un coin discret et assez accessible dans les buissons, et surtout ne pas penser aux serpents). Lorsque l’on remonte dans le bateau, je découvre que l’espagnole devant moi en a profité pour reculer son siège : elle mérite toutes les insultes imaginables et une malédiction sur elle et sa descendance. Non, je n’en fais pas trop.

Au bout de 5 heures 15 environ, la Nam Ou rejoint le Mékong, devant les grottes de Pak Ou, sacrées pour les bouddhistes. Il faudra y aller, ça a l’air joli.

Au bout de 6 heures 30 à peu près, la nuit est en train de tomber. Nous croisons plein de touristes en extase d’être sur un bateau pour assister au coucher du soleil sur le Mékong. Nous, nous donnerions tout pour être sur la terre ferme, tellement notre siège de bois est inconfortable.

Enfin ! Luang Prabang ! Nous descendons sur la jetée, étonnés et incrédules de voir que nos jambes répondent encore. Nous sommes épuisés. Vient la dernière épreuve : monter au moins 200 marches dans la presque pénombre avec nos sacs. Je finirai bonne dernière. Heureusement que Marc et Juliane ont tout prévu : par chance, l’hôtel est juste de l’autre côté de la route. Autre bonne surprise : l’hôtel est bien, la chambre aussi, le personnel semble sympathique, et nos 2 amis ont négocié le prix de la chambre de 150 000 à 100 000 kips (soit 10 au lieu de 15 euros environ). Que demander de plus ? On se rendra vite compte qu’en fait, le personnel est tout sauf sympathique, et que l’on entend tout ce qui se passe dans les chambres (au point, un soir, de participer à la conversation téléphonique de la chambre voisine).

Ce soir-là, nous les suivons jusqu’au marché de nuit, mangeons une grosse assiette (moi, François n’a toujours pas faim), et rentrons nous coucher. Pour l’instant, Luang Prabang, on n’en a rien vu, à part le marché de nuit très touristique.

Parmi les restes de la colonisation française (conduite à droite et pétanque) (bien que les français ne se soient jamais très intéressés au Laos), on retrouve la baguette : ça, nous avions déjà eu l’occasion d’en voir. Si Marc et Juliane sont contents de la qualité des pains proposés (après tout ils sont allemands …), nous sommes déçus : la plupart du temps, c’est l’équivalent d’une baguette de supermarché surgelée, donc plutôt sèche et un peu dure. Néanmoins, François se promet de goûter un sandwich en particulier : le cheese, fait avec de la Vache Qui Rit ! Oui, merci l’héritage français ! Et une surprise de taille : ici, la Vache Qui Rit ne se conserve pas au frais, mais à température ambiante ! :-)

Le lendemain, vendredi 24 décembre, jour de Noël, après une grasse matinée bien méritée, nous prenons le petit-déjeuner avec Marc et Juliane, qui semblent avoir le même rythme que nous. Nous déclinons leur invitation d’aller voir une chute d’eau, préférant découvrir Luang Prabang. Tout d’abord, le Mékong !

Pas question aujourd’hui de faire des visites : on n’en a pas le courage, alors on se balade dans le quartier touristique, histoire d’avoir quelques repères pour que Marc et Juliane cessent de nous traîner. En plus d’être renommée pour son centre historique bien restauré, et ses temples et leurs moines, la ville propose une grande quantité de bars et de restaurants, dont des français de bonne qualité. Autant l’avouer : 10 mois après notre départ, c’est trop tentant. Avec une petite larme de joie, François commande des Ricard : entre 15 000 et 20 000 kips, soit moins de 2 euros, ça vaut le coup. On partagera aussi un sandwich Vache Qui Rit (c’est bien la même). Les restaurants sont à l’heure de Noël : sapins éclairés, bonnets de Noël pour les serveurs. Les restaurants un peu plus classe proposent des menus de réveillon très chers … sans même un verre de vin ni de champagne.

