Jeudi 23 décembre 15h46 Froid le matin Amis !!!
Nong Khiaw

Laos : Luang Nam Tha, Muang Sing et Nong Khiaw du 16 décembre au 23 décembre

Bonjour tout le monde,

Pfff, le temps file, le retour se rapproche à grands pas ! Mais dans notre narration, nous n’y sommes pas encore …

Ce dernier jour à Chiang Rai, le dernier en Thaïlande, nous étions stressés à l’idée de passer la frontière Thaïlande-Laos à Chiang Khong-Houey Xaï, 2 villes séparées par le Mékong : étant donné que ce n’est pas le point d’entrée usuel au Laos, la frontière sera-t-elle ouverte, allons-nous devoir payer un bakchich ? Sans compter les trafics de drogue (problèmes courants à la frontière), comment surveiller tous nos sacs pour ne pas qu’on y cache de la drogue et que nous ayons des problèmes ? J’avais beau dire à François que, étant donné que les cultivateurs d’opium se trouvaient au Laos et pas en Thaïlande, il y avait peu de chance que le trafic s’effectue dans le sens Thaïlande - Laos, une petite angoisse restait néanmoins présente.

Et, si tout se passe bien, allons-nous avoir assez de temps pour nous rendre à notre prochaine destination, Luang Nam Tha, et trouver le transport adéquat, dans un pays plus pauvre et dont les infrastructures laissent à désirer ? Ou au contraire rester bloqués dans une ville frontalière que nous imaginions dangereuse et sans intérêt ?

C’est pour mettre toutes les chances de notre côté que le 16 décembre, nous nous sommes levés très tôt (encore …), à 6h, dans le but de prendre le premier bus (celui de 7h) pour Chiang Khong (à la frontière). Nous avons refusé d’acheter le transport hors de prix jusqu’à Houey Xaï qui était vendu à Chiang Raï, pour nous débrouiller par nos propres moyens.

Après 3 heures de route, dans un bus froid et un peu pourri, nous arrivons à Chiang Khong et sautons dans un tuk-tuk pour nous rendre à la frontière. Nous découvrons à la surprise à la frontière qu’en fait il y a beaucoup de monde, ce n’est pas du tout un petit poste de frontière oublié, mais qu’au contraire les choses sont bien rodées. Un tampon de sortie thaïlandais sur le passeport plus tard, nous grimpons dans un bateau (canot serait plus adapté) pour traverser le Mékong. Vous vous rendez-compte ? le Mékong ! Encore un nom mythique !

Nous arrivons de l’autre côté sans avoir coulé, sautons hors du bateau, essayons de comprendre ce qu’il faut faire (surtout que nous avons déjà notre visa), finissons pas comprendre (finies les queues bien formées, on voit tout de suite que l’on a changé de pays), et recevons un nouveau tampon. C’est fait, nous sommes au Laos !

Nous nous éloignons un peu et trouvons une agence de voyage qui vend un aller pour Luang Nam Tha en minivan, avec un départ dans 30 minutes, c’est parfait.

Petite interruption : pourquoi Luang Nam Tha ? La grande majorité des gens qui passent par cette frontière prennent ensuite un bateau pour aller directement à Luang Prabang, en 2 jours, et font ainsi l’impasse sur le nord du Laos : on les repère tout de suite car ils ont tous acheté un coussin moche pour s’asseoir confortablement dans le bateau. Nous, nous voulons voir le nord qui promet d’être très beau, et puis j’ai lu que le voyage en bateau jusqu’à Luang Prabang se fait à bord de “bétaillère à touristes”, alors passer 2 jours (avec une escale pour la nuit), dans un bateau inconfortable, serrés comme des sardines, en compagnie des anglosaxons qui confondent le petit déjeuner avec l’apéro, pour voir des paysages qui lassent au bout de 2 heures, bof bof, ça nous tente moyen … autant aller dans le nord.

Nous retirons nos premiers kips (comme en Thaïlande, il y a une surtaxe sur les retraits). Déjà, on voit la différence avec la Thaïlande : les routes n’ont pas forcément de macadam, on se demande comment vont se passer les 4 heures de transport (au lieu de 7 en transport public, c’est déjà ça). Nous avons à peine le temps de voir un peu Houey Xaï, son temple, sa rue principale.

