Mardi 3 janvier 2012 23h32 Ca mouille à Paris Bonne année
Don Khone

Laos : Pakse, plateau des Bolovens et Don Khone du 6 au 12 janvier

Bonjour à tous et Bonne année 2012 !!

Ce billet termine notre temps passé au Laos. Plus qu’un pays après ça. Au train où vont les choses, nous terminerons le récit pour le dizième anniversaire de notre retour :-)

Le dernier billet finissait sur le long et difficile trajet entre Savannakhet et Pakse. Nous sommes sortis du bus fourbus, avec nos nouveaux camarades baroudeurs, prêts à sauter dans le premier tuk-tuk pour rejoindre la Sabaidi 2 guesthouse, chaudement recommandée dans le Lonely, mais qui, selon nos deux baroudeurs, est toujours pleine. Qu’à cela ne tienne, nous allons tenter notre chance … fort mal accueillis, nous apprenons qu’il n’y a évidemment plus de places, et qu’il nous faut essayer ailleurs. Assez sympathiquement (en contradiction avec leur mauvais accueil) ils nous donnent un plan avec une liste d’autres hôtels. On n’est pas (trop) stressés (les deux baroudeurs non plus), et, armés du plan, nous allons dans le premier hôtel de la liste, l’hôtel Thaluang, qui a 2 chambres libres très correctes et pas trop chères. On prend ! Nous apprendrons par la suite que, dans cette ville, les hôtels se remplissent vite, et qu’y arriver trop tard, c’est galérer pour trouver une chambre. : l’effet ville-étape.

Bien logés, après un déjeuner tardif dans le resto conseillé par nos deux routards («on y mange à chaque fois qu’on vient à Pakse, c’est très bon ») (on confirme, on va essayer pas mal de leurs spécialités, bobun pour moi, sandwich fromage ou poulet suivant l’humeur du moment pour François, rien que du laotien quoi), nous nous attelons à la tâche d’organiser notre séjour dans le plateau des Bolovens, avec un départ prévu le lendemain.

Ah le plateau des Bolovens … chaudement recommandé par le Guide du Routard, dans les coups de cœur, c’est paraît-il un endroit à ne pas manquer, entre les terres très fertiles, les plantations de thé et de café, et les superbes cascades. Rien que la description nous met l’eau à la bouche.

Nous partons tôt le matin chercher notre nouvel ami, Scotty VIII, alias le Cascadeur. Nos bagages sont restés à l’hôtel : après avoir envisagé de changer d’hôtel pour la prochaine nuit à Pakse, nous nous sommes décidés à rester ici, car, en plus d’avoir des chambres très correctes, des oiseaux en cage partout (et même un écureuil) (je sais, c’est mal), l’accueil est très bien. L’hôtel est tenu par un franco-laotien, qui vit à Paris 6 mois, et le reste de l’année à Pakse, car en période touristique ça paie bien. Sans qu’on lui demande quoi que ce soit, il nous explique toute la boucle à faire en scooter, que franchement 2 jours c’est trop court il faut au moins 3 jours, les cascades à ne pas manquer, où dormir, et «au km 21 arrêtez-vous chez les marchands de fruits […] au km 38 à la cascade Tad Fan […] dormez à Tad Lo […] Attention, la route est goudronnée, sauf cette partie-là, c’est encore de la piste, et au-delà d’une certaine heure c’est dangereux ! » et nous note tout sur un plan.

En selle sur Scotty VIII, alias le Cascadeur, nous commençons le long trajet. Premier objectif, faire de l’essence, car évidemment le réservoir du scooter est quasi vide : moment toujours un peu stressant. Ensuite, on commence le périple en suivant les indications de la carte. Il fait beau et chaud (sauf sur le scooter, il fait froid), et l’air sent mauvais bizarre. Nous ferons au bout d’un moment le lien entre l’odeur acide et les tas de petites graines noires posées sur des bâches le long de la route : c’est du café (nous, ça nous a rappelé les vestiges des lamas). En attendant, le paysage est joli, mais n’a rien à voir avec ce que j’imaginais suite à la description du routard : il est beaucoup plus sec et n’a rien de tropical.

On arrive à la première cascade : Tad Fan. C’est très joli sous le soleil, et très haut (beaucoup de marches).