Le soir, nous retrouvons Marc et Juliane : pour le réveillon de Noël, ils nous emmènent dans un restaurant dont la spécialité est le barbecue. Avec surprise, nous reconnaissons le système de la moukata de Bangkok ! Un caquelon en métal, en forme de couronne surmonté d’un dôme, et posé sur un lit de charbons ardents. Là, il faut commander sa viande (poulet, boeuf ou porc), qu’ils nous apportent avec des légumes (salades, champignons, herbes), des pâtes, des oeufs ou du tofu, ainsi que du bouillon.

C’est l’occasion de voir qu’on s’était totalement plantés à Bangkok : personne ne nous avait expliqué comment faire, alors nous avions fait des choses par hasard, et sans beaucoup d’intuition. Là, guidés par Marc et Juliane, c’est tout de suite meilleur. La recette : il faut verser le bouillon dans la partie du caquelon en forme de couronne (ça, on savait). Ensuite, il faut aromatiser son bouillon avec les légumes : mettre de la salade, des pâtes, quelques champignons, des aromates. En gros, mettre un peu de tout ce qu’on a sous la main. Troisième étape : graisser le dôme à l’aide des morceaux de gras fournis, et enfin mettre sa viande à griller. Ah !!! Simple en fait ! Ca mijote un peu : il faut ensuite se verser de la soupe ainsi préparée dans un bol, l’aromatiser encore (ajouter une sauce pimentée), et enfin ne pas oublier sa viande (qui brûle pendant qu’on boit sa soupe). C’est fort bon.

Bien plus tard, ayant achevé notre seconde assiette de viande, et notre rab de bouillon, en sueur car tout ça dégage de la chaleur (et qu’il faut chaud dehors), après 2 bouteilles de BeerLao chacun (sauf moi), tout le monde est rassasié et content. L’heure est venue de rentrer se coucher. Voilà un réveillon de Noël très sympa et original, et pas gâché par la neige. Mais sans famille et sans cadeau (et sans champagne).

Le lendemain, le 25 décembre donc : journée studieuse. Nous nous levons pas trop tôt, et partons visiter un des plus fameux temples de la ville : le Wat Xieng Thong. Superbe. Par rapport aux temples thaïs, l’architecture diffère, mais aussi les mosaïques, faites à l’aide de miroirs colorés, et représentant différentes scènes. Beaucoup de pochoirs, aussi, qui semblent être une spécificité de Luang Prabang.

Après ça, François a bien mérité ses pommes de terre recouvertes de lardons et de fromage, pendant que j’essaye un sandwich villageois (moutarde, jambon, cornichons) (déception, juste un cornichon pour tout le sandwich).

Ensuite, nous continuons notre après-midi studieuse. Direction le Palais Royal. Déjà, se laisser tenter par l’audio-guide ou pas ? Je craque, j’en prends un, et je serai chargée de raconter à François. Mais là, c’est bien fait : nous avons le droit et la possibilité de brancher 2 casques ! Et en plus, l’audioguide est très bien fait, on recommande vraiment. Très intéressant et concis, très bien lu. Quel dommage que les photos soient interdites dans le Palais Royal, l’endroit est vraiment très intéressant. Les mosaïques intérieures sont superbes.

Ensuite, nous continuons sur notre lancée, pour voir le coucher du soleil sur le Mont Phousi. La montée (beaucoup de marches) est épuisante, surtout après la marche de la journée. Nous y arrivons un peu trop tôt, ce qui nous laisse le temps de visiter le chedi (pas très intéressant), de nous asseoir, et de patienter …

Dès que le soleil commence à descendre, une meute de gens arrive. L’endroit devient désagréable, c’est la guerre à celui qui va dépasser l’autre pour avoir LE point de vue pour réussir LA photo. Certains dépassent les barrières et grimpent sur les rochers, ce qui est dangereux, et en plus ils gâchent les photos de tout le monde.

Le soir, nous retournons au marché de nuit avec Marc et Juliane, très fatigués par leur journée, qui nous annoncent leur départ pour le lendemain. Nous, ils nous restent des choses à voir et à faire (et des restaurants à essayer, j’avoue), alors nous préférons rester quelques jours de plus.