Départ à peu près dans les temps, nous sommes dans un minivan très confortable, à côté d’un australien peu sympathique. Le trajet est surprenant : autant la route est bonne, autant les villages que nous traversons n’ont plus rien à voir avec la Thaïlande. Les maisons sont sur pilotis, pas toujours très droites, leurs murs sont en paille (ou en bambou, ou en osier, une matière végétale quoi). Quant au sol, c’est juste de la terre. Nous voyons plein d’enfants, plus ou moins habillés (souvent pas), qui jouent par terre au milieu des poules, des canards, des cochons, des chiens et des chats. Et pour la première fois depuis longtemps, les voitures roulent à droite.

Nous arrivons à Luang Nam Tha fatigués par tout ce trajet et trouvons la guesthouse qui était recommandée sur internet, Toulasith Guesthouse. La chambre est bien et pas chère, mais l’accueil très moyen : ils ne comprennent pas vraiment l’anglais, et sont rarement à l’accueil, ce qui complique souvent les choses.

Ensuite, nous découvrons notre nouvel environnement : euh … Une rue principale, peu de circulation, l’essentiel des guesthouses et des restaurants est concentré sur 100 mètres. Et donc, tous les touristes y sont concentrés. Le coin est réputé pour les treks permettant d’aller à la rencontre des ethnies montagnardes (…), mais vu que nous ne sommes pas très treks, ni très ethnies montagnardes, et qu’en plus ça coûte un bras, nous laissons tomber l’idée.

Comme tout ça nous a bien fatigués, et qu’il est tard, on ne fera pas grand chose de l’après-midi. Le soir, nous avisons un marché de nuit (facile, juste dans l’avenue principale) : au menu, salade de papaye et poulet grillé, super bon, mais qu’il faut manger sous le regard avide et suppliant des chiens errants. D’ailleurs, il ne faut pas perdre sa table de vue … Nous avons craqué, ils ont eu les os.

Le lendemain, après un réveil tardif, nous décidons de louer un scooter : il y a plein de choses à voir dans la région, dont des villages ethniques. Après discussion, nous choisissons un scooter automatique, beaucoup plus cher que les manuels ou semi-automatiques, mais François ne se sent pas de conduire un non automatique. Entre en scène Scotty VI, alias le Glacial.

On va d’abord voir le temple du village. Nous comprenons alors les 2 types de route au Laos : dans un cas, une route bitumée plus ou moins bonne, dans l’autre, les pistes. Et la piste, à scooter, avec la terre, les trous et les cailloux, ça n’est vraiment pas agréable ! Ca nous a rappelé le buggy à Fernando de Noronha …

Nous reprenons la route en sens inverse pour aller voir un village : pareil, nous devons quitter la route bitumée pour une piste, qui passe au milieu d’un village. Nous arrivons en pétaradant, les gens nous regardent avec curiosité mais sans vraiment de sympathie. Finalement, nous rebroussons chemin, et décidons d’arrêter de vouloir visiter des villages, car nous sommes trop mal à l’aise. Et puis, ce n’est pas comme si les gens vivaient encore de façon traditionnelle, c’est fini ça.

Nous nous contentons alors de rester sur la route principale, et on fait le tour de la ville : les paysages sont superbes, les enfants nous disent bonjour, nous allons presque jusqu’à la frontière avec la Chine (j’exagère à peine :-)). Seul problème : malgré les polaires, on gèle.

Finalement, nous rentrons déjeuner : nous cherchons le restaurant chaudement recommandé le Routard, à quelques 10 km de la ville, mais il n’y a aucune indication (et c’est pourri le Routard, aucune indication utile à part “qu’est-ce que c’est bon !”), nous cherchons dans les petites rues (donc piste non bitumée), sans succès, alors nous abandonnons. Après déjeuner, nous rendons Scotty VI et ne faisons plus rien.