Nous repartons, la route et les paysages… ne varient pas beaucoup. Des heures de route, sans rien de notable. Adieu images de paysages superbes traversés en scooter ! Pas de photo du coup. On finit par s’arrêter pour déjeuner dans un marché à Paksong, n’ayant rien vu de transcendant sur la route. Soupe pour moi, avec bouts de viande indéterminée et à moitié cuite dedans, riz gluant, juste du riz gluant pour François. Ce garçon n’est pas vraiment un aventurier culinaire. N’empêche, il doit avoir raison, j’ai beau laisser la viande sur le côté, le bouillon a quand même un sale goût. Le tout est servi par une grand-mère perplexe de voir des touristes, au milieu des mouches perplexes de voir des touristes.

De retour sur notre scooter, nous zappons les autres cascades, et reprenons la route directement jusqu’à Tad Lo, histoire de trouver un coin sympa pour dormir le soir. Une ou deux guesthouses sont d’un côté de la rivière, le reste du village de l’autre, réunis par un pont en métal : sur le pont, 2 planches en bois pas très larges partent en ligne droite sur toute la longueur du pont, certainement le chemin à suivre pour les roues des voitures. Euh, que se passe-t-il que si on roule à côté des planches ? On casse le pont et on passe à travers ? Gloups. François, toujours au volant (je me demande bien pourquoi je précise), réussit à peu près à suivre le tracé.

Première étape : trouver un hôtel. D’abord, on s’arrête discuter avec la québécoise qu’on n’arrête pas de croiser depuis la Thaïlande (lors de notre aventure à dos d’éléphant), puis pour discuter avec 2 français précédemment rencontrés dans un bus. Nous voulons nous faire plaisir et allons au Tad Lo Resort (l’hôtel du luxe du coin).

Après avoir admiré les deux éléphants présents (admiré, c’est un bien grand mot, c’est très banal pour nous un éléphant), nous nous renseignons sur les chambres. Le tarif nous fait reculer, mais comme ils ont un resto qui a l’air sympa (et classe), nous reviendrons pour le resto. On essaie tous les hôtels routard du coin, rien de terrible. En désespoir de cause, on trouve une chambre (chère) au Saisee Lodge, plus grande que notre appart à Paris (mais certainement moins sympa que celle du Tad Lo Resort).

Le choix fait, nous partons visiter les environs. Joli.

Nous décidons de retourner au Tad Lo Resort pour dîner.

Petit interlude : vous vous souvenez que notre compagnon de route, Scotty VIII, est surnommé le Cascadeur ? Fougueux, il nous a montré tout son caractère sur le chemin du Tad Lo. Sur le trajet, une portion de route était en pente (sur une petite centaine de mètres environ). Nous montions la pente, restant sur le côté droit de la route, surveillant du coin de l’œil le troupeau de vaches qui montaient et que nous devions dépasser (on ne sait jamais avec les vaches), une voiture descendait de l’autre côté. Tout à coup, un camion apparut en haut, et commença à doubler la voiture par la gauche, c’est-à-dire en se plaçant sur NOTRE file. Moment intense, pendant lequel François a commencé à freiner, ne sachant pas trop si le camion nous avait vus. Un scooter fougueux, deux passagers, une pente, une vitesse réduite, et un freinage : toutes les conditions sont réunies pour ce qu’on appelle en jargon de cascadeur un “wheeling”, c’est-à-dire un basculement du scooter sur sa roue arrière. Rappel : je suis sur la roue arrière. Je n’ai même pas le temps de hurler, me sentant décoller j’ai compensé en me balançant en avant, sage réflexe qui permet au scooter de rebasculer et de retrouver sa position normale sur ses deux roues.

François a arrêté immédiatement le scooter sur le bas-côté, j’en suis descendue presque instantanément. Sur le moment, ça nous a fait rire. Curieusement, les chauffeurs du camion qui nous a doublés à ce moment-là étaient eux-aussi morts de rire. Ensuite, j’ai engueulé François (sale chauffard dangereux). Et j’ai fini le trajet à pied (la pente seulement, je suis remontée sur Scotty VIII, alias le Cascadeur-qui-ne-m’aime-pas, dès que nous avons dépassé le sommet).

Et en plus, le resto ne valait clairement pas les risques encourus. Après un apéro horrible (pour une fois, je décide de prendre de l’alcool et goûte du lao lao - infâme), entre le service lent et la mauvaise viande, nous rentrons déçus.

Heureusement que la chambre est pas mal : je me réveille malade. Manifestement, la soupe du marché a frappé, je suis nauséuse et fiévreuse. On ne se pose plus la question de savoir si on reste un jour de plus ou non, on décide de rentrer à Pakse. Difficile de subir 80 km sur un scooter fougueux lorsqu’on est malade : François s’arrête tous les 10 km pour que je me repose. Nous appréhendons surtout la partie de la route qui est encore une piste : coup de chance (et modernisation galopante du Laos), tout a été goudronné.