Lundi 26 : nous choisissons d’aller aux grottes de Pak Ou, un des plus célèbres sites bouddhiques autour de Luang Prabang. C’est le Routard qui le dit, il a noté le site “2 routards”, ça veut dire pas mal. Le Routard conseille d’y aller en bateau, pour une petite croisière, mais nous l’avons déjà subie car nous sommes arrivés par là. Nous choisissons donc la voie routière. Nous ne trouvons pas les bus collectifs pourtant indiqués dans le Routard, et décidons de nous rabattre sur un tuk-tuk. Après négociations, nous partons pour un long et désagréable trajet d’au moins 1 heure, surtout qu’à un moment nous devons quitter la route goudronnée pour suivre une piste, et dans un tuk-tuk (ou plutôt, un samlor) c’est vraiment pénible, car il n’y a pas vraiment d’amortisseurs. Ensuite, il faut trouver le chemin du quai dans le village, et prendre un bateau canot (qui nous attend pendant la visite). Puis, monter quelques marches, visiter la première grotte, monter beaucoup beaucoup de marches, visiter la seconde à la lampe de poche. Mise à part la visite dans le noir (c’est amusant), ça n’a pas beaucoup d’intérêt, et ça ne vaut pas les 2 heures infernales de tuk-tuk.

Le soir avons découvert un nouveau restaurant tenu par un français (qui en tient 3 dans la ville, c’est une affaire qui roule), et, après un bon repas, je craque pour le dessert qui passe devant mes yeux … snif … ça me rappelle Paris …

27 décembre, nous nous levons tôt (6 heures) pour assister à ce qui est un immanquable de Luang Prabang : l’aumône des bonzes. C’est un rituel courant en Asie : chaque jour, à l’aube, des moines sortent et marchent dans les rues, avec un panier en métal. Les fidèles, à genoux, leur donnent de la nourriture : du riz, des fruits. Lorsque leur panier est plein, les moines en jettent un peu pour que d’autres fidèles puissent faire leur offrande (pas par terre, il y a plein d’enfants pauvres qui suivent le cortège). D’après ce que j’ai lu, les moines ne mangeraient que ça de la journée. Pour des raisons inexpliquées, mais sans doute religieuse, puisqu’en faisant cela ils imitent Bouddha, tous les moines ne pratiquent pas.

Ce rituel est réputé, surtout à Luang Prabang. Les couleurs orangées des robes des moines tranchent sur le gris ambiant dû aux brumes matinales (la ville reste brumeuse jusqu’à 11H, tous les jours où nous y étions) : associées au silence du petit jour et à l’architecture bien conservée de la ville, tout ceci donne à la procession une atmosphère très particulière, mystique. Toutes les galeries photos de Luang Prabang proposent d’ailleurs des cadres. Evidemment, c’est devenu très touristique, avec forcément la guerre pour la meilleure photo : entre les touristes qui ne respectent pas et se mettent sur le chemin des bonzes pour voir de près, ceux qui prennent des gros plans avec flash, et ceux qui se mêlent de faire des offrandes alors qu’ils ne sont pas bouddhistes, la cérémonie perd de son essence, les moines ne sont pas contents (qui a parlé de la parade de Disney ?), et il est question qu’ils arrêtent. Dans tous les temples de Luang Prabang, une affichette indique ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire, et malgré tout les gens sont incapables de respecter.

Dès que nous sommes sortis de l’hôtel, des femmes se sont précipitées vers nous pour nous vendre du riz gluant. Non merci, nous ne participons pas. Nous nous sommes posés dans la rue principale, mais sur le trottoir d’en face. Des tapis étaient installés pour les groupes (de touristes asiatiques, qui participent moyennant finance, accompagnés d’un guide), avec les vendeurs de riz et de bananes installés derrière. Les moines sont arrivés au pas de course, acceptent l’offrande sans regarder la personne et repartent rapidement. Je les comprends, je ne serai pas plus à l’aise à leur place.