Le lendemain, nous partons pour le village de Muang Sing, à 80 km de Luang Nam Tha : nous laissons une fois de plus nos gros sacs à l’hôtel, posés derrière la réception, et ne gardons que le strict minimum. Nous arrivons pile à la gare pour prendre la navette, qui part avec une demi-heure d’avance. La route, bien que goudronnée, tourne beaucoup, et les passagers ne le supportent pas tous. Nous arrivons au bout de 2 heures dans le village proprement dit, la gare est en face de la place du marché. Nous essayons un premier hôtel, celui qui est conseillé dans le Routard, tenu par une grand-mère. Celle-ci nous prend en mains, nous amène à l’hôtel d’en face, et nous fournit une chambre qui paraît correcte au premier abord, et surtout par chère : on prend. Par la suite, nous nous rendrons compte des défauts : beaucoup de poussière et de moustiques, une chasse d’eau “manuelle” (avec un bac d’eau et un bol), de l’eau chaude quelques heures par jour (chauffée naturellement, donc pas chaude), et surtout, pas de serviettes de toilette ! On avait pris l’habitude, elles ont toujours été fournies depuis la Thaïlande ! Donc, on n’a pas emporté les nôtres … Le choix est vite fait : nous sommes là 2 nuits, il ne fait pas très chaud, et bien on va se passer de douche … C’est qu’on a fait la Bolivie, nous.

Nous déjeunons chez la grand-mère, qui tient un restaurant juste en face de notre hôtel : c’est bon et pas cher ! nous gardons l’habitude. La grand-mère, elle, n’est pas bête : super commerçante, elle sait comment pousser à la consommation … mais toujours avec le sourire. Ce midi-là, nous rencontrons Doria, une française, grande voyageuse, qui vient pour la seconde fois passer ses vacances au Laos : une super rencontre.

Après ça, ne pouvant pas traîner dans une chambre très moyenne et poussiéreuse, surtout sans Wifi, nous décidons de louer un vélo. Je vous vois venir, pourquoi n’avons-nous pas continuer sur notre lancée avec Scotty VII ? Et bien, pour une raison simple : dans un village pas encore trop touristique, personne ne loue de scooter !!! alors, vélos …

Sur nos supers vélos, loués chez la grand-mère (quand je vous dis qu’elle est commerçante …), nous sortons du village, et partons découvrir la campagne : direction, la frontière chinoise, à 12 km (sans aucun espoir de l’atteindre, c’est beaucoup, et il faut faire le retour). Nous découvrons des paysages superbes, essayons de visiter un village (au moins, le vélo, c’est silencieux), rebroussons rapidement chemin car nous ne sommes pas plus à l’aise qu’à scooter, et puis retournons au village après avoir parcouru 5 km (quand je vous disais que 12 c’était trop) (mais ça fait 10 avec le retour). J’aurai quand même le temps de dérailler 3 fois, la faute à un vélo pourri.

Ensuite, nous retournons au village, et, après une pause rafraîchissante chez la grand-mère, nous décidons de réserver une activité pour le lendemain : un trek ! Oui, moi ! Une seule journée (largement suffisant …), niveau de difficulté moyen, nous devons découvrir les montagnes, et finir dans un village Akha. Les autres treks nous faisaient passer de village ethnique en village ethnique, nous sommes maintenant sûrs que ça nous nous plaira pas. Comme nous ne sommes que 2 pour le trek, nous payons le prix fort : 220 000 kips (au lieu de 240), soit 22 euros environ, par personne. C’est cher …

Lors d’une seconde pause rafraîchissante chez la grand-mère (signe que la chambre est vraiment trop moche), nous sommes abordés par 2 allemands, induits en erreur par le maillot de l’équipe de foot allemande que porte François (ça marche aussi sur les chauffeurs de tuk-tuk). Ils veulent savoir si nous sommes intéressés par un trek de 2 jours : non. Nous leur parlons de celui que nous avons déjà choisi, ils vont réfléchir. S’ils se joignaient à nous, le prix du trek baisserait, mais en contrepartie je ne connais pas leur niveau, sûrement meilleur que le mien (à savoir, nul), et j’ai peur de les ralentir. Bref, on verra demain.

Nous sommes rejoints par Doria, avec qui nous parlons de Paris, que nous avons quitté depuis si longtemps déjà. Elle nous raconte aussi sa journée de trek qu’elle a faite, elle, à Luang Nam Tha. Ils étaient deux clients, accompagnés du guide et d’une cuisinière, et, en plus de la fatigue due au niveau du trek, ils ont eu la peur de leur vie lorsqu’ils sont tombés sur des bûcherons. Car les forêts constituent un parc national protégé, et il est interdit de couper du bois et de chasser les animaux. Dans la réalité, les contrebandiers sont légion, et graissent la patte des surveillants. Là, les bûcherons étaient accompagnés d’un garde, armé, qui a menacé les randonneurs et les a suivis pendant 1 heure : paraît-il que même le guide était inquiet. Cette histoire nous effraie un peu quand même …