Finalement arrivés, nous retrouvons notre chambre, je me précipite sur le lit. S’ensuivront 2 jours de diète à comater devant Tv5Monde, pendant que François sort un peu (au moins pour se nourrir de sandwich au poulet - manifestement il est méfiant devant la nourriture laotienne), et visite un peu la ville.

Suite à ça, je décide de ne plus jamais manger de viande de ma vie (c’est-à-dire, au moins jusqu’au retour). François est écœuré lui aussi et décide de faire pareil (trop de sandwich poulet ?).

Départ tôt le lundi 10 janvier, en direction des 4000 îles. Encore une fois encensées dans le Routard, ce sont des petits îlots entourés par le Mékong. Trois îles sont assez importantes pour sortir du lot : Don Khône, Don Det et Don Khong. Pour ceux qui n’auraient pas deviné, Don veut dire île en laotien.

Nous avons longuement hésité avant de choisir notre destination, entre les 3 îles ou les zapper et quitter le Laos, d’autant que notre visa expire 4 jours après et qu’il nous reste tout le Cambodge avant de commencer à revenir. Après réflexion, nous décidons de nous fixer sur l’île de Don Khône : on va rester 2 jours sur place, et éventuellement passer une nuit sur l’île voisine de Don Det.

Pour aller à Don Khône (ou sur une autre île), il faut partir tôt, prendre un bus qui nous mène au quai où il faut prendre un bateau. Cette fois-ci, nous évitons les transports locaux, et réservons à l’hôtel (le luxe). Le trajet se passe bien, nous montons dans un bateau une fragile barque. Les paysages sont très beaux et promettent de bons moments.

Nous accostons sur l’île, dans l’unique village. A peine un pied posé à terre, je laisse François avec un tas de bagages sur le quai, et pars à la recherche d’une chambre. Le village consiste en une rue principale, enfin quand je dis rue … un sentier ensablé un peu large, sur lequel il n’y a que des vélos et des piétons. C’est difficile de se perdre dans ces conditions. Je trouve une chambre propre et quasi neuve dans une guesthouse correcte, mais pas dans les chambres sur pilotis au pied du mékong (quand j’ai le choix entre l’eau chaude et un coucher du soleil sur le Mékong vu de son lit, je n’hésite que très rarement : c’est très surfait les couchers de soleil). Je retrouve François devant une bière (mais comment a-t-il fait pour déplacer tout seul tous ces bagages ???!!!).

Bien installés, nous en profitons pour déjeuner et nous reposer sieste - lecture sur un hamac à l’extérieur. C’est sur notre lit avec une boisson gazeuse que j’ai subi l’Agression. Je lisais, quand mon regard a été attiré par un mouvement vert sur mon épaule : j’ai sursauté de frayeur, puis hurlé en voyant le Monstre, et ai fait un mouvement brusque pour chasser la Bête (renversant mon boisson gazeuse sur le lit). Au final, François a attrappé et jeté dehors une énorme mante religieuse ! Mais énorme ! et qui est venue sur moi, évidemment ! Comme il est gentil avec les mantes religieuses, il l’a posée sur un arbre dehors, et a souri d’un air rassurant au propriétaire de la guesthouse qui avait l’air inquiet (j’ai le hurlement perçant, semble-t-il). Après cette Agression, on a dû rincer les draps (le coca, ça tâche), tout en nous inquiétant pour le matelas (même remarque). Avant de rendre la chambre, on a retourné le matelas pour masquer la tâche : je sais, c’est pas bien, et en plus d’autres avaient eu l’idée avant nous !

Finalement, nous avons passé 2 jours sur Don Khône, suffisants pour nous reposer, aller visiter Don Det, nous rebeller contre l’arnaque du péage entre les 2 îles, qu’on a réussi à ne pas payer, et faire un peu de vélo. Fatigués du Laos, nous avons décidé de rejoindre le Cambodge avec un jour d’avance.

Ceci termine le récit de notre petit mois passé au Laos. Nous aurons vécu de bons moments, d’autres moins sympas, apprécié (et parfois détesté) le rythme tranquille. Un pays à découvrir, c’est sûr.

Le prochain billet portera sur le Cambodge, et sera entièrement rédigé depuis notre nouveau canapé dans notre nouvel appartement : si vous voulez savoir comment rendre un khmer tout rouge, il va falloir attendre jusque là (jeu de mots : copyright François).

A très bientôt

Eva et François