Assez écoeurés, nous sommes partis très vite. Bien nous en a pris : alors que tout le monde se concentre sur l’avenue principale, d’autres processions plus authentiques ont lieu dans d’autres rues, y compris la rue parallèle, où se trouvait notre hôtel. Evidemment, toujours dans l’idée d’être le plus respectueux possible de leurs traditions, François n’a pris qu’une photo, un peu floue, sans flash, discrétion oblige. Nous avons ensuite terminé notre nuit à l’hôtel.

Le soir, j’assiste seule à un spectacle de danse au Palais Royal. Je sens que François m’en veut encore de l’avoir entraîné à Ubud. Là encore, j’ai eu droit à un épisode du Ramayana (je ne connais pas le nom donné par la laotien), mais sans Rama et Sita, ça change. Et à la fin, le démon gagne, ça change aussi. Le démon a réparé le palais du roi, contre la promesse que le roi devait lui donner ce que le démon demanderait ; le démon a demandé la femme du roi (c’est quand même un peu toujours la même histoire), et le roi n’a pas pu faire autrement que de la lui accorder. Fin. Ils auraient dû me demander mon avis, la réponse était simple : la reine a beau avoir épousé le roi, elle ne lui appartient pas, donc il ne peut pas la donner :-). En tout cas, la musique est beaucoup plus agréable que celle d’Ubud (moins de klings), et la danse aussi jolie. Pas de photos, j’avais oublié l’appareil.

Le 28, nous avons déjà vu beaucoup de choses à Luang Prabang, nous décidons donc de réserver le trajet pour le lendemain, en direction de Vientiane, la capitale. Autant passer le réveillon de la Saint-Sylvestre dans une capitale, non ? Puis, nous choisissons de découvrir d’autres choses moins touristiques. Nous avons d’abord cherché les mares bien cachées du site de l’étang Boua Kang Bung.

Et puis ensuite, nous nous sommes baladés : Luang Prabang est une ville très jolie, encore faut-il savoir se perdre dans les petites rues, entrer dans les temples peu fréquentés (et gratuits).

Après un dernier repas, au barbecue de Marc et Juliane, nous disons au revoir à Luang Prabang. Nous repartons chargés : en plus de quelques cadeaux (mais je ne dis pas pour qui, suspens … un petit indice, il y a parfois un éléphant dessus :-)…), nous emportons avec nous un cadre au pochoir, dans son étui. François, décidément moqueur, l’appelle “mon carquois” et chante “Nawadika”. Un an que je subis ses moqueries, vivement qu’il retrouve ses collègues.

Le lendemain, nous démarrons très tôt, direction Vientiane. Après mûre réflexion, nous avons décidé de sauter Vang Vieng, une ville dont la capitale environnante est paraît-il très jolie, mais qui est maintenant réputée pour 3 choses : le tubing, c’est-à-dire une descente de la rivière en bouée, interrompue fréquemment par des bars proposant beaucoup d’alcool pour pas cher, et donc il y a une grande clientèle d’écervelés qui viennent boire (et se noyer, forcément, nager bourré c’est pas conseillé), ou passer la journée affalés dans des bars en regardant “Friends”. Bof bof … on saute l’étape.

Le trajet est superbe, surtout quand on arrive dans la région de Vang Vieng (tant pis). Le bus, VIP, est plus confortable qu’un bus classique, mais il aura quand même 2 heures de retard. Nous arrivons à Vientiane à 18h, alors que la nuit est tombée et qu’on ne sait pas où aller. J’ai bien un ou deux noms d’hôtel, mais où ??? Nous essayons le Vayakorn Inn, mais reculons devant le prix (35 dollars, soit 280 000 kips), finissons par hasard dans une chambre vraiment pas chère, mais vraiment pas terrible. On décide de changer dès le lendemain, et François, courageux, part le soir-même en prospection pour en trouver un autre, qu’il réserve. En attendant le lendemain, nous commençons la tournée des restaurants français de Vientiane.