Debouts tôt le lendemain, un peu stressés : moi, parce que j’ai peur de ne pas suivre, François, parce qu’il a peur que je ne suive pas et devienne hystérique (ce garçon exagère beaucoup). Nous arrivons pile à l’heure, et rencontrons les deux allemands, qui se sont décidés à rejoindre notre trek : Marc et Juliane, fort sympathiques tous les deux. Nous rencontrons aussi notre guide, qui ne nous donnera pas son prénom, et commence par décharger son sac des bouteilles d’eau : c’est à nous de les porter. Comme nous n’avions pas prévu ça, nous n’avons pris qu’un sac pour deux, et François va le porter (il refusera d’alterner). Nous nous mettons en route, atteignons le point de départ, et commençons la montée. Oui, la montée commence tout de suite. A peu près 3 minutes après avoir commencé, déjà essoufflée, je commence à regretter la décision, surtout que François n’était pas trop pour et que j’ai dû insister. C’est là que je réalise qu’il y a une information que nous n’avons pas : le nombre de kilomètres totaux … Gloups …

Le guide, en tongs évidemment, trace comme une flèche sans se préoccuper de nous. Marc et Juliane avancent à grands pas, je suis derrière mais me fait distancer rapidement. François ferme la marche, pour garder un oeil sur moi (il est gentil, et en plus il porte tout).

La montée sera longue et pénible, avec quelques rares pauses autorisées par le guide, toujours aussi silencieux et pas forcément sympa. Je culpabilise un peu de ralentir la marche, j’ai peur qu’il soit obligé de supprimer certaines étapes à cause de moi : s’il n’y avait que nous deux, ça ne poserait pas de problèmes, mais c’est pas terrible pour Marc et Juliane. Le guide me rassure, nous ne sommes pas trop lents (mais a-t-il vraiment compris la question ?). Nous nous débarrassons vite des polaires, et apprécions de marcher sous le couvert des bois : vu le soleil, ça aurait été insupportable. Assez souvent, nous perdons des yeux le guide et nos deux allemands. Heureusement que le parcours est simple (il suffit de suivre le sentier), nous ne pouvions pas nous perdre.

11h, après 1h30 de marche à peu près, le guide s’arrête en haut d’une cascade : nous ne nous approcherons pas trop près du bord. C’est là qu’il sort de quoi se restaurer : du riz gluant, des légumes, du poulet (spoiler : à l’époque, nous mangions encore de la viande), et des mandarines. Le tout est très bon, même s’il est trop tôt et que nous n’avons pas encore faim (il faut dire que le petit déjeuner, pris chez la grand-mère, n’est pas si loin que çà). Le guide ne fait pas trop d’effort de conversation, les deux allemands et François non plus. Donc, je m’y colle.

Ensuite, nous repartons : le guide m’encourage, il n’y a plus qu’1h30 de montée. BOOOUUUHHH. Pourquoi ai-je insisté !!!

La montée continue, les paysages changent (en même temps, ça reste du parcours dans les bois, donc c’est pas un gros changement, il y a toujours des arbres). Au bout d’un long moment (1h30 à peu près), nous arrivons enfin à un plateau. A mon grand désarroi, je me fais distancer même sur du plat, c’est démoralisant. Et enfin, la descente …

Nous ferons une grande pause lorsque nous rencontrons des braconniers gens charmants qui discuteront aimablement avec notre guide (tiens, il parle …). Un fusil est posé contre un arbre un peu plus loin. Ils ont attrapé une sorte de rat, qui grogne dans son sac. Au bout d’une longue demi-heure (tiens, notre guide est un bavard …), nous repartons enfin, et croisons un peu plus tard un autre braconnier, son fusil à l’épaule. Gloups. Heureusement que notre guide les connaît.

Durant la randonnée, notre guide nous présente de temps en temps des choses (c’était marqué dans le contrat, présentation des espèces animales et végétales). En espère végétale, on a droit à l’arbre avec lequel ils font des balais, une feuille qui sent le camphre (et qui a un goût abominable, j’ai tout craché, et François a comme d’habitude refusé de goûter). En espèce animale, il a essayé de nous montrer un serpent, a mis un bâton dans pas mal de trous, rien, les serpents ont refusé de sortir. Déçue.

