Vendredi 27 Juin 23h26 Chaud et froid Bravo les Bleus !
Lima

Dernier chapitre des aventures d’Annie au Pérou, nous vous invitons à relire le premier chapitre et le second.

Dans notre dernier billet, nous étions sur le point de partir de Cuzco, direction Puno, au bord du Lac Titicaca. Le bus était prévu à 22h15, avec la compagnie Terra Lines. Nous y étions en avance, ayant prévu le temps pour enregistrer les bagages. Première surprise : le terminal de Cuzco, le soir, n’a plus grand chose à voir avec les terminaux que nous avions vus jusqu’ici. Bondé de péruviens surchargés de bagages, assis sur des tissus par terre, mâchant de la coca, c’est un peu ce que nous avions connu en Inde, la coca en plus, mais pour Annie c’est une vraie découverte. Les mesures de sécurité sont donc : ne pas lâcher un sac, ne pas se laisser distraire, le petit sac à dos contenant nos objets de valeur sur la poitrine. Le fait que tous les péruviens emportent des couvertures pour voyager de nuit m’inquiète un peu, car nous n’en avons pas, la compagnie en aura-t-elle prévue ?

On se précipite au stand Terra Lines, histoire de faire enregistrer nos bagages, et de pouvoir ensuite déambuler tranquillement en attendant l’heure de départ du bus. Le problème, c’est qu’ils avaient un bus partant avant à 22h pour Juliaca (c’est pas très loin de Puno), et que priorité était donnée aux passagers pour cette destination. L’agente de Terra Lines nous a donc récupéré notre billet (un petit bout de papier vert), nous a demandé d’amener les bagages, et … ben plus rien. Elle nous dit de revenir à 22h, pas avant. Du coup, on a commencé à devenir méfiants, plus de preuves d’achat de places, plus de billets, nos bagages stockés derrière le comptoir, elle ne veut pas nous donner de billets pour les bagages (d’habitude, on a un petit numéro, correspondant à celui accroché derrière les bagages, pour éviter les vols). …

On refait la queue, sous les cris “Juliaca Juliaca”. Pour me faciliter l’accès au comptoir, je rebascule mon sac à dos sur le dos (avec le bruit, je n’entendais rien, autant me rapprocher), tout en maintenant fermement mon sac à main. Je demande à la guichetière ce qui se passe, où sont nos billets. François, à côté de moi, s’énerve un peu, on finit pas réclamer nos billets. La guichetière nous répète de revenir à 22h, mais là, on ne veut pas l’écouter. Elle me demande d’attendre, parle à un type en nous montrant du doigt, et puis rien. A ce moment-là, François, alias Le Guetteur, s’aperçoit que mon sac à dos est un peu ouvert, un type juste derrière moi ayant curieusement les doigts juste au-dessus de la fermeture. Sous le regard peu amène de François (un seul geste vers mon sac, il était prêt à en découdre), le type abandonne sa place dans la queue, suivi par sa compagne. Comme François ne les lâche pas des yeux, ils finissent au bout de quelques minutes par sortir du terminal. Les gènes …

Cet épisode nous met un peu plus sur les nerfs. La guichetière finit par nous rendre notre premier billet, toute amabilité disparue, en disant que les billets définitifs seront prêts à 22h. Pourquoi des billets définitifs ?

On retrouve Annie, qu’on avait laissée assise sur une des rares places libres, le coeur au bord des lèvres parce que la femme d’à côté mâche de la coca. Mais bon, elle est assise, pas très loin du comptoir de Terra Lines, afin de surveiller nos bagages (qui ne bougent pas), alors elle supporte.

21h58, on se remet dans la queue. Là, la guichetière nous donne enfin nos billets, et nous donne le numéro de la voie. Et nos bagages (qui n’ont pas bougé d’un pouce derrière le comptoir) ? Il faut les reprendre, et se dépêcher d’aller à la voie, plus que 12mn ! Le temps de faire la queue et payer la taxe d’embarquement (tous les terminaux péruviens fonctionnent ainsi), on arrive juste à temps devant le car, qui est curieusement pas du tout un car Terra Lines, mais Libertad … Vérification faite, on est dans le bon car, on trouve nos places. Pas de coussin ni de couverture, j’espère qu’ils comptent bien chauffer (on passe quans même à plus de 4000m).

Avant de partir, un message nous donne les précautions d’usage et nous dit de ne pas lâcher notre bagage à mains. On est filmé, une dame passe et me dit de faire attention à mon sac à dos, du coup merci madame, je ne vais pas dormir de la nuit tellement je stresse. J’en profite pour demander à quelle heure on arrive à Puno, 7h du mat, au moins ce ne sera pas à l’aube cette fois-ci.