Le jeudi 30 décembre, nous nous levons tôt, jettons un regard sombre à la douche, décidons de l’ignorer, et changeons d’hôtel. Le nouvel hôtel est très bien. Bon, une fois qu’ils acceptent de mettre un rideau à la fenêtre. Super grande douche. C’est seulement après qu’on se rend compte qu’il n’y a pas d’autre client parce qu’ils sont en plein travaux. Et on sera réveillés le lendemain à 8h, par le bruit, vous vous rendez compte, 8 heures ! Pour l’instant, nous l’ignorons encore, mais décidons de chercher un autre hôtel. François craque : puisque c’est le Réveillon du Nouvel An, autant se payer un bon hôtel. Nous réservons le Vayakorn Inn pour les 2 nuits suivantes, du 31 et du 1er janvier.

Ceci fait, nous bougeons : direction le Wat Sisaket, un incontournable du Routard, qui lui a attribué “3 routards”. Franchement, ça ne vaut pas le déplacement. Un temple, beaucoup de Bouddhas, pas grand chose de plus. Et puis, il faisait trop chaud pour qu’on soit très intéressés par ce genre de visite.

François, lui, a plutôt apprécié la visite de ce temple avec ses coursives en bois.

Ensuite, nous poussons jusqu’au Centre de Langue Française, assez éloigné, qui, d’après Le Routard, propose des films en français 2 fois par semaine. Ca tombe bien, il y a une séance le soir-même : Coeurs, d’Alain Resnais, qu’on n’a vu ni l’un ni l’autre. On doit revenir à 19h, mais là, comme on est morts de fatigue, on rentre à l’hôtel, mais en passant par les petites rues, histoire de faire quand même un peu de tourisme.

Après nous être un peu reposés, nous ressortons : il est l’heure d’aller à la séance. Quelle déception que ce film ! C’est la journée, décidément ! François s’est souvenu en cours de séance qu’il l’avait vu (et oublié, pour de bonnes raisons).

On rentre manger une pizza dans un restaurant français. Vientiane, c’est pas Luang Prabang, à 21 heures les restaurants ferment tous.

Vendredi 31 janvier, réveillés à 8 heures par les travaux de l’hôtel, nous sommes confortés dans notre décision et changeons à nouveau d’hôtel. Direction le Vayakorn Inn (tant de chemin à parcourir en sens inverse …). Evidemment, pour le prix, nous nous attendons à quelque chose de bien, et il l’est ! Avec même du Wifi dans la chambre, ce qu’on n’avait pas eu depuis pas mal de temps. Et Tv5Monde ! Et même une cabine de douche ! Une vraie, en dur !

Malgré tout, il n’est pas question de passer nos journées dans la chambre. Direction le Wat Sopkaluang, chaudement recommandé dans le Routard, mais pas pour la visite : ils proposent un sauna aux herbes et des massages, quelle bonne façon de finir l’année ! Bon, on n’est pas les seuls à y avoir pensé, évidemment. François refuse le sauna, je serai la seule à le tenter. Nous enfilons des sarongs au-dessus de nos maillots de bain, puis je vais dans le sauna. D’emblée, l’aveuglement : il y a tant de vapeur qu’on ne voit rien, juste quelques silhouettes. La vapeur est oppressante, il faut un petit moment pour s’habituer à respirer. Une jeune femme m’indique une place de libre, et je finis par savoir un peu où je suis. Une pièce d’un 2 mètres carrés, avec une dizaine de personnes à l’intérieur. 2 bancs, quelques personnes assises, les autres restent debout. Ca pourra être un moment de détente, si je n’étais pas tombée avec un groupe d’asiatiques (thaïs, laotiens ?) qui n’ont cessé de parler. En criant. Dans 2 mètres carrés. A frapper.

Du coup, je suis pas restée très longtemps, mais suffisamment longtemps pour voir que François, alors que je pensais que nous avions convenu du contraire, ne m’avait pas attendu pour passer au massage. Bon, il faut dire qu’il y avait plein de monde, et que c’était un peu l’usine. Pour m’occuper en sirotant mon thé (offert), je l’ai regardé se faire masser. Il grimaçait, de douleur semble-t-il, pendant que son masseur appuyait de toutes ses forces sur son dos. Gloups. Ah, c’est mon tour. Je me suis retrouvée avec une dame assez âgée, qui cachait bien sa force.