Enfin, après une longue descente, sur un sentier toujours aussi visible et de bonne qualité, alors que la fatigue se fait sentir depuis un long moment, nous sortons de la forêt. Petite précision : si on sort de la forêt, c’est parce qu’ils en ont coupé des pans entiers pour faire pousser des hévéas. Ca, c’est la notion de parc national au sens laotien. Ca nous permet d’avoir une bonne vue sur les montagnes, mais à voir la déforestation, ça fait mal au coeur. Et il fait aussi beaucoup plus chaud !

Enfin, après un temps qui nous a paru long, nous arrivons au fameux village akha. Le guide nous montre la porte des esprits caractéristiques des Akha, qu’il ne faut surtout pas toucher, mais qu’on peut photographier. Perso, j’ai trouvé ça plutôt décevant, vu la description des portes des esprits dans le guide : celle-ci paraît toute petite. Nous traversons le village : c’est manifestement l’heure de la douche dans la rivière, de nombreuses personnes passent avec leur bassine et leur nécessaire de toilette. Ceux qui ne vont pas la rivière se lavent au robinet, au centre du village, devant tout le monde. Dans l’ensemble, les asiatiques sont très pudiques, mais les Akhas détonnent. De nombreux enfants sont nus, ou presque (l’un n’avait même qu’un blouson crasseux).

Peu de gens s’intéressent à nous, mis à part 2-3 fillettes qui essaient de nous vendre des bijoux. Je pensais qu’on allait être accueilli par le chef du village, avoir une cérémonie d’accueil typique. C’est fini, tout ça. J’exagère, nous avons eu droit à un moment typique : assis sur un banc en bois au milieu des enfants, dans l’épicerie du village, nous avons regardé la télé (la seule du village ?), qui passait un film nul (certainement thaï). Super. Voir une des femmes filer du coton (le mettre en bobine) sur un outil de fabrication maison était nettement plus intéressant.

Enfin, la voiture est venue nous chercher, et nous sommes rentrés. Je les ai tous laissés se mettre à l’arrière du pick-up, moi j’étais confortablement installée sur les sièges à l’intérieur. J’apprendrai plus tard que nous avons marché 16 km aujourd’hui. 16 !!! Moi !!! Record battu !!!

Pour être sympathiques, nous avons invité les allemands et le guide à boire un verre. Celui-ci est devenue prolixe d’un coup, et nous a dit qu’il n’était pas en forme aujourd’hui car hier soir il a abusé de la boisson (ils ont partagé une caisse de bière, soit 18 bouteilles, à 3) (des grandes, de 660 mL, pas les petites classiques) : en gros, son mutisme était dû à sa gueule de bois … sympa. Ensuite, il nous a raconté une légende sur les akhas et les laotiens, pourquoi les akhas sont animistes et les laotiens bouddhistes : ça a commencé comme le Petit Poucet, c’est devenu une histoire compliquée avec des esprits, ça a duré des heures et on n’a rien compris. Finalement, je le préfère avec la gueule de bois.

Ensuite, nous sommes retournés chez la grand-mère. Dans un univers normal, nous aurions pris une douche bien méritée après notre balade, là, euh … et puis, à quoi ça aurait servi, nous n’avions pas non plus de vêtements de rechange … bon, les gens vont devoir nous supporter comme ça. Surtout Doria, que nous retrouvons chez la grand-mère, suivie par Marc et Juliane, à qui nous avions donné rendez-vous pour le souper (mais eux sont douchés …).

Finalement, nous nous couchons tôt, surtout en perspective du réveil très matinal qui nous attend : nous avons décidé d’aller voir le marché, ce qui, dans le Routard, est conseillé entre 6 et 8 heures, quand “les ethnies montagnardes en tenue traditionnelle descendent en ville pour vendre leurs récoltes”. Résultat, nous y sommes à 7 heures, faisons un petit tour, et rentrons déçus : pas d’ethnies montagnardes, rien de très intéressant. Ca nous laisse le temps de petit-déjeuner chez la grand-mère (son riz gluant au lait de coco et à la banane, je conseille), puis de nous préparer pour prendre le bus de 9h30 pour retourner à Luang Nam Tha. Doria nous avait prévenus hier, il faut y être une heure avant pour être sûrs d’avoir des places, ce qui ne nous stresse pas plus que ça, car des bus il y en a d’autres qui suivent. Là, ça tombe bien, nous sommes debouts, alors allons-y. Après avoir dit au revoir à la grand-mère, bien sûr, un personnage phare du village.