A 22h10, ils lancent un film (écran pourri), 2012, ça ne sera que la 3ème fois qu’on le voit (1ère pour Annie, mais il est très peu probable que ça lui plaise). Seulement, comme les péruviens derrière nous veulent dormir, ils demandent à l’hôtesse de couper le film, et d’éteindre les lumières, demande qu’ils vont prendre au pied de la lettre car ils coupent toute l’électricité de notre étage. Même les lupiotes en haut. Dommage, on avait prévu le pique-nique, alors on allume les lampes frontales et on se partage pain, mortadelle et fromage à la lueur de la lampe.

Le voyage, je vous le fais court : évidemment, on n’a pas très bien dormi, on a eu mal au coeur à cause de la route, on a eu très froid, pour découvrir qu’avec les secousses 2 fenêtres s’étaient ouvertes. Les péruviens, bien au chaud sous leurs couvertures, peuvent ronfler tranquillement. Ensuite on a eu chaud. Puis quand on dormait bien ils ont rallumé toutes les lumières, genre à 4h du matin, car on est arrivé à Juliaca, et ils ont laissé les lumières allumées pendant une demi-heure, le temps qu’ils fassent les 3 arrêts à Juliaca. Ensuite, on s’est rendormi profondément, jusqu’à 5h30, heure à laquelle ils ont rallumé les lumières et mis la musique à fond. Enfin, quand je dis musique, c’est très exagéré, il s’agit de ça … Enervée, je me lève, leur dire de baisser. Personne ne veut m’ouvrir, personne ne me répond. Finalement, un type dehors me dit qu’on est arrivé à Puno. Avec plus d’une heure d’avance ??? Ben oui.

On descend donc du car, fatigués et un rien énervés, ce qui explique qu’on ne profite pas vraiment du lever du soleil sur le Lac tout proche. On trouve un taxi assez rapidement, qui nous conduit à l’hôtel que nous avions choisi sur les conseils excellents de voyageforum.com : l’hotel Cricarlet. D’après ce qui était raconté sur le forum, le propriétaire accueille les gens à bras ouverts même s’ils arrivent à 5h du matin. On peut le confirmer.

Les touristes viennent à Puno pour le Lac Titicaca, et pour faire un tour sur les îles sur le Lac, voir dormir sur les plus importantes d’entre elles. Les îles côté péruviens sont les îles Uros (artificielles faites entièrement en roseaux et à la main), l’île Taquile et l’île Amantani. On peut au choix prendre un tour pour visiter Uros et Taquile, ou décider de visiter Amantani et de dormir chez l’habitant. Disposant de peu de temps, nous nous sommes décidés pour le tour Uros+Taquile pour le lendemain.

On profite de la journée du dimanche pour passer un peu de temps à Puno (3800m), on est un peu essouflé à cause de l’altitude mais sinon on supporte plutôt bien. On a l’occasion de voir un défilé sur la Place d’Armes, on fait un peu de shopping, on tente une incursion dans un petit village à côté, car il y avait une fête, mais on arrive trop tard, la fête est finie. L’occasion pour Annie de prendre son second collectivo avec la population locale. On a froid aussi. Les péruviens semblent ne jamais chauffer les maisons ni les hôtels, et préfèrent multiplier les couvertures. On en était à 2 couvertures plus la couette à Cuzco, on arrive à 5 à Puno (et j’aurai froid malgré tout).

Le lendemain, debout à l’aube, car il faut être prêt à 7h30. Quand on vous dit que ce ne sont pas des vacances ! Le patron du Cricarlet vient toquer pour nous prévenir que le petit déj est prêt (toujours très prévenant), et nous sommes prêts pour l’excursion. Beaucoup de personnes pour le tour, des australiens, des hollandais, 2 italiens, des argentins … nous sommes les seuls français.

Tous les avis sont unanimes pour ces tours, que ce soit Uros-Taquile ou Amantani : c’est très touristique, c’est du spectacle, les rapports avec les habitants sont de toute façon faussés car vous n’êtes qu’une source de revenus à presser au maximum. C’est surtout pour nous l’occasion de faire un tour de bateau sur ce lac mythique et unique au monde.