1 heure plus tard, je suis ressortie de là fourbue, mais ravie. Un des meilleurs massages qu’on a pu faire en Asie, et pas cher du tout. Bon, un peu effrayant quand la dame a fait craquer chacune de mes doigts, y compris mes orteils, ou qu’elle a tiré mon bras par-dessus l’épaule adverse jusqu’au crac. Ca fait du bien après. François était bien d’accord (bien que toujours méfiant envers les massages).

De retour au Vayakorn, après une bonne douche pour réconforter nos pauvres articulations meurtries, nous sommes retournés au restaurant français, le Provencal, où nous avions dîné la veille. Menu spécial réveillon : au choix, pavé d’Autruche, huîtres d’Oléron (!!!), plateau de fromages, ou pizza. Je me suis fait plaisir avec un plateau de fromages de chez nous, et François a continué sur sa lancée pizza (3 en 3 soirs, un record). Le tout, avec le bruit de la soirée “Tiger Beer”, qui était juste sur la place du restaurant : à croire que les laotiens fêtent la nouvelle année à la bière, car sur une autre place, il y avait la soirée “BeerLao”. Des tables, des stands de nourriture, de la bière, une estrade avec un écran géant, des jeux incompréhensibles, et des caméramans.

François est devenu une star chez les laotiens : 5 fléchettes, 5 ballons à éclater, un sans faute, malgré la difficulté supplémentaire (des ballons plus petits et séparés par des barreaux). En cadeau, une jolie petite peluche de grenouille.

Comme il était tôt, nous sommes retournés à la chambre, et ressortis peu avant minuit, pour assister au décompte (en anglais) sur la place : 10 … 9 … etc … 3 … 2 … 1 ! 2011 ! super, avec 6 heures d’avance sur la France, et pleins de laotiens joyeux, qui se prenaient en photo devant le sapin bleu Tiger. Par contre, où est le feu d’artifice ? On verra les images des feux d’artifice partout dans le monde, à croire que nous étions dans la seule capitale où il n’y en avait pas ! avec Paris (pas très glorieux, tout ça).

Après ça, nous nous sommes couchés. Le lendemain, nous n’avons rien fait de la journée, au point que la réception du Vayakorn nous a appelés à 12h30 pour savoir si nous voulions qu’ils fassent la chambre … euh oui, oui, on sort tout de suite.

D’ailleurs, Vientiane, c’est pas Paris : le 1er janvier, tout est fermé ! On a galéré à trouver un seul resto ouvert, une soupe de pâtes grasse et mauvaise. On a rencontré des français ravis de leur repas au restaurant, mais ils ne devaient pas avoir passé assez de temps en Asie pour voir à quel point c’était infect. Ou alors, ils ressentaient encore l’excitation de l’aventure “manger local”. Et donc, on a fini dans une boulangerie “Le Croissant d’Or” pour prendre un sandwich pour faire passer le goût de la soupe.

Le lendemain, nous sommes partis à la gare, pour trouver un bus en direction de Thakhek, plus au sud, à 5 heures de route de Vientiane. L’objectif est de descendre jusqu’à la frontière du Cambodge, en moins de 14 jours à cause du visa qui se termine. Et du voyage qui s’approche de la fin, bien sûr.

Voilà pour le compte-rendu de cette étape. Nous avons beaucoup aimé Luang Prabang, malgré la déception initiale (l’impression d’être arrivés trop tard, dans un lieu maintenant abîmé par le tourisme) : la ville est très agréable, une fois passée la déconvenue de voir que dans le centre il n’y a plus que des hôtels, bars, restaurants, et magasins touristiques. Je ne suis même pas sûre que les laotiens profitent de tout l’argent que ça rapporte, car tout semble être aux mains des étrangers (par exemple, un palace, en construction pour une société vietnamienne). Par contre, Vientiane nous a moins intéressés. Nous n’avons peut-être pas laissé sa chance à cette ville.

Le Laos nous plaît toujours autant, cela va-t-il durer ?

Merci de nous avoir lu jusqu’au bout, et à très bientôt.

Des gros bisous à tous

Eva et François