8h30, nous découvrons le bus alors que nous nous attendions à un minibus. Le bus se remplit, nous sommes bien installés sur 2 places minuscules quand arrive Doria. François, galant, lui laisse sa place pour que l’on discute toutes les deux, et va s’installer sur la banquette arrière de 5 places. Une banquette de 5 places, au sens laotien, ça veut dire qu’on peut mettre facilement 7 ou 8 personnes. Sauf, évidemment, quand il y a un touriste occidental au milieu, alors on ne peut en mettre que 6. Nous découvrons aussi une grande innovation par rapport aux bus péruviens et boliviens : là-bas, des gens voyageaient debout dans l’allée. Ici, pas question que les gens soient debout : ils ont des tabourets. C’est beau le progrès. Le petit garçon a côté de Doria ne supportera pas les tournants, mais restera stoïque. Autant l’aller s’est bien passé, autant la descente dans un bus trop chargé qui tangue, avec les virages et le ravin, est effrayante.

Enfin arrivés, nous retournons à la Toulasith Guesthouse : nos sacs sont toujours derrière l’accueil, à croire qu’ils n’ont pas bougés en 2 jours. Nous prenons avec bonheur une bonne douche, bien méritée après ces 2 jours. Finalement, nous décidons de sortir déjeuner (car le riz gluant de la grand-mère est fort loin), tombons sur Doria, l’attendons pendant qu’elle change de l’argent. A un moment, un minibus s’arrête, et nos deux allemands en descendent : finalement, nous avons eu plus de chance qu’eux, car eux ont dû se partager un siège …

Nous déjeunerons avec tout ce monde, repartirons dans notre chambre sous le prétexte de réfléchir à la suite de notre voyage, intention qui s’est transformée en sieste bien méritée. Finalement, ressortant pour aller boire un verre (mais avec notre guide, hein, pour bosser), nous tombons sur Marc et Juliane, qui ont décidé de prendre le bus tôt le matin, en direction de Pak Mong, puis de poursuivre jusqu’à Nong Khiaw. Notre idée initiale était d’aller jusqu’à Udom Xai, et puis de continuer jusqu’à Nong Khiaw (dans le Routard, ils disent que le panorama est superbe, et conseillent la descente de Nong Khiaw jusqu’à Luang Pranbang sur la rivière Nam Ou, beaucoup plus belle et plus intéressante que la descente du Mékong). Pak Mong nous rapproche un peu plus, et de là nous devrions pouvoir facilement nous rendre à Nong Khiaw, nous choisissons alors de les suivre. Départ demain 9h (alors que nous rêvions de grasse matinée …). Nous partons manger une dernière fois au marché de nuit.

Le lendemain, mardi 21 décembre, nous arrivons à la gare dans les derniers, la faute au tuk-tuk collectif. Les places réservées, évidemment, il ne faut pas y compter. Nous nous retrouvons tous les deux sur la banquette arrière, très étroite : combien de personnes vont-ils caser sur cette banquette ? Et bien, nous avons une chance rare, il n’y aura que nous deux pendant tout le trajet, de 7 heures. Long le trajet, chaud … Nous nous arrêtons pour manger à la gare routière d’Udom Xai, suivons encore Marc et Juliane (on va les coller suivre pendant longtemps) dans un boui-boui où, perso, nous n’aurions pas mis un pied et repartons.

Arrivés à Pak Mong, nous descendons du bus car nous sommes arrivés. Problème, il n’y a rien, pas de bus, un semblant de gare. Nous sommes à la merci des tuk-tuks. Un chauffeur fait le plein des 10 touristes désoeuvrés descendus ici, et nous réclame 20000 par personne. Connaissant un peu les prix du Laos, nous savons que c’est correct, mais des français se plaignent et trouvent ça trop cher. Ils monteront en râlant. Le trajet dure au moins 1 heure, et semble superbe, mais avec le toit du tuk-tuk, on ne peut pas dire qu’on voit grand chose, c’est dommage.