Au bout d’une petite demi-heure, on arrive aux îles Uros. La façon dont ils ont tout construit, leurs îles, leurs bateaux, … en roseau est vraiment étonnante et impressionnante. Pour l’histoire de l’île et de ses habitants, je vous invite à consulter cette page. Sur l’île où nous accostons vit une seule famille, avec le président, sa mère, sa femme et ses enfants. Assis en demi-cercle au centre de l’île, nous avons droit à toute l’explication sur le mode de vie des habitants, leurs habits, ce qu’ils mangent, comment ils font sécher certains aliments (qu’on se passe de mains en mains), comment ils sont très pauvres car ils ne peuvent faire ni élevage ni cueillette, seulement de la chasse et de la pêche, et encore que leur territoire de pêche se réduit à cause des gros bateaux de Puno, comment ils se marient, comment ils règlent les différents, qu’on peut les aider en achetant leur artisanat car ça leur fait une source de revenus, et que si on pouvait faire un tour de bateau (de roseau), pour 5 soles par personne, ce serait gentil car l’argent récolté profite à toute la communauté. Ensuite, on voit leur maison (une pièce) où vit la famille entière, avec son toit de roseau qui laisse passer la pluie (assez curieusement, les maisons des îles sur lesquelles les bateaux touristiques n’accostent pas ont un toit en tôle), et voici le moment de vous montrer notre artisanat, ça pourrait beaucoup nous aider si vous achetiez quelque chose, merci.

Du coup, on a tous fait le tour en bateau, 15 minutes sur une embarcation en roseau, c’est calme et sympa, et puis l’argent récolté profite à toute la communauté. Je l’ai déjà dit ? C’est sûrement parce qu’on nous l’a répété 20 fois. Encore qu’à mon avis, sur les îles non touristiques, ils ont des canaux à moteur.

Ensuite, on a quitté l’île, direction Taquile, à 2h30 de bateau. Heureusement que le Lac est calme, Annie est sujette au mal de mer. On a pu profiter du toit du bateau pour rester un peu au soleil.

Sitôt arrivés à Taquile, on commence l’ascension, on grimpe pas mal de marches et on prend des chemins escarpés pour atteindre notre destination : la salle de restaurant. Là, on a droit pendant quelques minutes à une nouvelle explication sur la vie des habitants, que seuls les hommes tricotent, que la moitié de l’île cultivent la terre pendant 3 ans pendant que l’autre fait de l’élevage, et qu’ensuite ils échangent (et donc ils se reposent 3 ans sur 6), que les femmes sont timides et que c’est pour ça qu’elles se couvrent la tête d’un grand châle, que les hommes portent le bonnet de ce côté quand ils sont célibataires et fiers de l’être ou de l’autre quand ils cherchent une femme. etc. Je ne vais pas tout vous raconter, c’est trop long.

Ensuite, le repas, soupe, truite du lac et maté de coca. Les poissons les plus courants du Lac sont la truite et le pejerrey, et comme la perche du Nil dans le Lac Victoria, y ont été introduits, évidemment pas au bénéfice des espèces existantes. On fait appel à notre sympathie et à notre générosité car ils ne sont pas très riches et on peut beaucoup les aider en donnant un petit pourboire pour la musique et la danse folklorique, ben nous on n’a pas aidé.

Comme on est courageux, on a accepté de continuer l’ascension pour arriver jusqu’au sommet de l’île, où nous attend le marché artisanal, et la descente avec beaucoup de marches irrégulières pour atteindre le bateau de l’autre côté de l’île. Le tout avec nos courbatures restantes du Machu Picchu. L’île est vraiment très belle, on n’a pas regretté la ballade. Les paysages nous ont donné envie de visiter les fameuses îles grecques, un jour (c’est d’ailleurs problématique : voyager donne envie de voyager encore, va falloir une seconde année et encore plein d’économies).

Le lendemain matin, bus très tôt le matin pour arriver à Arequipa, dernière ville du voyage d’Annie. Arequipa est connue pour le monastère de Santa Catalina, pour être à proximité du Canyon de Colca (second canyon le plus profond du monde, le plus grand est juste à côté, le Grand Canyon est ridicule à côté), être entourée de volcans toujours actifs (l’éruption du Misti pourrait détruire certains quartiers de la ville), et pour les enlèvements en faux taxis (entre autre). Après avoir lu le récit d’un enlèvement (4h masqués frappés fouillés), c’est donc stressés que nous sommes arrivés à Arequipa. Nous demandons à un policier en uniforme au terminal de nous indiquer où sont les taxis, il décide de nous accompagner jusque-là et note scrupuleusement le numéro du taxi que nous prenons. Ceci a de quoi rajouter à notre stress.

Le chauffeur est honnête (ou alors est forcé de l’être) et nous arrivons à bon port. Il attendra d’ailleurs devant la porte de l’hôtel que nous ayons une chambre et que nous montions les bagages avant de partir. Stressé sans doute que nous décidions de changer d’hôtel, disparaissions suite à un faux taxi, et qu’il en soit accusé.