Avec le recul, je peux dire maintenant qu’il vaut mieux prendre un bus jusqu’à Udom Xai et changer pour Nong Khiaw à ce moment-là : ça revient au final moins cher que la solution bâtarde vendue par les agences.

Lorsque nous arrivons à Nong Khiaw, il est presque 18 heures : il faut se dépêcher de trouver une chambre avant la nuit. Je pars avec Marc et Juliane, laissant François avec tous les sacs au coin d’une rue, juste avant un pont. Je le retrouverai miraculeusement dans un bar, devant une bière (mais avec tous les sacs).

La vue depuis le pont est superbe, avec la rivière Nam Ou en contrebas, et l’endroit paraît charmant. Nous déchanterons vite en voyant qu’à Nong Khiaw, la spécialité, ce sont les bungalows en osier pitoyables, avec ou sans vue sur la rivière, et loués à un prix déraisonnable. Heureusement, Marc et Juliane sont de fins négociateurs, et réussissent à marchander le prix d’un bungalow (un des rares corrects) de 150 à 120 000 kips, contre la promesse de manger là : après des mois de voyage, nous sommes toujours aussi nuls en négociation, c’est sans espoir. Nous sommes logés, plus qu’à espérer que l’endroit ne fourmille pas de bestioles diverses.

Quand je retrouve François, il fait nuit noire : il a raté la vue sur le fleuve, et nous devons faire le trajet avec les sacs sur un mauvais chemin de terre en pente. Nous retrouvons ensuite Marc et Juliane au resto, qui est plutôt bon (c’est sûr, on remangera là pour les autres repas). Le propriétaire parle un bon français, mais ni lui et ni sa famille ne sont très sympathiques.

Nous pensions que la nuit allait être calme dès 10 heures : c’est raté, il y a un bar avec terrasse pas loin. Nous comptions aussi faire une grasse matinée : totalement raté aussi, les montagnes autour du fleuve font caisse de résonnance, et le moindre bruit devient gênant. Par exemple, le constructeur de bateau sur la barge d’en face, qui ponce et martèle. Dès 7 heures du matin. Il n’y a pas plus grande frustation qu’être réveillé à l’aube dans un endroit paisible qui promettait beaucoup.

Nous passerons une journée tranquille, dans cet endroit paisible, dans un resto indien avec du wifi. Pas grand chose de plus à dire. La vue depuis le pont est vraiment superbe, mais c’est bien le seul charme de la ville, qui par ailleurs ne contient que des guesthouses et des restaurants, au moins de notre côté. L’autre côté du fleuve est un peu plus authentique, mais par forcément plus intéressant.

Marc et Juliane, qui ont fait le tour des environs à vélo, disent que c’est joli, mais qu’ils ont tout vu et souhaitent partir le lendemain, surtout qu’eux aussi sont frustrés de ne pas avoir pu dormir. Ouh là là, ça se voit qu’ils n’ont que 3 mois de voyage derrière eux. Comme on est collants, on décide de les suivre. L’idée est de faire la remontée de la croisière Nam Ou jusqu’à Luang Prabang, notre nouvelle destination. Dans le Routard, ils précisent que c’est cher, car il faut prendre un bateau privé (pas de navettes) : dans ces conditions, être à plusieurs permet de partager le coût de la location. Evidemment, le Routard, pourtant édition 2010/2011 et donc à jour (ah ah ah) ne l’est pas, et les laotiens ont vite compris l’intérêt de mettre un bateau quotidien. Marc et Juliane réservent les places, et nous réservent même une chambre d’hôtel à Luang Prabang. C’est si bon de se laisser porter …

Rendez-vous donc le lendemain (11h) pour prendre le bateau. En attendant, nous passons tranquillement la journée dans cet endroit calme sauf quand on veut dormir.

Voilà, je m’arrête ici pour cette fois. Le Laos nous plaît bien : les paysages sont très beaux, c’est très paisible. Les gens ne nous harcèlent pas que nous achetions des choses, réservions une randonnée, montions dans un tuk-tuk. Par contre, ils sont moins souriants et avenants que nous l’avions lu, cela sera peut-être différent au sud.

Pour savoir comment s’est passée la croisière sur, sans aucun doute, un vieux rafiot dangereux, il faudra attendre … je ne sais pas comment je vais combler le retard narratif, surtout au bord de la mer ou de la piscine. Arg, encore une révélation !

Bises à tous, et à bientôt.

Eva et François