La première après-midi nous sert à visiter un peu la ville, nous laissons les églises et monuments pour le lendemain. Malheureusement une nouvelle fois pris par le temps, nous ne pourrons pas aller visiter le Canyon de Colca (ni faire de photo de culture de pommes de terre en terrasse, désolée Maryline), nous ne pouvons rester que 2 nuits à Arequipa avant de prendre notre bus (le dernier pour Annie) en direction de Lima.

Arequipa est une jolie ville, entourée de toute part par les volcans, mais une brume la recouvre dès la matinée. Pollution ou phénomène normal, on ne sait pas. En tout cas, on retrouve enfin de la chaleur, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Le lendemain, visite du monument phare d’Arequipa : le monastère de Santa Catalina. Je vous laisse admirer les photos, vous trouverez toute l’histoire sur Wikipedia.

Comme on avait encore du temps, on a pu visiter le musée Santury. L’exposition est bien expliquée par la guide (quoiqu’au pas de course), mais très mal éclairée. A choisir, il vaut mieux visiter celui de Salta.

Le lendemain, ayant un bus dans la soirée, nous avons suivi les conseils du guide pour visiter le quartier de Yanahuara, qui offre un beau point de vue sur la ville. Malheureusement, le point de vue étant en travaux, on a juste pu deviner ce qu’on aurait dû voir.

Finalement, on prend notre dernier taxi d’Arequipa pour nous rendre au terminal. Le taxi était appelé par l’hôtel, ce qui le rend un plus sûr. On avait demandé à être déposés dans le terminal, ce qui coûte plus cher car le taxi doit payer l’entrée. Au début, tout va bien. On est presque arrivé à la gare qu’il se rappelle à ce moment-là qu’il doit nous déposer dans, pas devant. C’est sur un rond-point que le souvenir lui revient. Alors, il pile et commence à faire marche arrière (heureusement les autres avaient un feu rouge). Manque de chance, il s’est fait surprendre par un policier. Du coup, arrêt du véhicule, papiers, tout ça. On n’était pas en avance, alors le stress a commencé à monter. Le chauffeur invente un mensonge au policier, qu’il avait eu un problème avec sa boîte de vitesse. Coup de chance, ça passe. Le taxi repart enfin, bien énervé (sa conduite s’en ressent), et commence à passer dans des ruelles sombres et étroites (stress …), manque de se prendre un voiture à droite qui pile à temps (juste sur le côté d’Annie), et nous dépose finalement dans le terminal, juste devant la compagnie de bus. On n’en menait pas large en descendant.

Après toutes ses émotions, on a apprécié de pouvoir se reposer dans le bus (avec couverture), et d’arriver le lendemain à Lima (toujours sous la brume), pas trop fatigués. Annie s’est même endormie d’entrée, et elle a raté le bingo, que j’ai gagné ! Le prix, c’était un trajet Lima-Arequipa, valable que pour moi, dommage on ne pourra jamais en profiter. Au moins, en Argentine, on pouvait gagner une bouteille de vin, là j’espérais du pisco.

Après une petite douche, Annie a profité de l’après-midi pour finir son shopping, et c’est le coeur gros que nous l’avons ramenée à l’aéroport, et attendu jusqu’à 21h qu’elle passe les contrôles, la douane et que son avion décolle (à 21h ils n’avaient commencé que l’embarquement, Air Europa semble toujours être en retard). Ceci termine les aventures d’Annie au Pérou, elle est partie ravie de son voyage, et fière d’avoir tenté l’aventure malgré les conseils peu encourageants de son entourage.

Je vois les commentaires venir : mais vous êtes en retard, on attend la suite, Annie est rentrée depuis le 11 juin on est le 27 etc, le billet est tellement long que j’ai failli m’endormir, j’ai mis 8 tétées et 3 remplissages de gamelle de chat pour le lire, etc. Sachez que nous lisons attentivement et avec toujours un très grand plaisir chaque commentaire, même si nous n’y répondons pas forcément.

(Très) Prochainement sur Loinloinloin : Eva et François verront-ils du soleil à Lima ? Ressortiront-ils indemnes des bus conduits par des fous du volants sur les routes de haute-montagne ? François arrivera-t-il à voir les matchs de la Coupe du Monde ? Seront-ils à Cuzco le 23 juin comme prévu ? Vous saurez tout ça dans le (très) prochain billet.

Merci de votre patience si vous êtes arrivés jusqu’ici et bises à tous.




Au fait, merci à l’équipe de France de nous avoir divertis pendant ses derniers jours. On a adoré le feuilleton !